Déclin de l’opinion favorable sur les FAC, selon le dernier sondage biennal

Un rapport commandé par le ministère de la Défense nationale indique que la confiance du public à l’égard de l’armée a décliné au cours des cinq dernières années, période où les Forces armées canadiennes ont essayé d’augmenter leur pourcentage de femmes, de minorités et d’autochtones et de pallier un manque de personnel.

Selon le sondage de la société Earnscliffe Strategy Group, 65 % des Canadiens ont une bonne opinion des FAC, mais c’est une baisse par rapport aux 82 % d’il y a deux ans. Dix ans après la guerre en Afghanistan, les Canadiens, surtout les jeunes adultes, savent moins ce que fait l’institution militaire.

Le ministère s’intéresse à l’opinion publique sur les FAC depuis 2017.

L’étude biennale des écarts indique aux cadres des Forces armées canadiennes « ce qui a marché ou pas, ainsi que les éléments qu’il conviendrait de prendre en compte lors de la planification », explique la déclaration que nous a adressée le ministère.

Les rapports de 2018, 2020 et 2022 s’appuient sur des sondages menés par téléphone ou en ligne auprès de 1 500 Canadiens, ainsi que sur de nombreux groupes de discussion organisés partout au pays.

Les opinions de 1 501 adultes canadiens ont été recueillies dans le cadre de la plus récente étude. Dix groupes de discussion
organisés à Toronto, Montréal, Winnipeg, Vancouver et Moncton (N.-B.) sont venus compléter les données.

« Les impressions des Canadiens sur les FAC sont dans l’ensemble soit bonnes, soit neutres », explique le rapport. On peut compter sur les FAC en cas d’urgence, disaient les personnes interrogées, qui reconnaissaient la contribution des FAC pendant la pandémie et leurs interventions lors de catastrophes. Cependant, les personnes interrogées ont aussi exposé leur déception des mesures prises face à l’inconduite sexuelle, au racisme systémique et dans le cadre du soutien en matière de santé mentale pour les militaires et anciens combattants.

Il y a deux ans, 70 % des personnes interrogées estimaient que l’armée était un bon choix de carrière pour les femmes, et la moitié pensait qu’elles étaient respectées au travail. Ces chiffres ont baissé cette année et sont passés à respectivement 56 % et un tiers.

Le manque d’inclusion est un obstacle au recrutement et au recyclage du personnel

Le scandale concernant l’incon-duite sexuelle s’est répercuté sur la fierté que les citoyens ressentent envers l’institution militaire et sur la confiance qu’ils éprouvent face à sa capacité à redresser la situation, note le rapport.

Seulement 21 % des participants ont estimé que les FAC traite-raient les allégations de manière adéquate, et 38 % n’étaient pas de cet avis. Un quart seulement des participants s’est dit convaincu que la culture militaire pouvait changer favorablement.

« Les personnes interrogées ont suggéré que la transparence, la promotion d’un plus grand nombre de femmes à des postes de direction pour que les victimes d’inconduite sexuelle puissent mieux signaler ces comportements, ainsi que des efforts en matière d’éducation et de prévention, leur redonneraient confiance en la capacité des FAC à changer », conclut le rapport.

Selon la déclaration, de telles observations fournissent « des renseignements instructifs […] pour la continuation des efforts des FAC en matière de recrutement et d’élaboration de politiques, programmes et initiatives à cet égard ». Un milieu de travail inclusif est une priorité absolue. « Nous prenons des mesures réfléchies et coordonnées à tous les niveaux de l’organisation pour éliminer le racisme, la discrimination, les préjugés, les stéréotypes nuisibles et les barrières systémiques. »

Des progrès ont été faits dans tous ces domaines, nous confiait il y a quelques mois Wayne Eyre, général et chef d’état-major de la défense. Changement notable, la direction est désormais évaluée sur sa capacité à favoriser l’inclusion.

Le manque d’inclusion est un obstacle au recrutement et au recyclage du personnel, avait expliqué Jennie Carignan, lieutenante-générale, lors du même entretien. En tant que chef de la conduite professionnelle et de la culture, il lui incombe de changer les
politiques et programmes pour remédier aux problèmes systé-miques comme la discrimination, le racisme et le sexisme.

Les données sur les attitudes des Canadiens envers l’institution militaire sont importantes, car les FAC sont confrontées à des pénuries de personnel depuis des dizaines d’années. Il manque environ 10 000 personnes aux FAC pour atteindre l’effectif complet de 100 000, et il en manque 2 000 pour son minimum de 68 000 membres de la force régulière et 5 000 pour son minimum de 29 000 réservistes à temps partiel.

En outre, les FAC veulent que les femmes représentent 25 % de son personnel d’ici 2026. Actuellement, elles ne sont que 16 %, et les FAC accusent aussi un retard dans le recrutement de Canadiens racialisés et de membres des populations autochtones.

Voici les mots de Gregory Lick, ombudsman des Forces armées canadiennes, en mai dernier : « Avec un déficit d’environ 10 000 à 12 000 militaires dans la Force régulière et la Réserve, et des milliers de postes civils à combler, une crise se profile peu à peu.

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