Les héros de Montréal

L’été 1940 a été une période sombre en Europe. Les forces hitlériennes avaient traversé la plus grande partie de l’Europe de l’Est, occupaient la France et envisageaient d’envahir la Grande-Bretagne. Toutefois, avant de lancer une invasion de grande envergure contre la Grande-Bretagne, Hitler devait en contrôler l’espace aérien. La première vague d’attaques pour ce faire a débuté le 10 juillet 1940 et vu que la Grande-Bretagne refusait toute négociation avec l’Allemagne, Hitler a officiellement lancé l’opération Sea Lion le 16 juillet 1940.

C’est à la bataille d’Angleterre que l’Aviation royale canadienne (ARC) a combattu pour la première fois de la Seconde Guerre mondiale, même s’il ne s’agissait pas d’une contribution de grande envergure. Le nombre de pilotes canadiens qui ont pris part à cette bataille varie selon les historiens : entre 83 et 112. Ce qui est sûr, c’est que 28 pilotes de l’ARC ont servi dans le 1 Squadron (Canadian). Au moins quatre d’entre eux étaient Montréalais : le capt Gordon McGregor, le lt Hartland de Montarville Molson, le lt Arthur Deane Nesbitt, et le lt Paul Brooke Pitcher.

Hartland de Montarville Molson est né à Montréal, en mai 1907, dans une des familles les plus vieilles et les plus éminentes du Canada. Il a fréquenté l’école Selwyn House de Montréal, puis le collège Bishop de Lennoxville, au Québec, et enfin le Collège militaire royal de Kingston, en Ontario. Il a vécu à Paris pendant un certain temps, puis il est revenu au Canada, où il a été formé en tant que pilote. C’était un condisciple de Billy Bishop, VC, lorsqu’il apprenait le pilotage des appareils modernes de l’époque. Il s’est enrôlé dans l’ARC au début de la Seconde Guerre mondiale, et il a été envoyé en Angleterre en tant que membre du 1 Squadron (Canadian). Il a pris part à 62 missions au cours de la bataille d’Angleterre, pendant lesquelles il a endommagé un Dornier et deux Messerschmitt 110, et détruit un Heinkel 111. Ayant été blessé au combat le 5 octobre 1940, il est revenu au Canada, où il a occupé plusieurs postes de commandement. Il s’est retiré de l’ARC en 1946, et il a été décoré Officier de l’Ordre de l’Empire Britannique.

Paul Pitcher est né à Montréal en aout 1913. Il a obtenu un diplôme en droit à l’Université McGill en 1938, puis il est entré dans un cabinet d’avocats. Il s’était joint à l’ARC comme auxiliaire en décembre 1935 et servait dans la 115e Escadrille (F), à Montréal. Il a été envoyé en Grande-Bretagne le 20 juin 1940, où il a été affecté au 1 Squadron (Canadian). L’endommagement d’un Heinkel 111, d’un Dornier 17 et d’un Messerschmitt 110, et la destruction d’un Messerschmitt 109 ont été portés à son crédit au cours de la bataille d’Angleterre. En décembre 1940, Pitcher a pris le commandement du 1 Squadron (Canadian) qui a été rebaptisé le No. 401 Squadron en 1941. Il a été cité à l’ordre du jour en 1942. Il a commandé plusieurs autres escadrons par la suite, y compris les 411e et 417e de l’ARC, et quand il s’est retiré, le 28 novembre 1944, il avait le grade de commandant d’escadre.

Arthur Nesbitt, fils d’un homme d’affaires, est né à Montréal en novembre 1910. Il a appris à voler lorsqu’il étudiait à l’Université McGill et s’est enrôlé dans l’ARC en septembre 1939, obtenant sa formation de pilote de chasse au camp Borden. Il a ensuite été muté au 1 Squadron (Canadian) et a volé comme membre de l’unité au cours de la bataille d’Angleterre. On lui a attribué le crédit de la destruction d’un Dornier 215 et de deux Messerschmitt 109. Il a également reçu la Croix du service distingué dans l’Aviation le 23 septembre 1941. Le commandement de plusieurs escadrons lui a été confié, et il a été promu au grade de commandant d’escadre en 1942, puis à celui de colonel en 1945. Il s’est retiré de l’ARC en novembre 1947.

Gordon Roy McGregor, le plus vieux pilote canadien qui ait pris part au combat pendant la guerre, est né à Montréal en septembre 1901. Il avait étudié à l’Université McGill et obtenu un brevet de pilote dans le privé, remportant le trophée Webster, que l’on décerne au meilleur pilote amateur du Canada, en 1935, 1936, et 1938. Il s’était engagé dans la réserve de l’ARC en 1936, alors qu’il était employé de la société Bell et y avait obtenu son brevet en 1938. En 1940, il a été posté en Grande-Bretagne, dans le 1 Squadron (Canadian), en tant de commandant d’escadrille. On lui a attribué le crédit de la destruction de cinq avions ennemis et l’endommagement de plusieurs autres au cours de la bataille d’Angleterre. C’est ainsi que lui a été décernée la Croix du service distingué dans l’Aviation. Après la bataille d’Angleterre, il a commandé l’escadre de l’ARC à la campagne des iles Aléoutiennes et il a été décoré Officier de l’Ordre de l’Empire Britannique. Il est retourné en Europe où il a été commandant de la 126e Escadre pendant le reste de la guerre. Il avait le grade de colonel quand il s’est retiré de l’ARC, en 1945.

La bataille d’Angleterre est la première bataille de toute l’histoire qui se soit passée exclusivement dans les airs. Du 10 juillet au 31 octobre 1940, 28 pilotes de chasse de l’ARC en tout ont servi dans le 1 Squadron (Canadian). Peu nombreux par rapport à ceux qui ont pris part aux autres offensives canadiennes de la Seconde Guerre mondiale, ces pilotes se sont jetés courageusement dans la bataille. Ils ont prouvé que, même si certains d’entre eux avaient moins d’expérience que les autres, ils se tenaient prêts à combattre et ne reculeraient pas. Ils ont joué un rôle remarquable dans la lutte contre les puissances de l’Axe en aidant l’ARC à remporter une victoire décisive, ce qui a donné le ton pour le reste de la guerre.

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