« Quelle journée pour la France! »

Henry Alexander Ogden/Wikimedia
Laataille de Carillon le 8 juillet 1758 fut l’un des plus sanglants affrontements sur le sol nord-américain pendant la guerre de Sept Ans (1756-1763), et elle se solda par une victoire décisive des Français et des Canadiens sur la force anglo-américaine. Les combats eurent lieu à 200 kilomètres au sud de Montréal, au fort Carillon qui
protégeait la Nouvelle-France de la colonie britannique de New York. Ce bastion avait été bâti en 1755 au bord de la rivière La Chute qui relie les lacs Champlain et George au sud.

Le 5 juillet, James Abercrombie, major-général britannique de 52 ans, envoya plus de 15 000 soldats (dont 9 000 levés dans les colonies américaines), traverser le lac George. Ils embarquèrent sur un millier de péniches et autres petits bateaux, accompagnés de 30 pièces d’artillerie et mortiers. La flotte recouvrit presque entièrement le lac; c’était alors la force militaire la plus puissante jamais assemblée en Amérique du Nord. Le lende-main matin, une fois la traversée accomplie, la force marcha sur plusieurs kilomètres jusqu’aux abords du fort.

À ce moment-là, l’armée du général français Louis-Joseph de Montcalm s’élevait à environ 3 500 hommes, dont 275 miliciens canadiens. Montcalm, craignant un siège et une attaque imminente, décida de livrer combat à un petit kilomètre du fort, où les hauteurs lui seraient avantageuses, mais le risque gros.

Library of Congress/Wikimedia

Pour se préparer, les hommes de Montcalm construisirent un abattis de 500 mètres de long à l’aide d’arbres abattus, de souches, de bâtons pointus et de branches et arbustes entremêlés. Derrière cela, ils bâtirent un imposant épaulement en rondins et en terre qui servirait d’abri et de protection. Et pendant ce temps, Abercrombie resta les bras croisés.

Finalement, le 8 juillet, en milieu de journée, alors que son artillerie se trouvait encore au point de débarquement, Abercrombie ordonna un simple assaut frontal de quelques milliers de soldats réguliers et tint
les Américains en réserve. Il espérait que le nombre impressionnant de ses hommes suffirait à écraser les Français, mais l’attaque manquait de coordination et les fantassins britanniques n’avançaient pas en force unifiée. Les « tuniques rouges » britanniques se retrouvèrent vite prises au piège dans un dédale d’abattis. Il suffit alors aux Français de ravager les rangs sous des décharges de mousquets pour causer de lourdes pertes.

À la bataille de Carillon, en 1758 (en regard, en haut), le général français Louis-Joseph de Montcalm (en regard, en bas) commandait les troupes qui vaincurent les forces britanniques dont le nombre était supérieur et qui étaient commandées par le major général James Aberrcombie (ci-dessous) au fort avoisinant la
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Selon David Perry, milicien du Massachusetts, « un homme ne pouvait rester debout sans être touché ». En s’abritant, il put « entendre les hommes hurler et les voir périr tout autour » de lui.

Abercrombie resta dans son quar-tier général à presque deux kilomè-tres de là et, pendant la journée, il ordonna le lancement de cinq autres attaques semblables. Aucune ne porta fruit. Ses meilleurs soldats ayant été abattus, il donna l’ordre humiliant de se retirer vers l’extrémité sud du lac George, avec son armée « dont la vie tenait à des rames », dans les mots de l’historien Fred Anderson.

Allan Ramsay/Wikimedia

« Quelle journée pour la France! […] quelles troupes que les nôtres » écrivit par la suite à un ami Montcalm, qui avait commandé derrière ses fortifications. Presque 2 000 soldats britanniques furent tués ou blessés, dont 350 des colonies américaines. Les pertes françaises
se montèrent à 372 hommes.

Ambercrombie fut rappelé en Angleterre et ne se vit plus jamais confier de rôle de commandement sur le terrain. En 1759, les Français abandonnèrent le fort Carillon et prirent la route du nord.

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