UNE VIE DE SERVICE

Le prince Henry de Galles, surnommé Harry, donne une accolade à un membre de l’équipe de volleyball assis de Géorgie après lui avoir remis une médaille d’or aux jeux Invictus à Toronto, en septembre.
Stephen J. Thorne


Un esprit de courage à toute épreuve régnait aux jeux Invictus, où le nombre de médailles comptait moins que le nombre de participants.

Il n’y avait pas de drapeaux hissés aux jeux Invictus de 2017 à Toronto. Aucun hymne national n’a retenti pendant les cérémonies de remise de médailles.

Et malgré la compétition féroce parmi les militaires blessés ou malades et la ferveur de ceux et celles qui étaient venus les encou-rager, des proches et des amis, pour la plupart, la camaraderie et le soutien mutuel étaient le mot d’ordre des jeux.

Se rendre aux jeux, c’est un triomphe en soi. Comme l’a dit le prince Harry, fondateur des jeux, aux athlètes jeunes et moins jeunes : « L’importance de ces jeux, ce n’est pas de remporter des médailles d’or, d’argent ou de bronze. Ça ne l’a jamais été. Leur importance, c’est le chemin que votre famille et vous avez parcouru pour arriver jusqu’à la ligne de départ. »

À Toronto, cela était manifeste : on y a vu des concurrents attendre ceux et celles qui peinaient à finir la course, certains faisant même demi-tour pour encourager leurs camarades jusqu’au bout de la dernière étape de leur parcours épique du champ de bataille au champ de courses, sous les applaudissements et les encouragements des spectateurs, dont beaucoup étaient émus aux larmes.

« C’est le seul endroit où l’on applaudit autant les derniers », nous a dit la cocapitaine d’Équipe Canada, Natacha Dupuis.

Fadhil Razzaq de l’Iraq a remporté l’or au sprint IT3 de 200 mètres. Chaque catégorie de sport reflète un degré de blessure, de maladie ou de perte de fonction particulier.
Stephen J. Thorne

Cela s’est confirmé à la fin des épreuves de natation, quand un médaillé de bronze américain unijambiste poussait le fauteuil roulant du médaillé d’or britannique, tous deux hilares.

Cela s’est vu aussi sur le terrain de rugby en fauteuil, quand les prétendants à une médaille se sont donné de chaleureuses accolades après trente minutes de compétition féroce ponctuée par le fracas de l’acier contre l’acier, le bruit sourd des chutes sur le plancher et le rugissement d’attaquants aussi redoutables que déterminés.

Les prétendants à une médaille se sont donné de chaleureuses accolades après trente minutes de compétition féroce ponctuée par le fracas de l’acier contre l’acier.

Les 550 concurrents venus de 12 pays avaient tous en commun une blessure plus ou moins évidente : un membre manquant, des cicatrices irrégulières, un regard ou des tatouages qui en disent long. Ces blessures étaient la partie visible d’histoires plus héroïques, plus mouvementées et plus éprouvantes qu’on ne puisse l’imaginer.

Hélène Le Scelleur, de l’Équipe Canada, essaie d’attraper la balle lors d’une partie de rugby en fauteuil roulant contre l’Australie.

Plus qu’une compétition sportive, ces Jeux étaient un festival, une célébration de triomphes, de ceux et celles qui refusent d’abandonner – les concurrents bien sûr, mais aussi leurs proches – et un brillant exemple pour nous tous.

Les Jeux Invictus ont eu lieu à Londres en 2014, puis à Orlando en 2016 et auront lieu à Sydney, en Australie, en 2018. Ils parlent de ce que le prince Harry décrivait comme le devoir, le service et le sacrifice.

Ils redéfinissent le devoir, le service et le sacrifice à leur propre manière.

Par sens du devoir et du service, les participants ont fait d’immenses sacrifices en Iraq, en Afghanistan ou ailleurs, mais en se présentant aux Jeux Invictus, en endossant de nouveaux uniformes et en montrant au monde ce dont ils sont capables (et ce qu’ils ne peuvent plus faire), ils redéfinissent le devoir, le service et le sacrifice à leur propre manière.

« Le service, c’est pour la vie », a dit à plusieurs reprises le prince Harry, qui a lui-même été déployé deux fois en Afghanistan.

Mark Ormrod (à g.), ancien fusilier marin britannique, a obtenu quatre médailles, dont celle de bronze à l’épreuve de nage libre de 100 mètres ISA. Sa performance lui a valu le prix de performance exceptionnelle des jeux.
Stephen J. Thorne

C’est une compétition comme aucune autre. Il y a parmi ses vedettes Mark Ormrod, ancien de la Marine royale britannique et amputé de trois membres, qui a remporté quatre médailles, et l’Équipe Afghanistan, neuf anciens combattants qui ont passé des mois loin de leur famille pour s’entrainer en sécurité. Une fois tous les concours terminés, le prix de la performance, de la détermination et du dévouement exceptionnels a été décerné à Ormond. L’Équipe Afghanistan a obtenu le prix de l’esprit sportif et du dévouement.

Pour les autres, la reconnaissance était plus modeste, mais pas moins significative.

« Vous revenez de si loin. Vous êtes tous des gagnants. »

« Aussitôt que nous sommes descendus de l’autobus, nous avons été reçus de manière chaleureuse, avec de grands sourires et des acclamations », dit Melissa Smith, médaillée d’argent au tir à l’arc et ancienne infirmière qui souffre d’un trouble de stress posttraumatique depuis son affectation en Afghanistan, en 2010.

« C’était poignant. Cette sensation ne m’a pas quittée pendant tous les jeux. »

L’Équipe Afghanistan a été honorée pour son esprit sportif et son dévouement.
Stephen J. Thorne

Les proches et amis des athlètes ont reçu leurs propres uniformes et bénéficiaient d’un statut préférentiel à tous les niveaux en reconnaissance de leur rôle indispensable.

La soprano britannique Laura Wright leur a donné la sérénade (accompagnée par la Chorale des femmes de militaires canadiens), ainsi que Sarah McLachlan et Bryan Adams, deux icônes de la chanson canadienne, et le légendaire rockeur américain Bruce Springsteen. C’était la troisième fois que Wright allait aux jeux Invictus, et sa divine interprétation d’« Invincible », qu’elle a composée pour le lancement de 2014, était captivante.

Les jeux ont attiré nombre de célébrités. L’omniprésent prince Harry a fait sensation quand il est arrivé à un match de tennis en tenant par la main sa petite amie, Meghan Markle, actrice américaine qui réside à Toronto, parmi les rumeurs de fiançailles imminentes. Les Trudeau, Melania Trump, Barack Obama et
Joe Biden étaient aussi présents. Le comédien et acteur canadien Mike Myers était ambassadeur des jeux. La délégation de la Légion royale canadienne avait à sa tête le président de la Direction nationale, David Flannigan.

Des athlètes puisent dans leurs dernières réserves d’énergie pour atteindre la ligne d’arrivée du 100 mètres IT2 : (de g. à d.) William Reynolds, Luke Sinnott, Adam Popp et Scott Meenagh.
Stephen J. Thorne

Mais les vraies vedettes, c’étaient les athlètes – des modèles à suivre, a dit le prince Harry, « que tout parent espère voir ses enfants imiter ». C’était leur chance de se surpasser; pour un grand nombre d’entre eux, le point culminant d’une lutte titanesque, l’occasion de se redéfinir et de redéfinir leur vie.

« Vous revenez de si loin, leur a dit le prince Harry. Vous êtes tous des gagnants. »

 

 

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