Beaucoup de courage

Jour J : Le Régiment de la Chaudière débarque dans la tourmente 

Des fantassins du Régiment de la Chaudière dans un bâtiment d’assaut de débarquement quittent le NCSM Prince David, au large de Bernières-sur-Mer, en France, le 6 juin 1944.
Donovan James Thorndick/MDN/BAC/3405729

Comme ce fut le cas pour tant d’autres régiments canadiens, le jour J couta très cher au Régiment de la Chaudière lorsqu’il débarqua le 6 juin 1944 à Juno Beach, une plage française de Bernières-sur-Mer.

Le régiment avait été mobilisé en 1939 et envoyé en Grande-Bretagne en juillet 1941, où il s’était entrainé pendant trois ans. Bon nombre de ses recrues, souvent des agriculteurs ou des bucherons, venaient de la région accidentée de l’est du Québec, notamment du Bas-Saint-Laurent. La formation était l’un des bataillons de fantassins qui constituaient la 8e Brigade de la 3e Division d’infanterie canadienne.

Le lieutenant D. Paré, gravement blessé, aida les survivants à gagner le rivage.

Le Régiment de la Chaudière, 800 soldats sous les ordres du lieutenant-colonel Paul Mathieu, est le seul régiment canadien-français qui a débarqué en France le jour J. L’unité était le bataillon de réserve de la 8e Brigade. Il mit pied à terre à 8 h 30, dans la deuxième vague derrière le Queen’s Own Rifles qui avait subi de lourdes pertes en établissant une tête de pont à Bernières.

Les hommes quittèrent la sécurité relative de leur navire de débarquement, le NCSM Prince David, descendirent dans des bâtiments d’assaut de débarquement et s’en remirent à leur destin pourtant bien incertain. En s’approchant de la plage à marée montante, de nombreux bâtiments d’assaut de débarquement explosèrent sur des obstacles minés, et les hommes éjectés dans la mer déchainée se retrouvèrent sous le feu des mortiers et de l’artillerie des Allemands. 

La Compagnie A perdit tous ses bâtiments de débarquement et ses hommes atteignirent la terre ferme à la nage après avoir perdu la plus grande partie de leur équipement, armes comprises. Il y eut un très grand nombre de victimes dans le 11e Peloton de la Compagnie B quand son bâtiment de débarquement explosa sur une mine. Le lieutenant D. Paré, gravement blessé, aida les survivants à gagner le rivage et essaya de les réorganiser en unité de combat. On peut lire ceci dans le journal du régiment : « la plupart des bâtiments d’assaut de débarquement ont été coulés, et il y a beaucoup de morts et de blessés. »

Des membres du Régiment de la Chaudière s’entretiennent avec des civils français à Bernières-sur-Mer, en France, le 6 juin 1944.
Frank L. Dubervill/MDN/BAC/3203114

Le soldat Pierre Gauthier faisait partie du régiment ce jour-là. Des années plus tard, il revient sur l’horreur vécue à Juno Beach. 

« Ça a pris beaucoup de courage pour débarquer des bateaux et marcher dans l’eau. Débarquer avec 50 ou 60 autres soldats que tu connais, avec qui tu as entraîné, les voir blessés, puis les voir mourir proches de toi, c’est très stressant. Il faut vivre ça pour savoir comment ce que c’est. » (sic) 

Le régiment avait reçu l’ordre de traverser Bernières, en ruines, aussi vite que possible, et de foncer trois kilomètres au sud vers les villages de Bény-sur-Mer et de Basly tout en détruisant au passage les canons allemands qui tiraient encore sur la plage. 

Pendant que les hommes se rassemblaient aux abords de la ville, les civils de Bernières étaient ravis de découvrir ces Canadiens français dont l’accent rappelait à certains des plus vieux habitants du coin le français normand de jadis. 

« Les Français sont assez accueillants et beaucoup nous acclament au milieu des ruines de leurs maisons », est-il écrit dans le journal militaire. Le régiment se retira ensuite lentement de Bernières pour poursuivre ses objectifs et se lancer dans les durs combats qui l’attendaient.

Le régiment déplora 18 morts, 44 blessés et 42 prisonniers le Jour J. Le village de Bernières a rendu un digne hommage à ses sacrifices en nomwmant l’une de ses grandes rues « Régiment de la Chaudière ». 

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