La bataille qui sauva le Canada

E.H. de Holmfield/Château Ramezay –
Musée et site historique de Montréal/MCG

Une force composée entièrement de Canadiens et de guerriers autochtones repoussa une attaque des Américains à Châteauguay en 1813

La bataille de Châteauguay ne fut qu’un petit combat de la guerre de 1812 qui se joua entre les États-Unis et la Grande-Bretagne à 45 kilomètres au sud-ouest de Montréal. Mais, il est possible que la survie même du Canada ait reposé sur son issue.

N’étant pas parvenus à occuper le Haut-Canada (l’Ontario d’aujourd’hui) en 1812, l’année suivante, les États-Unis tentèrent de couper la voie d’approvisionnement qui y menait en s’emparant de Montréal et en contrôlant le Saint-Laurent.

Une force d’invasion américaine venant de l’ouest se dirigea vers Montréal, tandis qu’une autre, commandée par le général Wade Hampton, se déploya du sud.

Comme les fortifications le long de la rivière Richelieu lui semblaient considérables, Hampton se dirigea d’abord vers l’ouest avant de longer la rivière Châteauguay vers le nord. Le 21 octobre, l’armée de Hampton constituée de 2 600 fantassins, 200 cavaliers et dix canons franchit la frontière du Bas-Canada (le Québec d’aujourd’hui).

Une force entièrement canadienne rassemblée hâtivement qui était formée de 1 500 réguliers, miliciens et volontaires, principalement originaires des collectivités francophones et anglophones de la région de Montréal, barra la route aux envahisseurs avec l’aide d’environ 150 guerriers mohawks. Cette force était commandée par le lieutenant-colonel Charles-Michel d’Irumberry de Salaberry, officier canadien-français de 34 ans aguerri et bien connu qui servait dans l’armée britannique depuis 20 ans.

Les Canadiens avaient dressé cinq barricades solides et bien situées qui s’étendaient sur environ trois kilomètres de la rive nord de la rivière Châteauguay. Ces épaulements, des abattis, étaient principalement constitués d’arbres coupés. Ils étaient érigés à des intersections de ravins le long de la voie accidentée que les Américains devaient emprunter. La première ligne de défense cruciale comprenait 100 hommes de l’unité de Salaberry, les Voltigeurs canadiens aguerris en uniforme gris, flanqués des détachements de Fencibles canadiens, de miliciens de Beauharnois, ainsi que d’environ 25 guerriers autochtones. Le corps s’élevait à 300 hommes.

 

BAC/e010958146

Pendant la nuit du 25 au 26 octobre, Hampton envoya quelques 1 000 hommes avancer sur un kilomètre et demi le long de la rive sud, à la recherche d’un gué derrière le premier abattis de la milice canadienne-française. Les hommes ainsi positionnés, il comptait pendant ce temps lancer une attaque contre cette même barricade et prendre son adversaire en tenaille.

La bataille commença le 26 octobre en fin de matinée, alors que la force américaine de la rive sud émergeait épuisée de l’épaisse forêt marécageuse. Elle affronta pendant plusieurs heures et de manière peu concluante les nombreux défenseurs canadiens que Salaberry avait dépêchés par prudence de l’autre côté de la rivière pour empêcher le passage.

Les Canadiens accusèrent lA perte de deux hommes, 16 blessés et quatre disparus.

Bien qu’ils aient vu leurs compatriotes se faire repousser, les membres du reste de la force américaine du côté nord avancèrent tout de même vers l’abattis canadien. Toutefois, les salves répétées des attaquants furent inefficaces et la riposte des Canadiens les arrêta avant qu’ils ne l’atteignent. Le lieutenant Charles Pinquet des Fencibles canadiens raconta par la suite que ses « hommes [avaient] chacun tiré de 35 à 40 balles […] à hauteur de tête ou de poitrine d’homme. [Sa] compagnie a été engagée pendant à peu près trois-quarts d’heure avant l’arrivée de renforts. »

Hampton, qui hésitait, finit par se replier de l’autre côté de la frontière. La bataille avait duré cinq heures. Les États-Unis admirent que leurs pertes s’étaient élevées à 23 morts, 33 blessés et 29 disparus, dont 16 prisonniers. Les Canadiens accusèrent la perte de deux hommes, 16 blessés et quatre disparus.

Trois jours après la bataille, de Salaberry écrivit à son père : « Le 26 a été une journée glorieuse […]. L’armée américaine […] a été repoussée par une petite bande – tous Canadiens – et […] j’étais aux premières lignes durant tous les combats […]. » Il écrivit à son épouse qu’ils avaient « sauvé Montréal pour cette année […]. »

Grâce à cette victoire, et à une autre qui eut lieu à la ferme de Crysler, à l’ouest de Montréal, le Canada était sauvé. La bataille de Châteauguay, les Voltigeurs canadiens et de Salaberry entrèrent dans l’histoire.

Le champ de bataille fut déclaré lieu historique national en 1920. Parcs Canada gère un musée et un centre d’interprétation à Allan’s Corner, près de l’endroit où se sont déroulés les combats.

Jules Benoit Livernois/BAC/PA-148887
Search
Connect
Listen to the Podcast

Comments are closed.