Soldat et inspiration

Simon Mailloux est le premier soldat canadien à avoir repris le service militaire après une amputation 

Simon Mailloux a repris du service deux ans après que son véhicule blindé a été détruit par un explosif de circonstance.
Stephen J. Thorne/Legion Magazine

Depuis sa plus tendre enfance à Québec, Simon Mailloux voulait être soldat. Son désir fut exaucé, et son parcours, en temps de guerre et en temps de paix, a comporté sacrifice, résilience et triomphe. Malgré tout ce dont il a souffert, il demeure soldat.

Mailloux a obtenu un diplôme du Collège militaire royal en 2006, et il a rejoint le 3e Bataillon du Royal 22e Régiment en tant que commandant de peloton. Il avait 22 ans. L’année sui-vante, son unité a été déployée en Afghanistan, au beau milieu de la guerre. Le 17 novembre 2007, le lieutenant Mailloux fut gravement blessé lorsque son véhicule blindé léger sauta sur un dispositif explosif de circonstance dans le district de Panjwaii, près de Kandahar. Trois autres personnes furent tuées. 

Il dit par la suite : « cette bombe a causé l’amputation de ma jambe gauche à travers le genou, la fracturation de ma mâchoire et plusieurs autres lacérations sur le corps ».

« J’ai décidé que je serais de nouveau soldat. »

Il fut opéré d’urgence, transféré à l’hôpital militaire américain de Landstuhl, en Allemagne, où on lui amputa une jambe, puis rapatrié au Canada en décembre.

Mailloux fut équipé d’une prothèse en février 2008. La douloureuse réadaptation qui lui permit de marcher à nouveau dura des mois. 

Ce fut une période décourageante. Il s’aperçut vite que son identité de soldat, profession qu’il aimait tant, était gravement compromise. Il refusa toutefois de se laisser abattre. 

« J’ai décidé que je serais de nouveau soldat, dit-il. C’est tout ce que je voulais être. »

Son but était de prouver qu’une telle blessure pouvait être surmontée et de se rétablir suffisamment pour retourner en Afghanistan. Sa réadaptation dans le cadre du programme Sans limites des Forces armées canadiennes porta fruit rapidement.

« L’introduction de sports adaptés, mais aussi la participation à des compétitions sportives de bon calibre […] m’ont permis de mettre en perspective ma blessure et mes capacités », dit-il.

Il réapprit à courir et à faire du vélo, et il continua son service en tant qu’officier d’infanterie.

Mailloux sur la dernière droite à la course de 1 500 mètres des jeux Invictus de 2017.
Stephen J. Thorne/Legion Magazine

Mailloux fut promu au grade de capitaine, il retourna en Afghanistan et rejoignit l’état-major de la force opérationnelle Kandahar en tant qu’officier de planification. Cependant, il ne s’écoula pas deux semaines avant qu’il retourne en patrouille. Il termina son tour de neuf mois, devenant le premier soldat canadien à reprendre le service militaire après une amputation. « J’ai bouclé la boucle », dit-il.

La Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II fut décernée à Mailloux en 2012 pour ses qualités de chef et son engagement envers les soldats blessés en Afghanistan. 

Il obtint par la suite des maitrises au CMR et à l’Université de Glasgow. Toujours athlétique, il prend souvent part aux Courses de l’Armée. En 2016, il a disputé des épreuves sur piste, des tournois de volleyball assis et des courses d’aviron aux jeux Invictus, évènement sportif international pour les anciens combattants blessés. Il a ensuite été cocapitaine de l’équipe canadienne aux jeux Invictus de 2017, à Toronto. Il poursuit ses activités bénévoles auprès du programme Sans limites, où il sert de modèle et d’inspiration aux anciens combattants blessés du Canada.

Cette année, Mailloux, qui est maintenant major et officier d’état-major à Ottawa, en est à sa 20e année de service militaire.

« Je ne regrette rien. Même si ça m’a couté une jambe. Ça a fait de moi qui je suis aujourd’hui… La personne qui a mis cette bombe sous notre véhicule […] ne m’a pas vaincu. » 

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