Silence solennel

 

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Des coquelicots sont déposés sur la Tombe du Soldat inconnu Monumentcommémoratifde guerre du Canada, à Ottawa, le jour du Souvenir.
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Le calme s’est fait à Ottawa alors que la ville,
et la nation, marquaient un temps d’arrêt
en l’honneur des morts 

 

Le temps était nuageux mais doux pour la saison, en cette matinée du jour du Souvenir, lorsque quelque 35 000 personnes ont convergé vers le Monument aux morts pour rendre hommage à ceux et celles qui ont servi dans les forces militaires du Canada ou qui y servent actuellement.

À neuf heures, des centaines de personnes se tenaient déjà aux barricades qui entouraient le cénotaphe situé au croisement des rues Wellington et Elgin, attendant l’arrivée des anciens combattants, des invités d’honneur et du cortège vice-royal.

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Le cortège vice-royal observe un silence de deux minutes.
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Son excellence l’ambassadeur d’Italie au Canada, Gian Lorenzo Cornado, fut le premier arrivé parmi les diplomates. « Je suis venu tôt aujourd’hui parce que, d’après moi, c’est important de reconnaitre ce qu’ont fait les soldats canadiens pour l’Italie à la Seconde Guerre mondiale, a-t-il dit. Presque 93 000 Canadiens ont servi là-bas, […] alors je suis ici pour leur rendre hommage. »

Des milliers de personnes de tout âge et de tous les coins du pays l’ont rejoint, résolus à se souvenir des plus de 116 000 personnes qui ont donné leur vie au service du Canada dans le cadre de missions de combat, de maintien de la paix et d’autres missions militaires.

« Le jour du Souvenir est un jour spécial pour moi »,dit Lionel Rowe, président de la filiale Montgomeryde la Légion qui se trouve non loin de là, rue Kent.« […] Il y a beaucoup d’anciens combattants dans mafamille et parmi mes amis, alors c’est particulière-ment cher à mon cœur. »

Le son émouvant des cornemuses et des tambours a annoncé l’arrivée de la garde du drapeau de la Direction nationale de la Légion royale canadienne pendant que des contingents de militaires en service dans l’armée de terre, dans la marine ou dans l’aviation, de cadets et de policiers défilaient sur la place. Et, bien entendu, les anciens combattants. Le nombre d’anciens combattants qui ont défilé et se sont rassemblés juste devant l’estrade du salut s’élevait à environ 400. 

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Sheila Anderson (ci-dessus), Mère de la Croix (d’argent) du Souvenir et son mari, James Anderson, déposent une couronne.
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Les dignitaires comprenaient le gouverneur général, David Johnston (représentant de lareine) et Sharon Johnston, Sheila Anderson, de la Croix d’argent (représentant les mères du Canada) et James Anderson, Justin Trudeau, premier ministre du Canada (représentant le gouvernement du Canada) et Sophie Grégoire-Trudeau, le sénateur Leo Housakos, président du Sénat du Canada (représentant le Parlement du Canada), Kent Hehr, ministre des Anciens combattants (représentant des anciens combattants), le général Jonathan Vance, chef d’état-major de la défense (représentant les Forces armées canadiennes), et Inés Carolina Fiedler, Victoria Fisher, Sideqa Haqani et Natasha Jones, gagnantes des concours littéraires et d’affiches (représentant la jeunesse du Canada).

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Le Chœur d’enfants d’Ottawa chante In Flanders Fields.
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Trois minutes avant 11 heures, Ô Canada et la Sonnerie aux morts signalaient le début officiel de la cérémonie. Au moment où les aiguilles de l’horloge de la Tour de la Paix indiquaient exactement 11 heures, le 30e Régiment de campagne de l’Artillerie royale canadienne a tiré le premier des 21 coups de canon, lequel servait à marquer le début du silence qui n’a été brisé que par les 11 coups de l’horloge. Le deuxième coup de canon a retenti deux minutes plus tard, avertissant le major cornemuseur que le moment était venu de jouer la complainte, et le sergent trompète Fred Paci, le réveil.

Tous les regards se sont tournés vers le ciel lorsque deux CF-18 de l’ARC ont survolé la place. M. Eagles a ensuite récité l’Acte du Souvenir en anglais, puis le grand président national de la LRC, Larry Murray, l’a récité en français et Laurel Dubé, de la communauté de Kitigan Zibi Anishnabeg, en Algonquin. « Ils ne vieilliront pas comme nous, qui leur avons survécu. Ils ne connaitront jamais l’outrage ni le poids des années. Quand viendra l’heure du crépuscule et celle de l’aurore, nous nous souviendrons d’eux. »

Le brigadier-général et aumônier géné-ral des Forces armées canadiennes, Guy Chapdelaine, a ensuite pris la parole : « selon vos propres traditions et votre conscience, priez Dieu pour sa bénédiction et sa guidance, ou bien passez simplement un moment en contemplation pendant que d’autres prient. » Le prêtre catholique romain a ensuite dit des prières en anglais et en français : « Ils ont servi au nom de la liberté et de la justice à des endroits qui semblaient alors si lointains, mais dont les noms sont dorénavant gravés dans nos mémoires.[…] Nous leurs offrons nos remerciements les plus sincères, et nous refusons que leurs noms disparaissent. »

« Que ceux qui ont servi et ceux qui
servent vivent leur vie dans un monde
libre de terreur et où règne la tranquillité. »

Le cortège vice-royal a déposé des couronnes, le gouverneur général Johnston d’abord, pendant que chantait le Chœur d’enfants d’Ottawa. La Mère de la Croix d’argent, Mme Anderson, en a déposé une de la part des Canadiennes qui ont perdu un fils ou une fille au service militaire ou à la marine marchande. Elle a perdu son fils ainé, le caporal Jordan Anderson du 2e Bataillon du Princess Patricia’s Canadian Light Infantry (PPCLI), quand une bombe a explosé au bord d’une route de Panjwaii, en Afghanistan, et l’a tué en même temps que cinq autres soldats canadiens et un interprète afghan, en 2007. Elle habite à Yellowknife, et c’est la première Mère de la Croix d’argent des Territoires du Nord-Ouest depuis que la Légion a commencé cette tradition il y a plus de 60 ans.

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Des milliers de personnes attendent leur tour pour déposer un coquelicot sur la Tombe du Soldat inconnu après la cérémonie du jour du Souvenir.
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« Je ne crois pas à la guerre en général, avait-elle dit auparavant. Nous faisons la même chose, nous entretuer, depuis des temps immémoriaux. […] Mais nous devons faire honneur à la manière dont nos jeunes gens pensent à la guerre, même si nous n’y croyons pas tout à fait nous-mêmes. […] Je pense que c’est vraiment important pour eux. Et c’est important que les membres de leur famille les appuient. »

Des dizaines d’autres couronnes ont été déposées au monument par des membres de nombreuses organisations d’anciens combattants, d’associations, du corps diplomatique, et du public.

Le rabbin Reuven P. Bulka, aumônier honoraire de la Direction nationale, a ensuite offert sa bénédiction : « Que ceux qui ont servi et ceux qui servent vivent leur vie dans un monde libre de terreur et où règne la tranquillité, un monde pour lequel ils se sont battus, ce pour quoi nous leur disons à nouveau, ensemble : bravo! »

God Save the Queen a signalé la fin de la cérémonie officielle. Les membres du cortège vice-royal ont chacun son tour salué et remercié les anciens combattants invalides et les autres mères de la Croix d’argent assis à côté du cénotaphe avant de se rendre à la base du salut qui donnait sur la rue Wellington pour passer en revue les anciens combattants, les soldats et les cadets. Les applaudissements ont retenti sur la place pendant que les anciens combattants défilaient.

Vance and Sajjan
Le général Jonathan Vance, chef d’état-major de la défense et Harjit Sajjan, ministre de la Défense nationale (dessous) saluent les cadets, le jour du Souvenir, au Monument commémoratif de guerre du Canada.
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Une foule immense s’est rapprochée de la Tombe du Soldat inconnu lorsque les barricades des rues de traverse ont été enlevées. Chaque personne a attendu calmement qu’arrive son tour de déposer son coquelicot sur la Tombe, qui fut entièrement couverte de rouge dans la demi-heure. Deux mélodies éthérées mais qu’on ne peut pas ne pas reconnaitre provenaient du carillon de la Tour de la Paix pendant que les gens repartaient : It’s a Long, Long Way to Tipperary et Mademoiselle from Armentières, qui font toutes deux parties du medley servant de marche régimentaire au PPCLI, le régiment du caporal Anderson.

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