Pour la patrie

Au moins 200 francophones servirent à la guerre d’Afrique du Sud

Le lieutenant-colonel François-Louis Lessard commanda le Royal Canadian Dragoons en Afrique du Sud.
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La première guerre à laquelle le Canada a pris part à l’étranger est celle d’Afrique du Sud (1899-1902). 

La guerre avait été causée par la rivalité économique et l’antagonisme culturel entre les Britanniques, enracinés dans les colonies du Natal et du cap de Bonne Espérance, et les descendants des colons néerlandais dans les petites républiques de l’État libre d’Orange et du Transvaal. 

La guerre éclata le 11 octobre 1899, et le vaste Empire britannique fit appel à ses colonies autonomes, dont le Canada.

Le premier ministre d’alors, Wilfrid Laurier, y vit une menace pour l’unité nationale à cause de la pression constante de la presse et de la population pro-impérialiste anglophones qui l’enjoignaient à appuyer la Grande-Bretagne en envoyant un contingent militaire. Cependant, il y avait une vive opposition à cette mesure au Québec, quoiqu’en y regardant de plus près, on percevait un certain degré d’appui à la guerre parmi les élites politiques et militaires du Canada français, particulièrement au début.

Les troupes canadiennes monte à bord du Sardinian, à Québec, le 30 octobre 1899.
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Le premier contingent canadien, commandé par le lieutenant-colonel William Otter, comprenait huit compagnies régionales de 125 hommes, y compris la compagnie F de Québec et de ses environs. 

Le major francophone Oscar Pelletier, l’un des commandants adjoints du contingent, était à la tête de quatre compagnies. Cependant, il n’y avait que 50 francophones, environ, au sein de la compagnie F. Ce petit nombre ne reflétait pas nécessairement le degré de soutien à la guerre, car l’armée ne fonctionnait qu’en anglais.

La Presse et La Patrie publièrent des articles dénigrant la position britannique, mais ils en publièrent encore plus qui lui étaient favorables.

Le Soleil annonça avec fierté qu’une force canadienne s’était rassemblée au port de Québec pour monter à bord du vapeur Sardinian le 30 octobre :

« Nous sommes toujours anxieux d’aller au feu. »

« Un seul devoir s’impose à la ville de Québec […] c’est d’acclamer ceux qui partent comme il convient d’applaudir à la bravoure, à l’abnégation, au dévouement […] de manière à faire comprendre à tous le sentiment vrai de Québec ». 

Le maire de Québec, Simon Napoléon Parent, s’exclama: « Vous saurez maintenir la réputation proverbiale de la vieille cité de Québec pour sa loyauté à l’empire. » 

 

Le mémorial de la guerre d’Afrique du Sud fut dévoilé au Dominion Square (maintenant la place Dorchester) le 24 mai 1907.
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À leur arrivée en Afrique du Sud, les hommes s’en-trainèrent et s’adaptèrent au climat. Le soldat Léonard Dolbec écrivit ceci à son épouse : « Nous sommes toujours anxieux d’aller au feu, un peu ou moins, pour avoir une idée de la guerre […]. Je t’assure que bien souvent ma pensée se porte vers mon cher Québec, près de toi et ma chère petite fille. »

Plusieurs officiers supé-rieurs canadiens français servirent en Afrique du Sud. Le lieutenant-colonel François-Louis Lessard, commandant du Royal Canadian Dragoons, fut cité à l’ordre du jour plu-sieurs fois et il fut nommé Compagnon de l’Ordre du Bain. Il était major-général lorsqu’il prit sa retraite après la Première Guerre mondiale. 

Le médecin-major Eugène Fiset, médecin militaire très travailleur et populaire en Afrique du Sud, reçut l’Ordre du Service distingué et fut cité trois fois à l’ordre du jour. Il fut lieutenant-gouverneur du Québec de 1939 à 1950.

Au moins 200 francophones servirent en Afrique du Sud, sur les 7 368 volontaires canadiens, c’est-à-dire à peu près trois pour cent. Huit d’entre eux n’en revinrent jamais. Plus d’un siècle après, rares sont les gens qui se souviennent de leur service à la nation, et à l’empire. 

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