Un courage à toute épreuve

Léo Major a débarqué en Normandie avec le Régiment de la Chaudière le 6 juin 1944.
Wikimedia

Léo Major, l’un des grands héros québécois de la Deuxième Guerre mondiale.

Né au Massachusetts en 1921, Léo Major grandit dans un quartier ouvrier de l’est de Montréal. Il se joint au Régiment de la Chaudière en 1940. À son arrivée en Angleterre l’année suivante, il rejoi-gnit le peloton d’éclaireurs du régiment où il devint spécialiste des patrouilles, de la reconnaissance et des raids.

Le soldat Major est le seul Canadien qui a reçu la Médaille de conduite distinguée (DCM) à l’issue de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée. Cette médaille rarement décernée et que seule surpassait la Croix de Victoria était conférée aux hommes de troupe qui faisaient preuve d’un courage hors du commun.

Le 6 juin 1944, le soldat Major débarqua sur la plage Juno en Normandie et participa à la capture d’un nid de mitrailleuses et d’un semi-chenillé. Deux jours plus tard, il fut blessé à l’œil gauche par un éclat de grenade, mais il refusa de quitter le combat en arguant qu’il pouvait encore viser de l’œil droit. On put le reconnaitre à son bandeau sur l’œil pendant un certain temps.

Le 27 février 1945, lors de la campagne de la Rhénanie, en Allemagne, le véhicule blindé dans lequel il se trouvait roula sur une mine : il fut grièvement blessé au dos et s’en sortit avec des côtes cassées et une cheville fracturée. Après quelques soins, Léo Major insista pour quitter l’hôpital et rejoindre le Chaudière qui se battait alors pour libérer les Pays-Bas.

Dans la nuit du 13 au 14 avril 1945, Léo Major et son ami Wilfrid Arsenault partirent en éclairage aux abords de la ville de Zwolle. Arsenault fut tué et Major poursuivit seul la mission. Il fit irruption dans la ville aux défenses affaiblies, tira sur des avant-postes allemands à l’aide de deux pistolets-mitrailleurs
Sten, puis lança des grenades pour semer la confusion parmi la défense allemande et faire croire que les Canadiens amorçaient un assaut d’envergure. Il dira par la suite que son plan était de « semer le doute ». 

La ruse fonctionna et les Allemands, déconcertés, quittèrent la ville. Léo Major prit alors contact avec les diri-geants locaux de la résistance qui déclarèrent la ville libérée. C’est pour cette ruse audacieuse et sa bravoure que la DCM allait lui être décernée. 

« La bravoure dont a fait preuve ce soldat, son sens de l’initiative, son courage inaltérable et son mépris total de sa propre sécurité furent une source d’inspiration pour tous », est-il dit dans la citation.

Major, blessé à l’œil gauche, pose avec des
membres des Forces intérieures hollandaises et des enfants à Zwolle, Pays-Bas, le 14 avril 1945.
Historisch Centrum Overijssel

Léo Major revint à Montréal après la guerre et, lorsque le conflit éclata en Corée en juin 1950, il s’enrôla dans le Royal 22e Régiment. 

En novembre 1951, le régiment fut attaqué par des forces chinoises qui voulaient s’emparer de la côte 335. Le caporal Major prit la tête d’un groupe de 19 hommes qui expulsa l’ennemi des emplacements d’où il menaçait les Canadiens. Téméraire, il organisa ensuite la défense de leurs positions et, comme il est dit dans la citation de sa deuxième DCM, « il dirigea les tirs des mortiers et de l’artillerie avec une telle expertise qu’il parvint à repousser quatre attaques distinctes » […]. Son courage personnel et son leadership méritent toutes les éloges ».

Léo Major s’éteignit à l’âge de 87 ans à Longueuil, Qc, en 2008. Les Pays-Bas dépêchèrent leur attaché militaire d’Ottawa à ses funérailles où il exprima les remerciements de sa nation. Mme Betty Redemeyer, résidente de Zwolle qui avait rencontré Léo Major à plusieurs reprises après la guerre, affirma qu’aux Pays-Bas, « il ne sera jamais oublié ». 

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