Les épouses de guerre célèbrent un anniversaire important

Les épouses de guerre qui sont venues au Canada il y a 60 ans sont en train de faire de cette année la leur. L’an dernier était l’Année de l’ancien combattant et, d’après les 48 000 femmes qui ont épousé des militaires et qui ont quitté leur foyer en Grande-Bretagne et en Europe, 2006 devrait être l’Année de l’épouse de guerre.

Des réunions, des expositions d’art et d’autres manifestations ont lieu à travers le Canada, mais il y a des provinces qui ont été plus rapides que d’autres en déclarant officiellement l’Année de l’épouse de guerre. À partir du mois de mars, le porte-parole Len Westerberg du ministère du Patrimoine canadien disait que ce dernier était encore en train de planifier comment commémorer ce groupe de femmes audacieuses. Toutefois, le gouvernement fédéral n’a pas encore fait de déclaration officielle. Le Conseil exécutif national de la Légion a décidé en février de ne pas faire sa propre annonce sans soutien officiel.

“J’aimerais que le gouvernement fédéral annonce que cette année est celle de l’épouse de guerre”, dit Eswyn Lyster, auteure élégante de 82 ans qui était une des premières épouses de guerre qui ont traversé l’Atlantique à bord du Mauretania, de Liverpool (Angleterre) à Halifax, en février 1946. La décision qu’avait prise son père durant la guerre, de déménager à la côte sud de l’Angleterre, lui a permis d’épouser un Calgary Highlander, William Lyster, en 1943. “Les fréquentations des épouses de guerre n’ont peut-être pas duré longtemps avant d’aboutir au mariage”, dit-elle, “mais notre génération ne prenait pas le mariage à la légère.” Le couple a duré 52 ans. Deux ans après la mort de William qui a eu lieu en 1996, Lyster a commencé à interviewer des centaines d’épouses de guerre pour le livre qu’elle est en train de finir.

La plupart des épouses de guerre de la Seconde Guerre mondiale ont traversé l’Atlantique en 1946; beaucoup venaient avec des enfants et toutes étaient prêtes à donner une chance à un nouveau pays. “Nous avons toutes la même expérience d’avoir quitté notre pays, notre famille, sans savoir si nous les reverrions”, dit Jean Fells, une femme originaire du Yorkshire qui est actuellement vice-présidente de la Saskatchewan War Brides Association (association des épouses de guerre de la Saskatchewan). Fells, quand elle était adolescente, a envoûté le soldat Bob Fells lorsqu’ils se sont rencontrés dans un parc d’attractions en 1943. En 1946 elle l’avait épousé et s’était installée à une ferme de Girvin (Sask.).

Quatre-vingt-treize pour cent des épouses de guerre étaient britanniques, ce qui n’est pas surprenant vu que les militaires canadiens ont passé plus de temps en Grande-Bretagne que toute autre force alliée durant la Seconde Guerre mondiale. Et, d’après l’historienne néo-brunswickoise Melynda Jarratt, les épouses de guerre formaient 60 pour cent des gens immigrant au Canada à l’époque et elles font partie de l’arbre généalogique de plus d’un million de Canadiens.

Depuis l’an dernier, Jarratt et Lyster, avec l’aide des associations des épouses de guerre du pays, font une campagne épistolaire pour qu’on déclare que 2006 est leur année. Fells, dont l’association va avoir une grande réunion en l’honneur du 60e anniversaire, du 5 au 7 mai, à Saskatoon, fait remarquer : “Nous sommes en train de nous faire reconnaître”.

Le Nouveau-Brunswick est la première province qui a déclaré que 2006 serait l’Année de l’épouse de guerre quand la motion présentée à l’Assemblée législative, au mois de décembre, par le député de Fredericton T.J. Burke, petit-fils de l’épouse de guerre Jean Paul et du soldat autochtone Charles Paul, surnommé Buck, a été adoptée. Elle fut adoptée à l’unanimité. “Je pense à ma propre grand-mère aujourd’hui, bien sûr”, dit Burke. “Ce n’est que justice de l’honorer, ainsi que les dizaines de milliers de femmes qui, en tant que jeunes épouses, ont tant contribué à notre nation.”

Le Manitoba a fait sa déclaration à propos de l’Année de l’épouse de guerre le 9 février, durant la célébration du 60e anniversaire de l’arrivée du Mauretania au quai 21 d’Halifax. Des douzaines d’épouses de guerre de tous les coins du pays sont retournées voir l’endroit, qui est maintenant un musée, où elles ont mis pied à terre au Canada. La manifestation, à laquelle assistaient des dignitaires comme la lieutenante-gouverneure de la Nouvelle-Écosse Myra Freeman et le président George Aucoin de la Division de la Nouvelle-Écosse/Nunavut, a attiré l’attention nationale. Robbie Shaw, président de la Pier 21 Society, dit aux épouses de guerre que “Enseigner aux jeunes Canadiens à propos de vous et de votre époux nous permet de démontrer qu’il est possible que des choses aussi merveilleuses que l’amour et le mariage ressortent de quelque chose d’aussi horrible qu’un monde en guerre”.

Lyster, qui a fait un discours durant la cérémonie, connaît certainement ces horreurs. Quand son garçon nouveau-né Terry et elle sont arrivés à Halifax, William était en train de récupérer dans un hôpital, en Alberta. Il avait été blessé quelques jours à peine avant la fin de la guerre.

Fells aussi a passé des temps difficiles. “Si je n’avais pas eu le meilleur des maris, je serais retournée en Grande-Bretagne sans coup férir”, dit-elle. Membre de longue date de la filiale Davidson de la Saskatchewan, elle est une des épouses de guerre dont les expériences aigres-douces ont été représentées par l’artiste Bev Tosh de Calgary dans One-Way Passage (allée simple), une exposition “initiatique aux points de vue physique, émotionnel et psychologique quand on quitte le foyer”.

Il a fallu cinq ans à Tosh, dont la mère, une Canadienne, a épousé un aviateur néo-zélandais, pour créer 48 portraits d’épouses de guerre lors de leurs noces. Les panneaux rugueux en bois d’une hauteur de quatre pieds, placés en zigzag, représentent 48 000 épouses de guerre. L’exposition One-Way Passage, qui se trouve actuellement au Diefenbaker Canada Centre de Saskatoon, et qui est prévue au programme de la réunion des épouses de guerre de la Saskatchewan, va faire son chemin jusqu’au quai 21 à la fin du mois de mai, et elle sera au Musée canadien de la guerre, à Ottawa, au mois de juillet.

Bien qu’il est indiqué dans l’exposition que les pleurs étaient courants chez les épouses de guerre, Fells et Lyster disent toutes deux qu’elles ne regrettent rien. “La vie n’a pas toujours été rose, mais elle a été pleine d’occasions, des occasions que je n’aurais jamais eues en Angleterre”, dit Lyster pour conclure. “Je ne trouve pas les mots pour vous dire à quel point je suis heureuse que les épouses de guerre soient reconnues 60 ans après qu’elles aient commencé leur nouvelle vie dans ce pays-ci.

Search
Connect
Listen to the Podcast

Leave a Reply