Une nouvelle tête à anciens combattants canada


par Tom MacGregor

 

Il y a une tombe au cimetière militaire canadien de Groesbeek (terrain 21, rangée F, tombe 1), où gît le simple soldat Jean Baptiste Duhamel des Queen’s Own Cameron Highlanders of Canada. Il avait 21 ans quand il a été tué, près de Nijmegen, aux Pays-Bas, le 3 mars 1945. Il s’agit d’une date que garde bien à l’esprit son jeune frère Ron Duhamel, un homme qui, durant le brassage de l’élection de l’été dernier, est devenu ministre d’Anciens combattants.

“Je suis né dans une famille francophone et, en ce temps-là, durant la guerre, les gens avaient des familles nombreuses”, nous dit Duhamel. Bien qu’il n’était pas assez vieux pour se souvenir de son frère aîné, il dit que la mort a traumatisé sa famille. “Je me souviens que mon père, un homme grand, de forte carrure, avait des larmes aux yeux quand il en parlait.”

Jean Baptiste Duhamel était l’un de deux frères de cette famille qui ont servi à la Seconde Guerre mondiale. Un autre a servi à la guerre de Corée. L’expérience militaire de Ron a eu lieu en tant que cadet à Thunder Bay, en Ontario, et il a aussi servi brièvement comme policier à travers le Canada. “Mais j’ai toujours eu du respect envers ceux qui ont servi. Mes frères et moi parlions des affaires mondiales tout le temps. Il semblait y avoir une réelle possibilité que je sois appelé à servir.”

La commémoration et s’occuper de ceux qui ont été appelés à servir pendant la Deuxième Guerre mondiale va être une grande partie de ses fonctions maintenant qu’il a obtenu le rôle de ministre du cabinet. Duhamel arrive à ce poste à un moment affairé, sur les traces du populaire George Baker (Un ministre capable à ACC, janvier/février 2000). Le président national Bill Barclay a envoyé un message à toutes les filiales, geste inhabituel, pour protester le départ de Baker du cabinet, faisant remarquer que “(Baker) a beaucoup fait avancer la législation en faveur des anciens combattants. On ne s’étonnera pas que beaucoup sont les gens qui pensent que M. Baker est le meilleur ministre qu’il y ait eu à Anciens combattants depuis George Hees”.

Baker, un vétéran de la Chambre des communes depuis 26 ans, a été retiré brusquement du cabinet pour faire place au premier ministre de Terre-Neuve Brian Tobin qui retournait à Ottawa, et au cabinet, en tant que ministre de l’industrie. Terre-Neuve et Labrador sont considérés comme une province trop petite pour avoir deux ministres au cabinet. En même temps, le Premier ministre Jean Chrétien devait trouver un nouveau ministre qui aurait la responsabilité du Manitoba, après que Lloyd Axworthy ait quitté la vie politique.

L’arrivée de Duhamel a lieu à un moment où Anciens combattants Canada a entrepris une importante révision de son programme de commémoration. Le ministère est aussi en train de faire du progrès en ce qui concerne l’amélioration de la livraison des services à ses clients. La Légion et d’autres associations d’anciens combattants ont quand même attiré l’attention du public sur les questions comme la création de normes nationales pour les soins à long terme aux anciens combattants, l’amélioration du Programme d’autonomie des anciens combattants et l’amélioration de l’indemnité aux anciens prisonniers de guerre.

Dans le portefeuille d’Anciens combattants se trouvent Anciens combattants Canada lui-même, le Tribunal des anciens combattants (révision et appel) quasi judiciaire et l’agence canadienne de la Commission des sépultures de guerre du Commonwealth. Cette dernière s’occupe des cimetières militaires autour du monde, y compris celui de Groesbeek.

Mais Anciens combattants n’est qu’une des casquettes que porte Duhamel. Il a gardé les deux postes de secrétaire d’État qu’il avait avant le remaniement ministériel. Il a un portefeuille économique en tant que secrétaire d’État de la Diversification de l’économie de l’Ouest et un rôle international en tant que secrétaire d’État de La Francophonie, l’association formée après la Deuxième Guerre mondiale par 52 États et gouvernements où on parle français. Toutefois, c’est son poste de ministre politique du Manitoba qui a le plus d’importance au cabinet.

Duhamel refuse de donner sa date de naissance mais, d’après des notes biographiques, il est né à St-Boniface, au Manitoba, et a passé le début de sa vie au Nord-Ouest de l’Ontario, habitant à Thunder Bay et à Dryden avant de s’installer dans la région de Winnipeg où il a été enseignant, directeur et fonctionnaire. “Vous savez, j’étais plein d’énergie au début, en parfaite santé. On dit que Dieu a pris sept jours pour créer le monde et je me demande pourquoi ça lui a pris si longtemps.”

Duhamel décrit sa carrière comme ayant entièrement été politique. “Tout est politique, que ce soit la Légion, l’armée, l’école, l’église, le club de curling, le Parti libéral ou le gouvernement du Canada. La politique ça sert à faire en sorte que les choses se fassent.”

Sa propre carrière en a été une où les choses ont été faites. Il a commencé comme éducateur et puis il s’est tourné vers le secteur privé, la construction. “Mais j’ai réalisé que ce que j’aimais vraiment c’était enseigner. Ensuite j’ai été directeur, surintendant et puis sous-ministre adjoint chargé de la formation française au Manitoba et, par la suite, sous-ministre de l’éducation.”

Le député Pat Martin du Nouveau Parti Démocratique, qui tient la circonscription Winnipeg-Centre, voisine de la circonscription St-Boniface de Duhamel, dit que Duhamel était connu au Manitoba bien avant son arrivée au cabinet. “Il était sous-ministre de l’éducation sous le premier ministre Howard Pawley. Il était très connu. Son visage était souvent montré aux nouvelles.”

Duhamel s’est fait connaître grâce à sa campagne dans le cadre de laquelle il ramassait et distribuait des fournitures scolaires aux enfants nécessiteux de la ville. “J’ai assisté à la distribution des fournitures qu’il avait ramassées”, nous dit le sénateur Gildas Molgat peu de temps avant son décès en février. “Il y a les cahiers, les stylos et les fournitures. Il ramasse tout ça avec des bénévoles et puis il les livre au centre-ville aux enfants nécessiteux juste avant le début de l’année scolaire.”

Quand il a commencé à penser à se faire élire, Duhamel a demandé conseil à Molgat. “Je le connais depuis qu’il était sous-ministre de l’éducation au Manitoba. Nous sommes tous deux Franco-Manitobains. Il est venu me voir quand il pensait se porter candidat à la Chambre des communes et je l’ai encouragé à le faire”, dit Molgat. Martin et Molgat disaient tous deux du bien des capacités de direction de Duhamel.

“Il est équilibré dans sa façon de penser, remarque Martin. Il suit la tradition de Lloyd Axworthy selon laquelle, quand la campagne est terminée, tous les députés manitobains travaillent ensemble afin d’obtenir le meilleur pour le Manitoba. Je pense que tout le temps qu’il a passé en tant que sous-ministre l’a aidé. Il est très conscient des embûches que peut rencontrer sur son chemin un ministre débutant. Il semble aimer son travail et c’est très important.”

Duhamel a été élu à la Chambre des communes pour la première fois en 1988, quand les Libéraux, sous John Turner, essayaient de remonter. Son foyer est à St-Boniface, où vit et travaille son épouse Carolyn Graham. Leurs trois filles, maintenant adultes, vivent aussi dans la région.

Il est resté à l’opposition officielle jusqu’en 1993, quand les Libéraux ont pris le pouvoir. En 1997, le Premier ministre Jean Chrétien le nommait secrétaire d’État aux Science, recherche et développement, et à la Diversification de l’économie de l’Ouest. Deux ans après, il devenait responsable de La Francophonie tout en gardant le portefeuille de la Diversification de l’économie de l’Ouest.

À la Chambre des communes, Duhamel est pris pour un politicien perspicace. “Ses réponses peuvent certainement avoir du mordant”, ajoute Martin.

Il dit que c’est grâce à son travail dans d’autres domaines qu’il a appris son style de fermeté dans la direction. “Quand j’étais sous-ministre, il m’arrivait de dire à mon ministre ‘Il nous faut un plan. Si vous ne voulez pas me dire quoi faire, je vais faire ce qui d’après moi devrait être fait.’ Maintenant, je me suis discipliné. Quand j’ai obtenu la responsabilité de la Diversification de l’économie de l’Ouest, je me suis dit, ‘Bon, quelles sont les deux ou trois choses les plus importantes que nous voulons accomplir ici?’ J’ai fait la même chose à trois ministères. Je l’ai fait à La Francophonie et je viens de le faire à Anciens combattants. Je veux savoir quelles sont les deux ou trois choses que nous voulons faire ici.”

Il dit qu’il est encore en train d’apprendre quels sont les problèmes. “Je suis allé à Charlottetown la semaine dernière et j’y ai posé les mêmes questions. Il y a beaucoup de choses à faire. Alors je demande, ‘si l’on n’avait qu’une chose, que serait-elle? Si l’on avait une deuxième chose, que serait-elle?’ Je m’attends à avoir une meilleure idée de la voie à prendre au cours des semaines à venir. Bien sûr, on ne le fera pas sans consulter […]. D’après moi, c’est ainsi que ça fonctionne en démocratie.”

Homme méthodique, Duhamel a demandé au personnel d’ACC d’établir un calendrier afin qu’il puisse voir tout ce qu’Anciens combattants est en train de faire. Cependant, rares sont les organisations d’anciens combattants qui ont eu l’occasion de le rencontrer, mais les priorités dont elles vont lui faire part leur sont communes.

Le premier vice-président national Allan Parks, qui préside le Comité national des anciens combattants, des services et des aînés, dit qu’il a rencontré Duhamel lors d’une réception, mais que deux réunions qu’il devait avoir avec lui ont été annulées. “Nous avons terminé le Congrès national d’Halifax avec 12 résolutions concernant le Programme d’autonomie des anciens combattants. Alors elles sont notre priorité absolue”, dit Parks (Éditorial, mars/avril).

Le PAAC a pour objet de faire en sorte que les anciens combattants restent chez eux aussi longtemps que possible. C’est un programme qu’embrassent les anciens combattants qui sont plus confortables chez eux et qu’embrasse ACC qui économise les coûts bien plus élevés de sous-traiter les lits pour anciens combattants.

La question qui inquiète le plus la Légion est celle d’étendre les avantages aux veuves ou aux conjoints des anciens combattants qui meurent après leur arrivée à une institution. Présentement, ces avantages sont interrompus aussitôt que le conjoint arrive à une institution ou un an après le décès de l’ancien combattant. Cela, dit la Légion, peut être une perte d’importance pour le conjoint de l’ancien combattant. Une résolution au Congrès national de l’an dernier se lisait comme suit : “Attendu que de nombreux conjoints ont un besoin désespéré des avantages du PAAC pour rester autonomes dans leurs propres foyers, il est résolu que le Programme d’autonomie des anciens combattants soit étendu afin de comprendre les avantages aux conjoints qui survivent à l’ancien combattant, jusqu’à la mort du conjoint, quand le besoin s’en fait sentir.”

Le fait qu’un ancien combattant marié obtenant les avantages du PAAC perde ces avantages lors du décès de son conjoint, et que son revenu soit baissé, est une autre cause de friction.

La deuxième question de la liste de Park traite de l’indemnisation aux prisonniers de guerre. Présentement, les anciens prisonniers de guerre reçoivent une pension, d’après la Loi sur les pensions, calculée selon une formule progressive basée sur le nombre de jours d’incarcération. Pour y avoir droit, un prisonnier de guerre doit avoir été incarcéré pendant au moins 89 jours, et le taux maximal est celui que l’on donne à ceux qui l’ont été pendant 911 jours ou plus. La Légion désire que le minimum soit laissé de côté et que le maximum soit allongé. De nombreux vétérans de la marine marchande, ainsi que des anciens combattants de Dieppe et des aviateurs, ont été prisonniers plus longtemps. “Celle-ci se trouve dans nos livres depuis le Congrès de 1998”, dit Parks.

La demande de normes nationales pour les institutions de soins de santé à long terme (La question cruciale quant aux soins pour anciens combattants, janvier/février 2000) que fait la Légion est aussi en haut de la liste. Depuis les années 1960, ACC transfère ses hôpitaux aux autorités provinciales ou locales, laissant à chacun ses propres normes de soins. L’Hôpital Ste-Anne de Ste-Anne-de-Bellevue (Qc) est le seul hôpital qui soit entièrement dirigé par ACC. Et c’est le Ste-Anne que la Légion et d’autres, dont le Sous-comité sénatorial sur les affaires des anciens combattants, donnent en exemple relativement à la qualité des soins qui devrait être la norme dans de telles installations.

Baker s’inquiète de la question et il a dit à ses fonctionnaires d’augmenter les efforts en ce qui concerne un questionnaire qui doit servir à découvrir quelles sont les normes pour soins à long terme, ou qu’elles devraient-elles être, dans les 10 domaines dont on se préoccupe. Ces derniers comprennent la sécurité, la qualité de la nourriture, les soins personnels, la récréation et l’accès aux services cliniques.

Duhamel dit qu’on est en train d’analyser les résultats du questionnaire. Le ministère consulte aussi le Conseil canadien d’agrément des services de santé, une agence autorégulatrice qui examine attentivement les hôpitaux publics.

“Je pense qu’il devrait aller faire un tour à l’Hôpital Ste-Anne, observer ce qui s’y passe, et fixer des normes en se basant sur cet hôpital”, dit Parks.

Les modifications à la Loi sur les pensions qui ont servi à empêcher unilatéralement les anciens combattants alliés qui sont maintenant Canadiens d’obtenir l’allocation d’ancien combattant sont une source d’irritation constante pour les ministres d’Anciens combattants depuis 1995. Cela s’applique à tous les alliés, dont le plus grand nombre est celui des anciens combattants impériaux, qui vivent au Canada, exception faite de ceux qui étaient Terre-Neuviens durant leur service.

Alors que les plus grands organismes d’anciens combattants tendent à travailler de concert pour faire avancer des fronts communs, chacun a sa propre liste de priorités. Peter Ambroziak, le secrétaire national des Anciens combattants de l’armée, de la marine et des forces aériennes au Canada, dit que s’occuper de tout l’argent que l’on doit aux vétérans de la marine marchande devrait être la priorité absolue aux yeux de Duhamel. Les vétérans de la marine marchande n’ont pas eu droit aux avantages avant 1992.

En février 2000, le gouvernement reconnaissait avoir une dette envers les vétérans des marines marchandes du Canada et de Terre-Neuve car ils n’avaient pas droit aux avantages de rééducation qui étaient disponibles aux anciens combattants après la guerre. Alors que le gouvernement a mis de côté 50 millions $ pour les demandes de la marine marchande, le nombre de ces demandes a été gravement sous-évalué.

Duhamel a déjà obtenu beaucoup de mérite en ce qui concerne cette question. Peu de temps après sa nomination, il est allé au cabinet pour argumenter que, vu que le nombre de personnes admissibles avait été grandement sous-évalué, il allait lui falloir 20 millions $ de plus. Maintenant, à Anciens combattants Canada, on dit qu’il va falloir encore 10 millions $ pour finir le programme. Il dit qu’il va devoir étudier la question pour voir ce qui est possible et puis retourner à la table avec une nouvelle requête. “Cela dépendra entièrement des autres priorités qui sont apportées au cabinet…”

Ambroziak dit que Anciens combattants de l’armée, de la marine et des forces aériennes au Canada espère aussi que Duhamel se penche sur les soins à long terme. Il espère également que l’indemnisation aux prisonniers de guerre et le PAAC restent en haut de la liste des priorités du ministre. “D’un point de vue politique, il est encore trop tôt pour savoir. Présentement, il est impossible à prédire. George Baker était dynamique. Il a été très, très bon pour nous.”

Le critique de l’opposition officielle sur les affaires des anciens combattants, le député Roy Bailey, a passé la plus grande partie de son temps à la période de questions à soutenir la décision prise par la Cour supérieure de l’Ontario selon laquelle le gouvernement fédéral devrait payer des intérêts rétroactivement à tous les anciens combattants invalides dont les pensions étaient gardées en fiducie. ACC a commencé à payer des intérêts en 1990 mais a voté une législation qui sert à empêcher les anciens combattants de demander des paiements rétroactifs. ACC a par la suite fait appel de la décision de la Cour supérieure. “Le ministre d’Anciens combattants a une responsabilité juridique et morale de régler cette dispute aussi vite que possible hors des tribunaux”, dit Bailey.

Duhamel dit qu’on est en train de le mettre au courant des problèmes. “Nous savons que les avantages aux conjoints sont très importants aux yeux de la Légion et nous savons qu’il y a d’autres questions qui sont très importantes. Si l’on réussissait à parler aux organisations d’anciens combattants et à trouver un consensus, on pourrait faire en sorte que les choses se fassent.”

La révision approfondie de la commémoration qui a commencé en mai et qui n’était toujours pas finie en février est aussi une des choses dont il s’occupe. Le projet a pour objet de se pencher sur la fonction de la commémoration dans son entier, dont les pèlerinages, l’entretien des sites Web d’ACC, assurer des obsèques dignes aux anciens combattants et entretenir les monuments et les tombes militaires outre-mer. La commémoration des sacrifices du temps de guerre a atteint son apogée au milieu des années 1990, avec le programme le Canada se souvient dans le cadre duquel se trouvaient des trousses éducationnelles pour les écoles et un certain nombre de pèlerinages très en vue en l’honneur des divers 50es anniversaires associés à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Toutefois, le programme scolaire n’est plus en cours et on ne planifie aucun pèlerinage en 2001.

Les paramètres du projet se veulent servir à travailler de près avec le ministère de la Défense nationale, avec le ministère du Patrimoine canadien, avec le Bureau du Conseil privé et avec le Conseil du Trésor, mais la plupart de ces projets étaient autrefois vus comme n’étant que du domaine du ministère.

Bien qu’il y ait vraiment eu des progrès relativement à plusieurs réformes administratives et à des avantages, il semble qu’à cette partie du mandat d’ACC on soit incertain des prochains pas à faire. “Les deux choses que fait ACC sont de s’occuper des anciens combattants et de soutenir la commémoration. La commémoration a toujours été très importante à mes yeux, dit Duhamel. Bien avant d’être nommé ministre d’Anciens combattants, je me suis toujours arrangé pour assister à chaque cérémonie du jour du Souvenir. J’ai toujours dit, ‘Le Canada est tel qu’il est en grande partie grâce à ce que nos soldats ont fait.'”

Alors que le nouveau ministre vaque à ses devoirs, il aura toujours un rappel très personnel, au cimetière de Groesbeek, des sacrifices qu’on fait sa famille et le Canada à la guerre.

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