Durant la troisième année d’un programme de sondage des soins de longue durée, ce témoignage d’un sondeur de la Légion dit tout :
Les oubliés
En tant que sondeur, durant ces deux dernières années, j’ai été très chanceux de pouvoir visiter nombre de nos précieux vétérans de la Seconde Guerre mondiale dans des établissements de soins de longue durée sur l’île de Vancouver. J’utilise le mot précieux, parce que ce mot sert à décrire quelque chose d’une grande valeur. Une des raisons pour lesquelles ils sont précieux en est qu’il nous en reste de moins en moins à honorer. Ces nobles guerriers d’antan terminent leur vie dans des institutions de soins à travers cette île et ils sont souvent “les oubliés”.
D’après ce que j’ai vu il existe plusieurs catégories d’oubliés. Ce sont des anciens combattants qui vivent dans ces institutions parce qu’ils ne peuvent plus vivre sans aide ou parce que leurs êtres chers ne peuvent plus s’occuper d’eux. Ce sont ceux qui sont assis dans leur chambre, dans leur fauteuil roulant, près de la porte d’entrée de leur maison, à attendre des visiteurs. Il y en a qui attendent en vain.
Il y a les anciens combattants qui sont dans les zones sécuritaires des établissements de soins. Ceux qui sont atteints de trouble cognitif sont logés dans une zone sécuritaire pour leur propre protection; cette zone sécuritaire est leur chez soi. On les voit, âgés de 80 ans ou plus, qui marchent le long des couloirs, certains avec un sourire permanent, d’autres les yeux dans le vague qui regardent tout droit; d’autres encore vous racontent des histoires détaillées de leur jeunesse, mais ils oublient que vous étiez là avant que vous ne quittiez l’établissement.
Ensuite il y a les conjoints, des oubliés aussi. Ils sont tout aussi précieux que leur mari ou femme, à qui ils ont envoyé la main quand ils montaient à bord des navires et des trains qui allaient les emporter à la guerre. Ce sont ceux qui ont vu leur meilleur ami devenir lentement frêle et avoir besoin d’assistance. Une assistance que le conjoint ne peut plus leur donner. Les conjoints vont souvent les voir. Ils se soucient de la condition de leur être cher; ils se tracassent à propos de leur nutrition, de leur médication, de leur confort. Ils regardent alors que leur meilleur ami dépérit lentement. Albert Schweitzer a dit une fois : “Le tragique de la vie […] c’est ce qui meurt dans une personne alors qu’elle est encore vivante.”
Des fois, c’est difficile de me préparer à aller visiter ces établissements; j’ai vu les oubliés et je sais à quoi m’attendre quand je vais les voir. Quand j’entre dans leur chambre, je vois des photos aux murs et sur les tables. Ces photos sont celles de jeunes hommes et femmes en uniforme, l’oeil rieur, pleins d’espoir, prêts à tout; un jeune marin à bord de son navire, un jeune soldat qui nettoie une arme, un jeune aviateur debout à côté d’un avion, une jeune fille en uniforme au volant d’un véhicule, ou une jeune infirmière prenant la température d’un soldat. Quand je vois l’isolement dans leurs yeux, la confusion dans leurs pensées, les pieds qui traînent, je n’ai qu’à regarder ces photos; les photos sont mon soutien, elles rapportent la vie, la jeunesse et la vigueur aux résidents de l’établissement que je suis en train de visiter. Pendant un petit moment, pour moi au moins, ce ne sont plus des oubliés.
Alors si vous connaissez un ancien combattant qui loge dans un établissement de soins de longue durée, montrez lui que vous savez que c’est quelqu’un de vraiment précieux. En tant que trésors vivants, ils ne devraient pas être mis au rancart. Comme des trésors, il faut qu’on puisse les voir, les entendre et les aimer. Allez les voir, écoutez-lez, parlez-leur, et montrez-leur que vous êtes vraiment intéressé. Vous ne serez peut-être récompensé que par un sourire, mais quel sourire!
J. E. Landry |
Sondeur des soins de longue durée
Nous vous rappelons qu’on a encore besoin de sondeurs de la Légion à Victoria, Vancouver, Edmonton, Grande Prairie (Alb.), Yorkton (Sask.), Kenora, Windsor, St. Thomas, Kitchener, Sarnia, London, St. Catharines, Mississauga et Toronto en Ontario, ainsi que Bathurst (N.-B.), Sydney (N.-É.) et Grand Falls (T.-N.). Les membres de la Légion intéressés qui désirent obtenir d’avantage de renseignements sont conviés à entrer en rapport avec le Bureau national des services.
Nouveau programme de placement
Comme on en a discuté auparavant, dans le cadre de la nouvelle Charte des anciens combattants, un programme de placement va être mis en oeuvre pour les vétérans des Forces canadiennes en vue de les aider à rentrer dans la main-d’oeuvre civile par l’entremise d’une formation de recherche d’emploi, d’amélioration des compétences, et d’assistance pour trouver un emploi. La Légion royale canadienne est en train d’étudier la possibilité de jouer un rôle dans le programme de placement où, parmi d’autres responsabilités, des bénévoles entraînés ayant accès à une base de données numérique fournie par l’entrepreneur pourraient assister les vétérans des Forces canadiennes à trouver un emploi adéquat grâce à un matériel de marketing et à d’autres ressources.
Du point de vue de la Légion, cela pourrait servir à établir un bon rapport avec les vétérans des Forces canadiennes, la source logique de nouveaux adhérents. Ce programme pourrait fonctionner selon un processus semblable au projet de sondage des soins de longue durée si réussi qui est mené par des bénévoles de la Légion. Si participer à un tel travail vous intéresse, veuillez prendre contact avec le directeur Pierre Allard du Bureau national des services au 613-235-4391 ou par courriel à pallard@legion.ca. Nous avons déjà reçu des avis d’intention de participer et acceptons les nouveaux bénévoles, y compris les membres d’autres organisations d’anciens combattants.
À votre service est écrit par des agents des services du Bureau national des services.