Comme neuve, ou presque

Une Jeep de l’époque de la guerre de Corée est soigneusement restaurée

Les Jeep que les soldats canadiens utilisaient à la guerre de Corée étaient des engins fort pratiques.

Ces véhicules utilitaires à quatre roues motrices servaient au transport de commandants, de policiers militaires, d’estafettes du corps des transmissions et de marchandises légères, et faisaient parfois office d’ambulances ou de véhicules de reconnaissance. Leur système électrique étanche leur permettait de traverser les cours d’eau même quand leur moteur était submergé. Elles pouvaient se faire soulever par un hélicoptère.

Une Willys M38-A1 est chargée dans un Dakota C-47 de l’ARC. La Jeep était assez légère pour qu’un hélicoptère puisse la soulever.
Comox Air Force Museum

Elles remorquaient des armes antiaériennes et antichars, et on pouvait y fixer des fusils sans recul. En cas de nécessité, leur capot servait de bureau ou de table.

Quelque 50 000 Jeep furent fabriquées aux États-Unis et au Canada pour la Corée, dont 2 135 Willys M38 assemblées à Windsor, Ont., par la Ford Motor Company en 1952.

 

La Willys M38 fut remplacée par la M38-A1, dont une, restaurée minutieusement pendant deux ans, se trouve à nouveau devant la filiale Georges Vanier de la Légion royale canadienne à Hawkesbury, Ont.

La Jeep avait été exposée aux intempéries devant la filiale durant des années : la peinture s’écaillait, la capote était en lambeaux, la carrosserie était trouée par la rouille. Jack Hume, premier vice-président de la filiale actuel, se porta volontaire pour en diriger le projet de restauration.

La restauration de la Jeep Willys, soigneusement décapée et poncée, lui a redonné sa beauté d’origine.
Jack Hume/Save the Jeep

Cette Jeep, utilisée à une base où l’on formait des soldats au service à l’étranger, est du même modèle que celles qui étaient envoyées à la guerre de Corée, dit Hume, qui a passé quelque 200 heures à la restauration du véhicule dans son atelier de carrosserie.

Des entreprises locales ont donné un coup de main, l’une faisant don d’un pare-brise, l’autre offrant des rabais sur les pièces. « Ce n’était pratiquement plus que de la ferraille, nous dit-il. Deux ou trois années de plus et il n’en serait resté qu’un tas de rouille. »

Bien qu’elle ait maintenant l’air neuve, elle ne roule pas : personne ne s’est occupé du groupe motopropulseur. La Jeep a repris la garde devant la filiale, rappel précieux du service d’il y a longtemps.

« C’est très important pour la Légion qu’un véhicule militaire soit garé devant le bâtiment », dit Hume.

 

En 2019, une Jeep Willys de l’époque de la guerre de Corée restaurée s’est vendue aux enchères au prix de 67 000 $, mais pendant la guerre de Corée, on pouvait s’en procurer une à bien meilleur prix – pourvu qu’on eût la bonne devise. Ron Bourgon demanda à un groupe de mécaniciens américains de l’aider à réparer sa Jeep. Ils finirent par lui dire qu’il était impossible de la réparer, et qu’il devrait faire du pouce pour regagner son unité. Quand il leur dit que c’était impossible, le sergent américain lui demanda ce qu’il transportait.

La restauration de la Jeep Willys, soigneusement décapée et poncée, lui a redonné sa beauté d’origine.
Jack Hume/Save the Jeep

« Je réponds “du whisky”. Est-ce que je pouvais leur vendre une bouteille? Eh bien, je dis, “réparez ma Jeep et je vous donne une bouteille”. » Ils sont allés chercher une autre Jeep et ont peint un matricule canadien dessus. « Il m’a donné une Jeep neuve pour une bouteille de Canadian Club. » 

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