CHEZ SOI À VIE: PARTIE 1, LA MAISON DE SOUTIEN

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Chez Derek et Maria Lunden, à North Vancouver, ou chez Alison et Peter Faid, à Edmonton, on est émerveillé par les cuisines et salles de bains spacieuses, les portes et couloirs larges, la finition exquise et une lumière naturelle abondante. Ce qui est moins évident, c’est que ces demeures ont été conçues pour que leurs propriétaires puissent s’y mouvoir pendant les derniers stades de la vie, quoi qu’il advienne.

Les Lunden et les Faid sont des pionniers quand il s’agit d’adapter un logement pour pouvoir vieillir chez soi, un concept qui se répandra largement au cours des prochaines années à mesure que les babyboumeurs prendront leur retraite. « La tendance démographique probablement la plus importante des 50 dernières années concerne le fait que les gens vivent seuls et plus longtemps, dit le Dr Andrew Sixsmith, directeur du Gerontology Research Centre de l’université Simon Fraser de Vancouver. Les babyboumeurs sont sur le point de changer les manières de vivre plus longtemps et seul, en toute sécurité et dans le confort.

Le logement qui aide à rester chez soi en vieillissant est un phénomène amorcé au Canada par les babyboumeurs, dit le Dr Don Shiner de l’université Mount Saint Vincent de Halifax. Les babyboumeurs canadiens se préparent à la retraite en adaptant leur chalet, en rénovant leur domicile ou en construisant une maison. Ces maisons ont de plus en plus souvent des caractéris­tiques permettant à toute personne, quels que soient son âge, sa taille ou ses capacités physiques, d’utiliser facilement toutes les pièces. On s’attend à ce que, vu leur indépendance d’esprit, leurs connaissances en technologie et leur richesse (supérieure à celle des générations précédentes prenant leur retraite), les babyboumeurs adoptent non seulement le logement construit ou rénové pour leurs besoins physiques changeants, mais un nombre croissant d’accessoires et d’appareils fonctionnels servant à compenser les capacités physiques ou mentales qui s’amoindrissent en vieillissant.

Mais qu’en est-il des gens qui ont déjà pris leur retraite? « Environ 94 p. 100 des ainés restent dans leur propre domicile, se contentant, des fois, d’un espace terriblement mal conçu », dit Shiner. Tout le monde ne peut pas se permettre de dessiner et construire une maison de rêve ou de faire des rénovations importantes, mais même les gens qui n’ont que de maigres moyens peuvent copier les idées de ceux qui le peuvent, dit l’architecte edmontonien Ron Wickman, spécialiste de la conception accessible et universelle et dont le père se déplaçait en fauteuil roulant quand il était petit.

Selon les articles, la conception universelle, incorporée au stade de la planification, augmente le cout d’un nouvel édifice entre moins d’un pour cent et trois pour cent à peu près « et ce, que la maison coute un million de dollars ou un quart de million de dollars », dit Wickman. Par exemple, quelqu’un sans restrictions financières pourrait rendre la maison entière accessible à tous en y installant un ascenseur, tandis que quelqu’un dont le budget est moins important pourrait dessiner une maison sans étage ou élargir l’escalier au cas où il voudrait ajouter un monte-escalier par la suite; une troisième personne pourrait construire une maison dont le rez-de-chaussée comprendrait une chambre à coucher et une salle de bain universellement accessibles pour satisfaire les besoins d’occupants âgés. De façon parallèle, un gros budget de rénovation permettrait l’accès à la maison à tout le monde grâce à un ascenseur extérieur à l’entrée alors qu’une rampe jusqu’à la porte d’entrée convien­drait mieux à un budget plus modeste. L’important, c’est de planifier selon les besoins que l’on prévoit.

La maison neuve de 600 000 $ des Faid comprend beaucoup de fanfreluches dans la conception universelle; pour leur part, les Lunden ont acheté une maison plus vieille située sur un terrain plat et dépensé 120 000 $ en trois étapes de rénovation en dix ans. Leurs idées, indiquées dans ce texte en gris, correspondent aux photos qui illustrent comment les propriétaires ont incorporé la conception universelle à leur domicile.

Après que Derek eût reçu un diagnostic de sclérose en plaques progressive, les Lunden achetèrent un modeste bungalow au cout de 275 000 $, en 1998, et le rénovèrent par stades, quand leur budget le leur permettait et que les besoins de Derek croissaient. Ils aplanirent les seuils des portes extérieures, élargirent les portes intérieures, ajoutèrent un revêtement de sol en bois dur et installèrent des douches accessibles en fauteuil roulant. Dans la cuisine, la préparation et la cuisson des repas ainsi que le nettoyage ont été rendus plus facile pour quelqu’un en fauteuil roulant grâce à des tiroirs roulants et une surface de travail plus basse, y compris une simple planche à découper rentrante. De petits creux dans les placards du bas permettent à Derek de mettre ses genoux sous l’évier pour faire la vaisselle; quand il a terminé, il referme les placards et la cuisine ressemble à n’importe quelle autre. Les dépenses ont été maitrisées, lors de la rénovation de la cuisine, en adaptant des placards standards.

Un ajout de 400 pieds carrés rend la chambre des maitres spacieuse, où le matériel de soutien est escamotable. Bien que Derek, âgé de 54 ans, se déplace actuellement en fauteuil roulant, il ne voulait pas que la maison ait l’air d’avoir été conçue pour quelqu’un en fauteuil roulant. Un grand nombre des éléments de la conception universelle qui aident à vieillir chez soi sont constatables chez les gens frappés d’invalidité. La différence, c’est que les concepts liés au vieillissement chez soi servent à n’importe qui vivant dans n’importe quel type de logement, pas seulement les logements accessibles ou les établissements de soins de longue durée. « Ma maison est conçue de telle sorte que toutes les caractéristiques dont j’ai besoin s’y trouvent, mais ce sont des caractéristiques dont quiconque peut profiter. »

Les Lunden ont l’intention d’en faire leur dernière maison. Il y a des ainés prenant leur retraite qui emménagent dans un condo pour vivre dans un endroit qu’ils aiment, pour avoir une demeure plus accessible ou plus petite, pour faire moins d’entretien, ou pour profiter d’un plus grand luxe. Les Lunden ont tout cela maintenant. « Quand on me demande si je vais déménager dans un condo, je réponds que j’habite déjà dans un “condo”, un condo de 1 700 pieds carrés, avec un beau jardin et sans charges communes. »

Si les Lunden ont fait des rénovations pour répondre à leurs besoins, les Faid, eux, ont construit la maison de leurs rêves en fonction de ce dont ils pensent avoir besoin à l’avenir, mais qui leur est utile aujourd’hui.

Peter Faid, un conseiller qui prend part à la création de la stratégie du vieillissement chez soi d’Edmonton, s’est aperçu, en tenant des réunions dans l’ancienne maison de sa famille — laquelle avait cinq étages et 62 marches — que « la seule manière dont les gens en fauteuil roulant ou avec des cannes pouvaient entrer dans la maison, c’était de s’y faire porter ». Conscients qu’ils pouvaient avoir des difficultés de déplacement un jour, les Faid décidèrent de construire une nouvelle maison de rêve pour leurs derniers jours.

Le bas des fenêtres est à 18 pouces du plancher, ce qui leur procure amplement de lumière naturelle : précieux pour les gens dont la vue baisse, ou qui veulent une vue panoramique en fauteuil roulant. Ils firent installer des planchers douillets en liège et enlever les petits tapis pour diminuer les risques de trébucher et avoir une surface dure pour les déambulateurs et les fauteuils roulants. Les poignées de porte de type levier sont moins dures pour les mains arthritiques; les gens ayant des difficultés de déplacement utilisent les toilettes hautes plus aisément que les basses; les gens qui ont des problèmes d’équilibre peuvent s’assoir sur le banc en tek élégant pour se doucher. « Nous étions décidés à avoir une maison entièrement accessible », nous dit Faid. Mais le terrain de 225 000 $ qu’ils ont acheté ne pouvait pas servir à la construction d’un grand bungalow, alors ils firent bâtir une demeure à plusieurs étages et aux seuils extérieurs nivelés. Ils ont installé un ascenseur de 22 000 $, au cas où quelqu’un se mettrait à éprouver des difficultés de déplacement, mais ils se sont aperçus qu’ils l’utilisent au jour le jour pour les tâches ménagères comme monter les emplettes à la cuisine, descendre la lessive au sous-sol et transporter les meubles.

Faid croit que la conception universelle finira par devenir la norme. « C’est comme le cas du vieil éplucheur. Il était étroit et en métal, et en vieillissant et en développant l’arthrite, on ne pouvait plus le tenir. Quelqu’un a donc inventé la poignée plus large et tout le monde trouve son utilisation plus facile. C’est maintenant la norme. »

La demande de nouveaux logements et de rénovations incorporant la conception universelle a augmenté partout au pays au cours des cinq dernières années, dit Peter Briand, président du conseil des rénovateurs de la Nova Scotia Homebuilder’s Association et président d’Econo Renovations Ltd. de Dartmouth. La cité haut de gamme Fairwinds, à Nanoose Bay — au nord de Nanaimo (C.-B.), sur l’ile de Vancouver — offrait des options liées au vieillissement chez soi comme les placards superposés qui peuvent être transformés en cage d’ascenseur. À Winnipeg, la province travaille avec les promoteurs de Bridgewater Lakes dans le quartier Waverly West pour intégrer à au moins la moitié des 1 100 maisons que l’on peut visiter des entrées nivelées, des corridors larges et des salles de bain accessibles. Un projet domiciliaire à 19 maisons de Lawrencetown, à Dartmouth (N.-É.), offre des logements à câblage réseau servant aux dispositifs de divertissement, à accessoires fonctionnels et à dispositifs de gestion de patients. Les maisons couteront entre 275 000 $ et 350 000 $ à peu près, selon les ajouts.

De plus en plus d’architectes, de promoteurs, de cons­tructeurs, de rénovateurs et de professionnels de la santé reçoivent une formation sur les principes de la conception universelle. Beaucoup d’entre eux, formés aux États-Unis, deviennent des spécialistes du vieillissement chez soi agréés. La Nova Scotia Homebuilders Association espère offrir des cours pour spécialistes en vieillissement chez soi dans moins d’un an, dit Paul Pettipas, directeur administratif de l’association.

Vancouver, considérée comme la Mecque de la retraite, compte un très grand nombre d’architectes, de promoteurs, de rénovateurs et de chercheurs qui s’intéressent à la promotion de la conception universelle et de la technologie d’assistance au vieillissement chez soi. En 2004 était fondée la SAFERhome Society, dans le but d’établir des normes de construction pour les logements accessibles universels. « En plus de ce qui a trait au vieillissement et à l’accessibilité, dit Patrick Simpson, directeur administratif de la société, ces logements sont plus sécuritaires pour tous. » Près de 80 p. 100 des admissions à l’hôpital pour enfants de la Colombie-Britannique sont attribuables à des accidents au foyer qui auraient pu être évités, dit-il. Les blessures liées aux chutes chez les plus de 65 ans coutent 2,8 milliards de dollars par an, et l’Agence de la santé publique du Canada estime que réduire le nombre de chutes d’un cinquième diminuerait les hospitalisations de 7 500 et le nombre d’ainés invalides de 1 800, et cela engendrerait des économies de 138 millions de dollars par an.

Les normes SAFERhomes « se fondent sur les codes de bâtiments provinciaux et nationaux », ajoute Simpson. Il en coute très peu pour introduire des éléments de la conception universelle en dressant les plans d’une maison : « à peu près ce qu’il en coute pour surclasser la moquette », croit-il. Il y a beaucoup de modifications qui ne coutent rien ou pas grand-chose, au stade de la planification, comme baisser ou lever les interrup­teurs, les prises électriques et la plomberie, ou grouper les services de sécurité, de câble, de téléphone et d’électricité. Il y en a d’autres qui sont relativement peu couteuses, comme l’ajout de portes plus larges (les portes elles-mêmes sont plus chères, mais leur cout est contrebalancé par la diminution des couts de l’ossature et des panneaux muraux).

La société permet aux consommateurs d’avoir l’esprit tranquille, dit-il, car si les normes SAFERhomes sont stipulées dans les contrats de construction, elle peut inspecter le travail pour s’assurer que les normes sont respectées et ainsi certifier la maison.

Dave MacDonald, conseiller du Centre d’excellence du logement de la Légion, dit qu’il est intéressant de noter que la conception universelle est une composante des logements de la Légion pour ainés et anciens combattants. La Légion appuie l’incorporation de ces éléments dans les constructions privées aussi, et elle recommande aux gouvernements d’augmenter les fonds qu’ils destinent à l’adaptation du domicile pour l’autonomie des ainés. Elle plaide aussi pour l’augmentation du nombre de logements de soutien abordables.

En attendant, les gens qui désirent construire ou rénover des maisons incorporant des éléments de la conception universelle peuvent trouver des renseignements utiles dans les pu­blications produites par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). Des publications à télécharger se trouvent sur le site Web de la SCHL, y compris une série sur Bâti-Flex, des logis adaptatifs selon les besoins changeants de la famille, ainsi qu’Une habitation accessible dès la conception qui comprend des articles sur la planification de rénovations, les caractéristiques de la conception universelle pièce par pièce et la domotique.

Les Canadiens sont déjà habitués à la rénovation. Il est dit dans le Rapport sur la rénovation et l’achat de logements de 2010 de la SCHL que plus de 2,1 millions de ménages ont dépensé 25,8 milliards de dollars en 2009 pour rénover, et 30 p. 100 des ménages dont le chef de famille a 65 ans ou plus avaient l’intention de rénover en 2010. Les propriétaires peuvent faire des économies en incorporant des caractéristiques de la conception universelle au plan de leurs rénovations et en choisissant les options qui répondent à leurs besoins particuliers et que leur budget admet. Mais d’abord, ils doivent savoir ce qui est au menu, dit John H. Friswell, président de CCI Renovations de North Vancouver et professionnel agréé en vieillissement chez soi, qui croit qu’il vaut mieux, quand on envisage des rénovations, communiquer avec un professionnel qui s’y connait en vieillissement chez soi. Très peu de ses clients demandent la conception universelle, mais ils l’incorporent quand ils apprennent qu’elle sert à faciliter le vieillissement chez soi et qu’elle accroît la valeur de leur habitation et en facilite la vente.

« Les babyboumeurs voient les choses ainsi et ils ont les ressources nécessaires à l’incorporation de la conception universelle et de la technologie d’assistance dans leurs rénovations », affirme Nancy Paris de Peak Interiors, ingénieure biomédicale qui s’occupe de technologie d’assistance depuis 20 ans. « J’ai des clients qui se disent : “Cette année, plutôt que d’aller à Hawaï, je vais faire des rénovations pour pouvoir vivre dans ma maison pendant les prochains 20, 30, 40 ans”. » On peut faire des économies en planifiant, dit-elle. Mettre du contreplaqué derrière la cloison sèche dans la cuisine et la salle de bain lors des rénovations permet d’épargner des milliers de dollars par la suite s’il faut ajouter des barres d’appui dans la salle de bains ou des armoires de cuisine supérieures qui montent et descendent mécaniquement. Cela ne coute pas cher de planifier des armoires sur plancher à diverses hauteurs, et les lavabos et comptoirs à hauteur réglable peuvent y être inclus au même prix qu’un ilot de cuisine, dit Paris. Comme ajout bon marché, il y a l’élévation du lave-vaisselle et des laveuse et sécheuse, l’abaissement du four à microondes et le remplacement d’électroménagers par d’autres qui ont des éléments de la conception universelle : un réfrigérateur dont le congélateur intégré est en bas, un four dont la porte s’ouvre de côté, des laveuse et sécheuse à chargement frontal. L’adaptation des armoires standards et l’achat d’unités de garde-manger ou d’armoires sur plancher à tiroir plutôt qu’à tablettes permettent aussi de faire des économies. (Les programmes qu’offre la SCHL, comme les programmes d’aide à la remise en état des logements pour les gens à faible revenu et les invalides, servent à couvrir le cout de certaines rénovations.)

Ces experts nous mettent aussi en garde que nous n’avons pas tous besoin de tous les machins dans toutes les pièces. Shiner dit que beaucoup de gens vont avoir besoin d’une entrée aplanie, d’une salle de bain accessible au rez-de-chaussée et d’une salle au rez-de-chaussée convertible en chambre à coucher. Wickman conseille à quiconque pense construire ou rénover une maison de consulter d’abord le site Web de la SCHL pour déterminer quelles caractéristiques conviennent à leur budget et à leurs besoins, et ensuite de chercher un architecte et un maitre d’œuvre s’y connaissant en conception universelle et en vieillissement chez soi.

Vieillir chez soi ne concerne pas seulement les préférences; il s’agit aussi d’un problème de santé publique. En plus d’éliminer beaucoup de risques d’accident, les normes de la conception universelle pourraient faire épargner des millions de dollars en soins de longue durée à notre réseau de soutien social. Selon les projections de Statistique Canada, en 2031, un quart de la population du Canada, soit quelque neuf-millions de personnes, aura au moins 65 ans. Environ 7 p. 100 des adultes les plus âgés demeurent actuellement dans un établissement de soins de longue durée. Il y a quelque 280 000 places dans ces établissements. On s’attend à avoir besoin de 690 000 places en 2038, et la Société Alzheimer du Canada croit qu’il y aura quand même une pénurie de 157 000 places. Cette pénurie pourrait être réduite en aidant les gens à rester chez eux le plus longtemps possible. « Les gens souffrant de déficience cognitive ou ayant des problèmes de mobilité et de vue se débrouillent plus longtemps dans un environnement qu’ils connaissent », dit Gloria Gutman, professeure émérite et doyenne du département de gérontologie de l’université Simon Fraser de Vancouver entre 1982 et 2005. « Je dis aux gens de rester chez eux le plus longtemps possible; c’est comme ça que l’on conserve le contrôle de ses biens et de son style de vie, déclare Gutman. Mais si l’on dit aux gens de rester chez eux, il faut leur dire que s’ils ont des économies, il n’y a pas de mal à faire des dépenses pour des aménagements qui les aident à faire ce qui les intéresse et à rester indépendants. »

Selon Wickman, le gouvernement fédéral devrait offrir des incitatifs fiscaux pour la rénovation relative à la conception universelle. « Il y a des incitatifs pour aider les gens à rendre leur maison plus efficace sur le plan énergétique. Le gouvernement comprend que si nos maisons sont plus efficaces sur le plan énergétique, notre société dans son ensemble en profitera; c’est pareil en ce qui a trait au vieillissement chez soi. »

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