Un seul, c’est encore trop

Les Forces armées canadiennes et Anciens combattants Canada ont annoncé en octobre leur stratégie commune de prévention du suicide. « Il s’agit d’une approche sans précédent », dit le ministre des Anciens combattants, Seamus O’Regan. La stratégie consiste à coordonner quelque 160 programmes et services des deux ministères visant la réduction du nombre de suicides. 

« Même un seul, c’est encore trop, dit le chef d’état-major de la défense, Jonathan Vance. Quand on parle de suicide, le seul chiffre acceptable, c’est zéro. »

Le but de la stratégie commune est de prévenir le suicide en renforçant la résilience en santé mentale et le soutien familial et communautaire, en fournissant des soins de santé mentale quand et où ils sont nécessaires et en appuyant les recherches afin de s’assurer que nous faisons tout ce qui est possible, le mieux possible.

Bon nombre de ces programmes et politiques étaient déjà en place, mais il y a quelques nouvelles initiatives : parmi elles, la création d’un groupe de travail biministériel chargé de faciliter le retour à la vie civile.

Autre nouveauté : Statistique Canada reliera les données des FAC à celles du programme de la Statistique de l’état civil du Canada pour déterminer le taux de suicide parmi tous les anciens combattants, y compris le demi-million ou plus d’entre eux qui ne relèvent pas des FAC ni d’ACC.

Selon une étude réalisée en 2011 par Statistique Canada concernant 112 225 vétérans enrôlés depuis 1972 et libérés avant fin 2006, le taux de suicide était de 46 % plus élevé chez les anciens combattants que chez les civils du même âge. Cependant, le taux de suicide dans l’ensemble de la population des anciens combattants, y compris les réservistes, reste inconnu, car on n’a jamais recoupé les données sur les anciens militaires qui ont mis fin à leurs jours après avoir quitté l’armée, et qui ne relevaient donc plus des FAC ni d’ACC.

Beaucoup d’entre eux ont quitté les forces armées bien avant la création des programmes de résilience en santé mentale, avant les campagnes contre la stigmatisation, avant les services de transition et avant le renforcement des services de soutien aux familles. Un grand nombre d’entre eux vivent dans des régions rurales ou éloignées où l’accès aux services de santé mentale, et a fortiori aux professionnels connaissant bien la culture militaire, est limité. Pour les anciens combattants de cette cohorte, il n’y a aucun moyen de savoir quels effets le service militaire a eus, ni si l’appui d’une personne qui connaît la culture militaire aurait pu apporter une protection supplémentaire à ceux qui ont décidé d’en finir. En l’absence de telles données, comment ces anciens combattants peuvent-ils bénéficier de stratégies de prévention et de traitement fondées sur les faits?

Un soutien est offert au demi-million d’anciens combattants ou plus qui ne sont pas actuellement clients d’ACC. Tous les anciens combattants, pas seulement ceux qui relèvent du ministère, peuvent appeler la ligne d’aide d’ACC au 800-268-7708 (ou au 800-567-5803 pour les personnes ayant une déficience auditive), afin de parler à un professionnel de la santé mentale. Tout ancien combattant a droit à 20 séances de consultation psychologique gratuites. Par ailleurs, le Fonds d’urgence pour les vétérans annoncé en 2017, doté de 4 millions de dollars, doit entrer en vigueur après le 1er avril 2018. Il facilitera l’accès rapide à une aide financière ponctuelle ou urgente en attendant des prestations de soutien à plus long terme.

Les responsables des FAC et d’ACC hésitent à fixer des objectifs quantitatifs pour la nouvelle stratégie de prévention du suicide, car ils admettent qu’il est difficile de savoir quand un suicide a été empêché ou si les mesures de prévention ont joué un rôle. Après tout, comme le disait le chef d’état-major de la défense, Jonathan Vance : en matière de suicide, le seul chiffre acceptable, c’est zéro, et nous devons tous œuvrer dans ce sens.

Search
Connect
Listen to the Podcast

Comments are closed.