Une journée monumentale

Le 26 juillet 1936, 3 000 vétérans de la bataille assistèrent à l’inauguration du Mémorial national du Canada à Vimy, en France

Le roi Édouard VIII, médaille de la Légion canadienne au revers, à la tête des pèlerins de Vimy lors de l’inauguration du Mémorial national du Canada à Vimy, en France.
Georges Bertin Scott/MCG/19670070-014

26 juillet 1936, 11 ans et 1,5 million de dollars après le début de la construction, 100 000 personnes se rassemblèrent sur les pentes de la crête de Vimy, en France, pour assister à l’inauguration d’un des monuments commémoratifs de guerre les plus saisissants d’Europe.

L’imposant Mémorial national du Canada à Vimy fut conçu par le Torontois Walter Allward en l’honneur des plus de 11 285 Canadiens morts au combat en France pendant la Grande Guerre, et dont on ne connait pas le lieu du dernier repos. Il se dresse au point culminant de la crête où, selon certains, le pays est né.

Ce monument pour la paix tient la vedette de l’ancien champ de bataille, devenu un parc de 91 hectares sur les lieux où les quatre divisions du Corps expéditionnaire canadien ont combattu pour la première fois ensemble – et ont remporté un succès là où d’autres avaient connu l’échec.

Quelque 3 000 vétérans de la bataille se promenèrent sur le terrain pour lequel ils s’étaient battus et où 3 598 de leurs compagnons d’armes avaient trouvé la mort. Cette fois-ci, beaucoup d’entre eux avaient des proches à leurs côtés.

« Ce glorieux monument qui couronne la colline de Vimy fait partie du Canada à jamais, bien que les dépouilles mortelles des fils du Canada gisent loin de chez eux », déclara le roi Édouard VIII lors de l’inauguration. 

« Leur vénérée mémoire est sanctifiée sur un sol qui est aussi canadien que n’importe quel arpent de leurs neuf provinces. »

Le sarcophage de pierre sculpté pour le mémorial en 1935. Le concepteur, Walter Allward, choisit une roche calcaire dans une ancienne carrière romaine de Seget, en Croatie.
BAC/3612539

Le pèlerinage à Vimy fut à l’époque le plus important déplacement de Canadiens en Europe. Ottawa avait renoncé aux frais habituellement demandés pour les passeports et avait même émis des passeports spéciaux pour le pèlerinage à Vimy. Le gouvernement et le secteur privé avaient aussi accordé des congés payés à leurs employés qui voulaient s’y rendre.

La Légion canadienne avait organisé le logement et le transport. Cinq paquebots transatlantiques escortés par deux bâtiments de guerre canadiens quittèrent Montréal le 16 juillet et arrivèrent au Havre le 24 et le 25. Les pèlerins furent logés dans neuf villes du nord de la France et de la Belgique, et 235 autocars avaient été réservés pour faire la navette. Le voyage de trois semaines et demie coutait 160 $ par personne (soit l’équivalent de 3 000 $ en 2021).

Au mémorial, le roi Édouard se mêla au public. Des avions militaires survolèrent les têtes en faisant un salut de l’aile. Au pays, les gens étaient captivés, écoutant la radio dans les cuisines et les salons, dans les salles de la Légion et dans les casse-croutes.

Trois ans plus tard, le Canada était à nouveau en guerre en Europe et aux quatre coins du monde. 

Les colonnes du Mémorial de Vimy surplombent les marins défilant à la revue après l’inauguration.
Photo d’archive du Toronto Star/Collection Baldwin/Bibliothèque publique de Toronto
Édouard salue Mme Charlotte Wood de Winnipeg, première Mère de la Croix d’argent du Canada, qui avait perdu deux fils à la guerre. Le président français, Albert Lebrun, les regarde.
Archive Smith/Alamy/2BW3J04
La pièce maitresse de l’immense monument, le Canada en deuil, fut sculptée dans un bloc de pierre de 30 tonnes.
Bureau de cinématographie du gouvernement canadien/BAC/3224327
L’artiste français Georges Plasse fit des esquisses de la vision d’Allward.
Georges Plasse/Walter Seymour Allward/Toronto Reference Library
Le terrain porte encore les traces des combats.
iStock/531109315
Des âmes de soldat grimpent la côte dans le tableau du capitaine australien William Longstaff « The Ghosts of Vimy Ridge » (les spectres de la crête de Vimy, NDT). Allward dit qu’il avait été inspiré par un rêve qu’il avait fait pendant la guerre où des soldats morts « se levaient en grand nombre, défilaient silencieusement et reprenaient le combat pour porter secours aux vivants ».
MCG/19890275-051
Le mémorial porte les noms des 11 285 Canadiens morts en France à la Grande Guerre et dont le lieu de sépulture est inconnu. C’est encore un lieu de pèlerinage aujourd’hui.
Nigel Jarvis/iStock/1277880634

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