Garde à vous!

Le 22e protège le palais de Buckingham

Le palais de Buckingham
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La fameuse cérémonie de la Relève de la garde au palais de Buckingham, et la protection des lieux et du monarque, sont traditionnellement des responsabilités qu’assument les détachements de régiments de fantassins britanniques très disciplinés choisis dans la Brigade of Guards.

British Pathé

La suggestion initiale avait peut-être été faite par le roi George VI lui-même.

Du 17 au 20 avril 1940, le prestigieux Royal 22e Régiment (R22eR), seul régiment canadien-français en Grande-Bretagne à l’époque, rompit avec cette pratique.

Le régiment avait été envoyé en Grande-Bretagne avec la 1re Division canadienne en décembre 1939 et suivait une formation à Aldershot. À peine un mois plus tard, le Dominions Office, le ministère responsable des relations avec le Commonwealth, en collaboration avec des représentants du palais, invita le R22eR à monter la garde. 

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C’était sans précédent. La suggestion initiale avait peut-être été faite par le roi George VI lui-même, car il était colonel en chef du R22eR. C’était la première fois que cet honneur échoyait à un régiment qui n’était pas britannique, et évidemment, la première fois que les ordres à la garde seraient donnés en français. 

Six officiers et 80 militaires du rang furent retenus pour cette fonction.

Le roi George VI (ci-dessus) en uniforme d’admiral de la flotte inspectant le Royal 22e Régiment quand il assurait la garde au palais de Buckingham du 17 au 20 avril 1940.
British Pathé

Les hommes du R22eR arrivèrent à la gare de Waterloo le 16 avril, et ils défilèrent dans les rues de Londres derrière la fanfare de la Brigade of Guards. Il fut noté par la Presse canadienne que les « Canadien français solides, affichant la précision dans chacun de leurs mouvements », furent acclamés par des milliers de spectateurs tout au long de la parade jusqu’au casernement Wellington, où ils passèrent la nuit.

Le lendemain, journée ensoleillée, des milliers de personnes les regardèrent défiler en tenue de combat, casque en acier sur la tête et fusil avec baïonnette à l’épaule, jusqu’aux portes du palais où ils prirent la relève des Welsh Guards, dans ses fonctions de garde et de cérémonie. Le commandant de la garde sortant remit les clés du roi au capitaine Gérard Charlebois qui commandait le détachement canadien. L’orchestre du Grenadier Guards joua Alouette et Vive la Canadienne. 

Le roi sortit dans la cour du palais, entouré d’officiers supérieurs et de diplomates canadiens. Les soldats, dont la plupart mesuraient au moins six pieds, firent une forte impression. « Le détachement choisi [… ] se compose de gars solides et de belle taille », rapporta La Presse. Les « soldats vaillants du Québec » furent également louangés dans un éditorial publié par le Globe and Mail le 18 avril. 

C’était « difficile de bien apprécier la relève [de la garde] par le Royal 22e Régiment (du Québec), raconta le Times de Londres à ses lecteurs. Ces soldats […] enthousiastes sont venus pour la grande cause […]. » 

On nota dans une bande d’actualités de deux minutes de la British Pathé que les ordres avaient été donnés en français et que cela n’était « probablement pas arrivé depuis l’époque des Normands ». « Les Canadiens français prennent la relève! Un symbole de l’unité de l’empire », y proclamait le narrateur.

En juillet 2014, à l’occasion du 100e anniversaire du R22eR, un détachement de 70 soldats forma la garde de cérémonie au palais de Buckingham, au palais de St. James et à la tour de Londres, réaffirmant ainsi les liens du régiment avec la Couronne. 

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