Le 22e Bataillon et la Grande Guerre

Des officiers canadiens français du premier bataillon canadien francophone à être formé sous la conscription.
BAC/PA-022751

Le 22e Bataillon (canadien-français) fut autorisé le 7 novembre 1914 grâce à un don de 50 000 $ du Dr Arthur Mignault. C’était le premier bataillon francophone du Corps expéditionnaire canadien. Le bataillon, comptant 36 officiers et 1 097 hommes de troupe, partit pour l’Angleterre à bord du RMT Saxonia en mai 1915. Après avoir passé plusieurs mois à s’entrainer en Angleterre, il partit pour la France, en septembre 1915, où commença son long périple dans les tranchées.

La première grande offensive à laquelle le 22e Bataillon participa fut celle de Courcelette. À 6 h 20 le 15 septembre 1916, l’assaut de deux armées qui devait être mené sur 16 kilomètres fut lancé par sir Douglas Haig. La deuxième vague d’attaques était prévue pour 18 h. Commandés par le Lieutenant-Colonel Thomas-Louis Tremblay, les Van Doos (comme les appelaient affectueusement les anglophones selon leur prononciation de 22) reçurent la consigne vers 15 h 30 d’être prêts au combat à 18 h. Le bataillon rencontra tout de suite une forte opposition des Allemands. Il réussit quand même à atteindre son objectif assez rapidement, mais à cause des soldats allemands cachés dans le village, le nettoyage de ce dernier prit plusieurs jours. Au cours des trois jours et des nuits qui suivirent, le bataillon dut repousser 14 contrattaques, dont sept au cours de la première nuit. L’horrible bataille se termina le 18 septembre 1916 et, bien qu’elle se soit soldée par une victoire, le bataillon avait subi de terribles pertes : 207 victimes, dont la majorité de ses 22 officiers. Tremblay lui-même fut couvert de débris trois fois, mais par chance il en ressortit indemne. Le bataillon avait fait plus de 300 prisonniers allemands et les 22e, 25e et 26e bataillons ensemble en avaient fait plus d’un millier. Grâce à son succès à Courcelette, le 22e Bataillon se fit une réputation, et cette bataille resta son plus grand succès de la guerre.

Les combats avaient marqué les soldats. Tremblay lui-même déclara qu’il ne souhaitait pas de pareille bataille à son pire ennemi, la comparant à l’Enfer. Par surcroit, presque immédiatement après la bataille, Tremblay prit un congé médical en Angleterre à cause d’une affection préexistante. Son absence fut un coup terrible pour le bataillon. Sous le nouveau commandement du major Arthur-Édouard Dubuc, le moral du bataillon souffrait, l’indiscipline et les désertions se multipliaient. Tremblay revint en février 1917 et la confiance revint aussitôt au bataillon.

Il est incontestable que la bataille la plus importante de la guerre pour le Corps expéditionnaire canadien fut celle de Vimy, en France, en avril 1917. Le Corps canadien reçut l’ordre de saisir la crête de sept kilomètres. À 5 h 30, le 9 avril, l’attaque fut lancée par plus de 15 000 soldats canadiens. Le 22e Bataillon avait reçu l’ordre de suivre les attaquants pour nettoyer l’ennemi des points de résistance qu’ils auraient dépassés. Avec le 25e Bataillon, il fit près de 400 prisonniers allemands. Le jour de l’assaut, le bataillon subit 66 blessés et pendant les cinq jours qui suivirent, il en subit 54 autres. Même si le rôle joué par les Van Doos à Vimy était beaucoup plus modeste que celui qu’ils avaient joué à Courcelette, Tremblay était toujours très fier de ses hommes, car ils avaient bien servi leur pays et avaient aidé le CEC à atteindre tous les objectifs qui lui avaient été confiés.

Après Vimy, et jusqu’à la fin de la guerre, le 22e Bataillon continua de se montrer fidèle à la réputation qu’il s’était forgée à Courcelette en prenant part à plusieurs batailles, notamment à la côte 70, à Ypres et à Passchendaele. Quand la guerre prit fin, les pertes du régiment s’élevaient à 1 197 morts et 2 893 blessés. Le bataillon reçut 21 Honneurs de Bataille en tout pendant la guerre. Il fut dissous après la guerre, mais une nouvelle force permanente fut autorisée en 1920. Le titre de Royal fut ajouté au nom du régiment par le roi George V en 1921. La Croix de la crête de Vimy fut remise au Royal 22e Régiment en 1923, sise à côté de la chapelle de la Citadelle de Québec où il est en garnison, afin que sa contribution à la Première Guerre mondiale ne soit jamais oubliée.

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