De jeunes artistes mettent en lumière la volonté de se souvenir

PREMIÈRES PLACES AUX AFFICHES SÉNIORS

L’affiche noir et blanc chez les séniors qui a eu la première place, créée par Emily-Ann Alyward de Ladysmith, C.-B., est concentrée sur la diversité de ceux qui ont servi, tandis que Louise McCrow de Campbellford, Ont., a choisi pour thème la jeunesse et le souvenir pour son affiche couleurs qui lui a mérité la première place chez les séniors.

Trois arrière-grands-pères et une arrière-grand-mère de Mlle Emily-Ann Alyward servirent pendant la Seconde Guerre mondiale, mais ce ne sont pas eux qui ont inspiré l’œuvre pour laquelle on lui a décerné la première place au concours d’affiches en noir et blanc de 2021.  

Son inspiration serait plutôt venue de son cercle d’amis et de trois collectivités de la Colombie-Britannique : Ladysmith, où elle habite, Duncan, où elle a obtenu un certificat d’études de la Duncan Christian School, et Nanaimo, où elle a l’intention d’étudier le graphisme à l’Université de l’ile de Vancouver. 

Plus d’une douzaine de Premières Nations occupent la côte sud-est de l’ile de Vancouver, empreinte de leur histoire. Pour-tant, la société en général ne sait pas grand-chose de la contribution militaire des peuples autochtones. 

Lorsqu’on parle de service militaire ou de commémoration, on imagine le plus souvent des hommes à la peau blanche, note Mlle Alyward. 

« Je voulais montrer la diversité, dit-elle. Beaucoup de cultures et peuples différents ont servi, et leur histoire mérite d’être racontée. »

Sous le titre « We Were There » (Nous étions là, NDT), son affiche présente le portrait de trois personnes en uniforme : un homme noir, une femme blanche et un homme autochtone.

PREMIÈRES PLACES AUX AFFICHES INTERMÉDIAIRES

L’affiche noir et blanc qui a gagné chez les intermédiaires, créée par Kelvin Salgado de Calgary, comporte un soldat de la Grande Guerre qui écrit à quelqu’un au pays, tandis que l’affiche couleurs qui a eu la première place chez les intermédiaires est celle de Lily Stewart de Chipman, N.-B., où une jeune personne est submergée par ses souvenirs à côté d’une tombe.

Plus de 100 000 écoliers du pays s’inscrivent chaque année aux concours littéraires et d’affiches parrainés par la Légion royale canadienne, puisant leur inspiration dans l’histoire de leur famille ou de leur collectivité, dans les émotions soulevées par le souvenir ou encore dans des évènements contemporains ou historiques.

Mlle Louise McCrow, dont l’affiche en couleurs a été choisie pour la première place chez les séniors, a trouvé son inspiration dans la jeunesse et la paix. 

Son affiche est évocatrice d’une réalité de l’après-guerre : quand la paix arrive, ceux qui restent doivent faire leur deuil. 

Au centre de l’image se trouve un petit enfant, une motte de terre où pousse un coquelicot dans la main. Des colombes blanches volent au-dessus de sa tête, et dans l’eau se trouve le reflet d’un avion et celui d’un drapeau canadien.

Au bas de l’affiche, une citation : « To live in hearts we leave behind is not to die (Ne meurt pas celui qui vit dans le cœur de ceux qui restent, NDT). »

« Je voulais un peu de symbolisme canadien, dit l’élève de 10e année de Campbellford, Ont. Et je me suis dit que, comme c’est une compétition pour les jeunes, mettre un enfant dans l’affiche serait intéressant. »

C’est la troisième fois que Mlle McCrow est finaliste aux nationaux. Son affiche noir et blanc dans la catégorie intermédiaire a obtenu la deuxième place en 2019 et, en 2020, son affiche couleurs a remporté le concours dans sa catégorie. Elle a hâte de s’inscrire aux prochains concours. 

Pour Mlle Taylor Wakelin de Wilkie, Sask., qui s’est inscrite aux concours « d’aussi longtemps [qu’elle se] souvienne », cependant, c’est la dernière année. 

Dans son poème, Mlle Wakelin se penche sur une habitude qu’ont un grand nombre de Canadiens au mois de novembre :

On that one special day, we don red poppies proudly on our breast,

But when the ceremony is over, we leave them in a drawer for a year-long rest…

It is not enough to show recognition and gratitude once a November.

It is a shame, but we are slowly beginning to forget to remember.

(En ce jour très spécial, nous portons un coquelicot rouge à la poitrine en l’honneur de ceux qui se sont battus pour notre pays, mais quand la cérémonie est finie, nous le laissons dans un tiroir où il reposera pendant un an… Montrer notre reconnaissance et notre gratitude une fois en novembre n’est pas assez. C’est fort dommage, mais nous sommes en train d’oublier.)

« J’ai décidé d’écrire sur notre façon d’honorer ceux qui se sont battus pour notre pays », dit Mlle Wakelin, dont les arrière-grands-oncles Morton et Cecil Irwin ont servi en tant que mécaniciens aéronautiques dans la 433e Escadrille de l’Aviation royale canadienne, en Angleterre, pendant la Seconde Guerre mondiale. 

« Ces hommes et ces femmes ont risqué leur vie pour le Canada, alors c’est démorali-sant que certains pensent que le 11 novembre, ce n’est qu’une journée où l’on prend congé de l’école ou du travail. »

Mlle Wakelin, diplômée de l’école secondaire McLurg, a l’intention de parfaire son éducation à l’Université de la Saskatchewan. 

PREMIÈRES PLACES AUX AFFICHES JUNIORS

L’élève de 11e année Gabriel Waldner, de la Holmfield Colony School de Killarney, Man., ne se souvient pas de ce qui l’a inspiré quand il s’est mis à écrire la composition grâce à laquelle il a obtenu la première place dans la catégorie des séniors, mais il peut décrire le développement de l’idée, parcours typique de tout écrivain. 

Au début, il a pensé aux gens prêts à se sacrifier pour leur pays. 

Le premier brouillon a été produit en à peine deux heures. Ensuite, M. Waldner a « passé un ou deux jours à le réviser et à le modifier, à bien y réfléchir, à l’améliorer. » 

Le noyau de l’idée, du combat pour la liberté, a évolué jusqu’à la signification de l’héritage; et il ne s’agit pas seulement d’avoir liberté de faire des choix moindres au jour le jour. « Ils se sont battus pour la liberté de religion. Ils sont morts pour notre droit à la parole. » Et ce n’est pas tout : « Des Canadiennes, des Canadiens ont donné leur vie pour que les gens de partout dans le monde puissent vivre dans la paix et la liberté. » 

Et quand ils sont rentrés chez eux, ils avaient encore beaucoup de travail à faire. 

« Comme un cheval qui s’élance quand on lui enlève le mords, a-t-il écrit, le Canada a prospéré et s’est développé après la guerre. »

Mlle Chelsea Thompson de Botwood, T.-N.–L., s’est tournée vers son for intérieur pour son inspiration, en particulier son affection pour les chiens. Dans sa composition choisie pour la première place du concours junior, elle explore la vie d’un héros quadrupède terre-neuvien. 

« Il y a des chiens qui ont pris part à la guerre, et j’ai pensé à écrire sur quelque chose de particulier », dit cette élève de 6e année à la Botwood’s Memorial Academy, dont le « big pop » (arrière-grand-père) servit en tant que forestier pendant la Seconde Guerre mondiale. 

Elle a raconté l’histoire de Gander, un terre-neuve adopté comme mascotte par le 1er Bataillon du Royal Rifles of Canada. Gander, à qui on avait donné le grade de sergent, accompagna les soldats à la mission de Hong Kong vouée à l’échec en 1941 et prit part aux combats lors de l’invasion japonaise. 

« Il mordait les talons de soldats japonais », a-t-elle écrit. Gander était si féroce, que les soldats ennemis l’appelaient « Bête noire » et pensaient que les Alliés entrainaient des animaux sauvages pour la guerre.

Comme tant de ses camarades humains, Gander mourut au front. Il prit une grenade active dans la gueule et s’éloigna en courant, ce qui sauva la vie à sept soldats. La Médaille Dickin, comme on surnomme la Croix de Victoria pour les animaux, lui a récemment été décernée.

Joshua Philip, élève de 8e année de Rosslyn, Ont., a écrit sur son arrière-grand-père qui s’engagea dans l’armée britannique à Singapour pour se battre avec les Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale et qui fut incarcéré dans un camp de prisonniers de guerre.

« Trente pour cent des prisonniers moururent dans ces camps à cause de la malnutrition, des maladies comme le paludisme et de la cruauté des Japonais. Heureusement que mon arrière-grand-père, ayant survécu, a pu raconter son histoire. »

Cette histoire, a écrit M. Philip, l’a « aidé à comprendre les peines que des jeunes gens plus vieux que [lui] d’à peine quelques années ont souffert partout dans le monde. Nous sommes tous connectés d’une manière ou d’une autre. C’est à nous de comprendre et de reconnaitre nos ressemblances. » 

PREMIÈRES PLACES AUX AFFICHES PRIMAIRES 

Catherine Hu de Calgary a gagné au concours d’affiches noir et blanc dans la catégorie des primaires, et Fredrik Woodhouse de Quispamsis, N.-B., a gagné à celui des affiches couleurs de la même catégorie.

Les concours annuels de la Légion favorisent la tradition du souvenir et inspirent des générations d’écoliers depuis un demi-siècle. 

Les concours sont ouverts à tous les élèves canadiens. Certains s’inscrivent seuls, d’autres avec leur classe dans le cadre d’un projet scolaire.

Les concours sont jugés par des bénévoles aux filiales de la Légion et les gagnants de chaque catégorie passent au niveau divisionnaire. Les œuvres qui gagnent à ce niveau sont envoyées à Ottawa, où les gagnants nationaux sont déclarés et leurs créations sont publiées dans un livret. 

La Légion parraine un voyage à Ottawa pour les quatre lauréats séniors, où ils rencontrent le gouverneur général et déposent une couronne au Monument national de guerre au nom de la jeunesse du Canada pendant la cérémonie du jour du Souvenir. 

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