Le Royal Rifles of Canada trouve son origine lors des raids des féniens de 1866, au Québec, à l’occasion de la mobilisation du 8th Volunteer Militia Rifles. Le régiment est reconstitué ensuite pour servir à la guerre d’Afrique du Sud puis à la Première Guerre mondiale, et il est dissous en 1917.
Le Royal Rifles est appelé à servir lors de la déclaration de guerre de 1939. Bien que les esprits se tournent surtout vers le théâtre européen, des incertitudes naissent lorsque le Japon révèle avoir des vues sur le Pacifique. En 1941, la Chine est ravagée par de nombreuses attaques japonaises et, pour remonter le moral de sa colo-nie et montrer qu’elle est sérieuse au sujet de sa défense en Extrême-Orient, la Grande-Bretagne décide d’y envoyer des troupes de garnison, pensant prendre facilement le dessus sur le Japon.
Le gouvernement de Mackenzie King accepte la demande officielle de Londres d’envoyer en Asie des troupes canadiennes. Le général et chef d’état-major Harry Crerar est chargé de déployer deux bataillons à Hong Kong. Jugeant que le danger n’est pas immédiat, il sélectionne les francophones du Royal Rifles et les Winnipeg Grenadiers, deux bataillons de garnison ayant servi à Terre-Neuve et en Jamaïque dont les effectifs ne sont pas au complet mais qui pourraient l’être au besoin, pense-t-on.
Le brigadier John Lawson obtient le commandement de la Force C, et les bataillons se rendent rapidement à Hong Kong. Ils y débarquent le 16 novembre et réalisent peu après que la situation est bien plus grave que ce que l’on croyait. De plus, les véhicules destinés aux bataillons, transportés séparément, ne parviennent jamais à Hong Kong et les soldats de renfort sont mal formés.
Les Canadiens rejoignent les 14,000 soldats britanniques et indiens sous les ordres du général C.M. Maltby, commandant général de Hong Kong, et ils reçoivent une formation intensive pendant trois semaines pour se préparer à la défense de Hong Kong. Les unités canadiennes sont chargées de défendre l’île.
Quand l’attaque japonaise a lieu, le 8 décembre, les lignes de défense sont en position. Cependant, les alliés sont rapidement taillés en pièces, et le 11 décembre, les troupes reçoivent la consigne de battre en retraite.
Sur l’île, les deux régiments canadiens sont divisés en deux brigades, le Winnipeg Grenadiers à l’ouest et le Royal Rifles à l’est. L’artillerie lourde japonaise pilon-ne les brigades pour fragiliser leurs défenses. Le 17 décembre, sans renfort en vue, la situation est désespérée et à la tombée de la nuit, le 18 décembre, les Japonais lancent leur invasion en quatre assauts distincts sur les plages du nord de l’île. Le Royal Rifles tente de les repousser, mais il subit de nombreuses pertes et est submergé tôt le 19 décembre.
Le Royal Rifles, dont les effectifs sont complètement épuisés ou gravement réduits, reçoit l’ordre de se replier. Les Japonais continuent de s’avancer pendant les jours qui suivent. Le 21 décembre, le Royal Rifles réussit à attirer les Japonais vers les collines, mais ses munitions diminuent et il ne peut pas rester sur ses positions. Au cours de la soirée du 23 décembre, le Royal Rifles est contraint de se replier, puis forcé de livrer sa dernière bataille, une mission suicide qui a lieu le jour de Noël et dont le but est de reprendre le terrain perdu. Le bataillon subit à nouveau de lourdes pertes, et peu de temps après, l’île tombe aux mains des Japonais.
Les pertes subies par les Cana-diens à la bataille de Hong Kong sont élevées : un taux de pertes de 40 %. Les survivants sont faits prisonniers de guerre par les Japonais qui les brutalisent, carils considèrent que ceux qui se rendent sont des lâches. En 1943, 1 184 Canadiens sont envoyés dans des camps de prisonniers de guerre au Japon, où les mauvais traitements se poursuivent. À la fin de la guerre, 1 418 Canadiens seulement rentrent chez eux. Ceux qui avaient été faits prisonniers sont amers et traumatisés par les trai-tements punitifs et inhumains subis aux mains des Japonais, qui enveniment la situation en refusant de présenter des excuses aux survivants pour les souffrances infligées.
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