La lutte contre le sans-abrisme va bon train malgré la pandémie

Programme de la Légion aidant les vétérans sans abri
Legion.ca

Les programmes offrant services et logement aux anciens combattants sans abri n’ont pas connu d’interruption, même quand le pays se confinait pendant la pandémie.     

« Le nombre de sans-abris n’a pas diminué pendant la pandémie », note Ray McInnis, directeur du bureau d’entraide de la Légion royale canadienne.

On ignore le nombre d’anciens combattants sans logis au Canada. Avant la pandémie, la fourchette estimée était de 3 000 à 5 000. 

Les répercussions de la pandémie sur le nombre d’anciens combattants sans abri n’émergeront pas avant le bilan des pertes d’emploi, l’arrêt des programmes d’aide financière et la fin des mesures de protection contre les expulsions au cours des mois à venir. 

On sait toutefois qu’avant la pandémie, les anciens combattants étaient surreprésentés dans les refuges pour sans-abris : environ 1,7 % des Canadiens sont d’anciens combattants, et les anciens combattants représentaient 4,4 % de la population dans les refuges en 2018. 

En Ontario, l’opération Leave the Streets Behind (laisser la rue derrière soi, NDT) a aidé près de 1 000 anciens combattants sans abri, dont un dixième sont des femmes, dans presque 200 municipalités depuis 2010, année du lancement du programme. 

« La pandémie ne nous a pas empêchés de travailler, explique Dave Gordon, président du programme Homeless Veterans Program de la Division de l’Ontario de la Légion. Rien n’a été arrêté. »

La Division de l’Ontario est actuellement en train de former des comités régionaux pour faire connaitre le programme et trouver des moyens de collaborer avec les collectivités afin d’aider les anciens combattants sans abri. 

« Nous n’en sommes qu’aux premiers stades », avoue M. Gordon. Les comités iront présenter le programme dans les refuges locaux, les postes de police, les lieux de travail des premiers intervenants et dans les municipalités. Les anciens combattants sans abri ainsi repérés dans le cadre du programme peuvent bénéficier d’une aide alimentaire et financière, de vêtements et d’autres services proposés dans la communauté ou dans la région. 

Le modèle de l’Ontario a été adopté en 2012 pour le programme national Leave the Streets Behind de la Légion, actuellement en place dans six divisions provinciales et territoriales. Il offre un soutien financier immédiat et aiguille les anciens combattants vers des services sociaux et communautaires.

Parallèlement, le travail a aussi continué pour accroitre le nombre de logements de transition et de longue durée pour les anciens combattants sans abri. Plusieurs nouveaux projets ont vu le jour depuis le début de la pandémie.

L’OPÉRATION LEAVE THE STREETS BEHIND A AIDÉ PRÈS DE 1 000 ANCIENS COMBATTANTS SANS ABRI.

La fondation Homes for Heroes Foundation a ouvert son deuxième village de minimaisons à Edmonton en décembre 2021. Le premier avait été construit à Calgary en 2019.

Le village ATCO Veterans Village se compose de 20 minimaisons nichées dans un quartier établi, chacune portant le nom d’un soldat canadien décédé pendant son service.  

Les minimaisons de moins de 28 mètres carrés disposent d’une cuisine, d’un salon et d’une chambre. Elles forment un petit quartier avec un accès à un jardin collectif et à un espace de loisirs partagé où se côtoient les résidants. Ces derniers ont accès à des services sociaux et à des programmes de soutien au centre de ressources situé sur place, ainsi qu’aux bureaux de conseillers. 

La ville a fait don du terrain. L’Alberta a fourni un financement de 1,1 million de dollars; le gouvernement fédéral, 1 million de dollars; et les dons privés se sont élevés à 2,3 millions de dollars.

La fondation Homes for Heroes Foundation prévoit construire des villages semblables partout au pays. Elle espère lancer son troisième fin 2022 avec des logements de transition pour 25 anciens combattants à Kingston, Ontario, et elle prépare des projets dans d’autres provinces. 

L’une des caractéristiques de ce programme est le soutien suivi sur place, avec notamment des programmes de santé physique ou mentale, l’accès aux services d’Anciens combattants Canada et aux organismes sociaux, ainsi qu’un soutien informel entre pairs pour aider les anciens combattants à refaire leur vie. 

L’initiative Multifaith Housing Initiative a mis en œuvre le projet Veterans’ House à Ottawa sur l’ancien site de la BFC Rockcliffe en janvier 2021.

L’édifice de trois étages avec 40 appartements offre des services de santé mentale et de soutien aux toxicomanes. On devait loger 16 personnes, mais le projet a été revu à la hausse plusieurs fois en raison de besoins croissants. On estime que les anciens combattants représentent 8,5 % des clients des refuges pour sans-abris à Ottawa. 

L’Alliance canadienne pour mettre fin à l’itinérance a lancé Prêt pour zéro Canada en 2019. Plus d’une trentaine de collectivités du pays s’efforcent ainsi de mettre au point un modèle visant à mettre fin au sans-abrisme chronique et au sans-abrisme des anciens combattants. 

London, Ontario, est devenue la première communauté Prêt pour zéro à atteindre « pratiquement zéro » itinérance chez les anciens combattants en octobre 2020 : la ville de 400 000 habitants avait suffisamment de logements pour accueillir tous les anciens combattants sans abri. 

Le travail n’est pas fini, avait déclaré M. John Slugget, agent des services de la filiale Victory de la Légion à London, lors d’un entretien. 

« L’itinérance subsistera toujours, et nous devons continuer de travailler ensemble en tant que communauté pour soutenir ces personnes et faire en sorte qu’elles aient toujours un logement dans notre communauté. » 

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