De bonnes œuvres

Partout au Canada, les filiales de la Légion ont comblé les manques que la pandémie a causés

Les filiales de la Légion royale canadienne aux quatre coins du pays ont poursuivi leurs bonnes œuvres malgré les défis posés par la pandémie de la COVID-19, et aussi souvent en raison des nécessités qu’elle a engendrées. 

Elles ont dû dire non aux rassemblements en personne pendant des mois. Les portes closes et la chute des recettes ont porté un coup dévastateur aux finances de bon nombre d’entre elles. Leurs membres ont néanmoins redoublé leurs efforts pour distribuer de la nourriture, rendre visite aux anciens combattants, fournir des équipements de protection aux travailleurs de première ligne, entre autres gestes pour atténuer l’impact de la pandémie dans leurs communautés.

« La Légion royale canadienne existe depuis 95 ans. Elle a traversé la Grande Dépression et la guerre, mais il s’agit là de circonstances uniques », a déclaré Steven Dieter, responsable des relations publiques de l’Est de l’Ontario et membre actif des Forces armées canadiennes.

« Nous nous efforçons de faire preuve de toute la résilience possible. De très nombreuses personnes créatives au sein de notre organisation œuvrent encore dans nos communautés pour aider les ainés, pour aider les anciens combattants. »

Les filiales n’ont pas été en mesure de souligner la série d’anniversaires historiques qui avait lieu cette année ni de se préparer aux concours littéraires et d’affiches dans les écoles. 

« Alors, nous faisons du bénévolat ailleurs, nous a dit M. Dieter. Nous utilisons nos ressources où nous le pouvons en contribuant à nos collectivités en ces temps difficiles, sans toutefois nous mettre en danger. »

Voici quelques autres exemples de filiales qui ont particulièrement contribué aux efforts pendant cette situation exceptionnelle :

 

À Port Moody, C.-B., des bénévoles de la Légion ont distribué des colis de réconfort aux anciens combattants et aux ainés confinés chez eux. Dans la petite ville de Brighton, Ont., les résidents ont apporté des cœurs de papier pour que la filiale les affiche en guise de remerciements adressés aux travailleurs de première ligne. Et à Kamsack, Sask., Jim Woodward, président de la filiale, et Jean, son épouse, ont communiqué avec des membres ainés qui s’isolaient volontairement.

« Nous passons des coups de fil et nous frappons aux portes pour nous assurer que tout va bien, a déclaré M. Woodward. Depuis le début de la pandémie, nous livrons des paniers alimentaires à nos membres ainés qui ne peuvent pas sortir. Mais, nous pratiquons la distanciation sociale et nous respectons les lignes directrices provinciales et fédérales. »

 

Huit membres de la filiale Fonthill, près de Niagara Falls, Ont., ont préparé et livré gratuitement plus de 7 000 repas à réchauffer à des ainés, des anciens combattants, des personnes en isolement et à d’autres personnes pendant quatre mois après la déclaration de la pandémie.

Cinq employés travaillaient dans la cuisine trois jours par semaine pour préparer des pains de viande, des rôtis de bœuf, du poulet, des saucisses, du chou farci, des pâtes, des pérogies, des sandwichs, des salades, des tartes, des biscuits et plus encore. Trois autres assuraient les livraisons.

Pendant ce temps, la filiale de 278 membres continuait de collecter des fonds en organisant un service à l’auto de poisson-frites le vendredi soir. C’était 500 à 600 repas par semaine qui étaient emballés et remis depuis la fenêtre de la cuisine.

Les repas de poisson-frites et les diners gratuits étaient si populaires, et les cuisiniers si occupés, qu’en aout, le ventilateur d’extraction de la filiale, vieux de 50 ans, a rendu l’âme et coupé court aux efforts au moment où les restrictions concernant la COVID-19 commençaient à être allégées.

Sans se laisser abattre, deux membres ont organisé une compétition de lancer de hache en plein air, et ils ont recueilli suffisamment de fonds pour remplacer l’ancien appareil au début du mois de septembre. La filiale, qui avait servi un diner de Pâques en avril, prévoyait de se remettre à la cuisine dès l’installation effectuée. Elle comptait notamment sur un diner de l’Action de grâce à la mi-octobre.

« Ça a bien marché, a déclaré Toni McKelvie, la présidente de la filiale qui, en plus de prendre soin de ses petits-enfants, a passé des centaines d’heures en cuisine depuis le début de la pandémie. Je suis tellement contente de la façon dont ça s’est passé. »

« Je m’attendais à ce qu’il y ait à peu près 150 à 200 repas; je ne pensais pas que le confinement durerait aussi longtemps. Mais comme ça s’est prolongé, les gens ont
dit : “on continue’’. Nous avons un bon noyau de bénévoles ici, ce qui aide vraiment beaucoup. J’ai hâte de m’y remettre. »

 

À la filiale Calgary-Nord, les bénévoles ont préparé plus de 200 casse-croutes par jour, sept jours par semaine, pendant tout l’été.

Le programme visait à l’origine les enfants, mais il s’est rapidement étendu à toute personne dans le besoin, notamment les ainés d’une résidence du voisinage.

En accordant une attention toute particulière aux mesures d’hygiène, de désinfection et de distanciation sociale, les bénévoles de la filiale ont cuit des petits pains à sandwich et des entreprises locales ont donné des ingrédients ainsi que des fruits et des coupes de fruits, des yogourts, des biscuits et autres.

« C’est pour les communautés voisines dont les écoles, où les enfants prennent normalement leur déjeuner, sont fermées, a déclaré Mark Barham, le président. » 

« Nous sommes allés voir les fournisseurs […] qui ont immédiatement embarqué en nous disant qu’ils offraient “tout ce dont vous avez besoin”. »

Un jour, une entreprise locale est arrivée avec un camion plein de sandwichs à petit déjeuner, soit 214 caisses. La filiale les a remises à une banque alimentaire locale.

On a aussi vu une immigrante libanaise se présenter avec son enfant. Son mari était encore au Liban et elle avait déménagé de Montréal à Calgary pour le travail, mais avait perdu son emploi à cause de la pandémie. Elle a humblement demandé deux diners. Cependant, on a vite compris qu’elle avait un autre enfant à la maison et qu’elle avait l’intention de diviser les deux repas en trois. On lui a donné un troisième diner en lui disant de revenir tous les jours. Elle l’a fait.

Des bénévoles aux quatre coins du pays confectionnent des masques pour aider les gens à se protéger. Don Staniforth, membre de la filiale québécoise Hudson, s’est allié avec d’autres bénévoles à un groupe de broderie et ils ont fourni 2 500 masques à l’hôpital de Sainte-Anne, soit assez pour que chaque patient et membre du personnel en aient plusieurs.

Nous disons aux gens de nous appeler s’ils ont besoin de nous.

« Ils ont fait un excellent travail », a déclaré Rod Hodson, le président de la filiale qui prévoyait une réouverture progressive de la salle de la Légion à la mi-septembre.

M. Hodson a envoyé un bulletin hebdomadaire aux membres de la filiale, a retrouvé des camarades deux fois par semaine dans le parc de stationnement de la filiale, et a maintenu un contact régulier par téléphone avec les anciens combattants locaux âgés de 85 à 95 ans. 

« C’est ce qui importe le plus : garder le contact avec nos membres et les informer de ce qui se passe. Nous disons aux gens de nous passer un coup de fil s’ils ont besoin de nous. Sur nos 420 membres, un seul m’a téléphoné. »

M. Hodson dit qu’il est important de garder un œil sur les membres, de maintenir le contact avec eux et de les tenir au courant des développements, en particulier en ces temps incertains.

« Vous savez, certains d’entre eux vivent reclus et il y en a qui ne sortent pas beaucoup. C’est important. »

 

Le gouvernement de l’Ontario a accordé une dispense spéciale à la filiale Aurora pour qu’elle puisse poursuivre les collectes de sang mensuelles organisées par la Société canadienne du sang, organisation sans but lucratif, durant la pandémie.

Claude Arcand, trésorier et lui-même donneur de sang de longue date, a rejoint d’autres cadres de la filiale pour surveiller les collectes et s’assurer que tout se passait bien dans le respect des lignes directrices.

La filiale a commencé sa réouverture en juillet avec des créneaux horaires réduits. En septembre, elle était ouverte du mercredi au dimanche et servait des barbecues le vendredi soir dans un patio tout juste agrandi.

« Nous faisons appel à la générosité de nos membres, et ils nous ont très bien soutenus pour nous aider à rester financièrement viables », a souligné M. Arcand.

Le soutien a permis à la filiale d’avoir des comptes en règle et de faire des dons à des organismes de bienfaisance locaux. Tout au long de la fermeture, les ressources et services de représentation de la filiale sont restés à la disposition des membres et des anciens combattants avec un préavis maximum de 24 heures.

 

À la filiale Dalhousie, N.-B., Floyd Vincent, le président, s’est illustré comme fer de lance des efforts réalisés pour maintenir le contact avec les membres d’un foyer voisin pour ainés ainsi qu’avec des personnes qui s’isolaient à la maison. La filiale a fourni des masques aux gens qui en avaient besoin.

Le tirage chasse-à-l’as de la filiale a rapporté entre 400 $ et 500 $ par semaine. En septembre, la cagnotte se montait à 5 500 $.

La mobilisation de la communauté et la communication sont essentielles à la Légion, a expliqué M. Vincent, que rien n’arrête à 81 ans. Le président du coquelicot de la filiale, Marinus Degroot, est un vétéran de la Seconde Guerre mondiale néerlandais de 92 ans.

« On ne doit pas ralentir, a souligné M. Vincent, qui appelait des anciens combattants tous les soirs, pendant toute la fermeture, pour bavarder avec eux. On doit continuer. Nous aimons l’organisation, nous aimons les locaux, et nous avons un peu d’argent en banque. »

« La filiale est viable pour au moins quatre ou cinq ans. Mais on ne doit pas s’arrêter. Si on s’arrête, tout est perdu. »

 

À certains endroits, les bonnes œuvres fonctionnaient dans les deux sens.

Anne Marie Grenning, directrice adjointe de la filiale St. John’s, peignait un jour sa clôture lorsque son téléphone a sonné. Son mari, Greg, président de la filiale, s’était arrangé pour que les appels de la Légion soient transférés à leur domicile.

Au bout du fil se trouvait Madonna Porter, de la ville avoisinante de Conception Bay South.

Mme Porter avait vu aux nouvelles que la Légion locale était confrontée à des défis à cause de la pandémie, et elle voulait offrir son aide en faisant don de toute sa collection de poupées Barbie et de poterie pour qu’on la mette aux enchères. 

Plus de 500 Barbie datant des années 1960 à nos jours étaient stockées dans une dépendance derrière sa maison qu’elle appelle « le musée », exposées sur des étagères allant du sol au plafond. Une longue table au centre de la pièce était prise par la collection, et il y en avait aussi plein les armoires, les boites et les bacs en plastique. Selon un estimateur, la collection de poupées valait à elle seule 250 000 $.

Mme Porter a travaillé dans le domaine de la santé pendant 38 ans, mais a souffert de dépression, de solitude et de stress post-traumatique après avoir pris sa retraite. Elle a expliqué au St. John’s Telegram que la collecte, le tri, le nettoyage et le coiffage des poupées Barbie l’aidait.

« Ça m’a aidée à gérer mon anxiété et mon stress, a-t-elle souligné. Prendre quelque chose en mauvais état et en faire quelque chose de beau me rendait heureuse. »

Elle a invité M. Grenning et trois membres de la direction de la filiale à voir le fruit de sa passion.

La filiale vendait des repas deux fois par semaine pour tenir les comptes. Le don de Mme Porter est une aubaine, a souligné M. Grenning.

« C’est stupéfiant, a dit M. Grenning au Telegram. Une véritable joie. »

 

À Langford, C.-B., à la mi-juillet, Ultra Liquid Labs a fait don de 350 bouteilles de gel hydroalcoolique pour les mains à la Légion locale.

« Vu tout ce qui se passe dans le monde, les dons [de solution hydroalcoolique pour les mains] sont une nécessité aux lieux comme la Légion, qui participe tant à la vie communautaire, ou aux banques alimentaires, car c’est là qu’ils atteignent le plus grand nombre possible de gens, et aussi parmi eux des personnes qui n’ont peut-être pas les moyens d’acheter des produits comme du gel hydroalcoolique pour les mains », a expliqué au Sooke News Mirror Chris Mathison, directeur des activités de l’entreprise.

Norm Scott, directeur de la filiale, a déclaré que la sécurité et la protection étaient primordiales avec la reprise graduelle des activités sociales et communautaires. La filiale distribue tous les ans plus de 100 000 $ à des causes locales.

« Quand vous venez ici […], vous vous sentez en sûreté », a déclaré M. Scott.

 

Les filiales ont aussi eu recours aux réunions et événements en ligne pour garder le contact. La filiale Woodbine Heights de Toronto a organisé des événements musicaux en direct dans ce qui est devenu sa « filiale virtuelle ». Brenda Heath, la présidente, a invité les membres et leurs amis à organiser des fêtes semblables où ils feraient de la musique, chanteraient des chansons ou raconteraient des histoires.

« Nous traverserons tout ça ensemble et avec la distanciation sociale », a déclaré Mme Heath.

Le programme Buddy Check Coffee, qui permet aux anciens combattants de se réunir dans un cadre favorable à la socialisation, est entré dans le monde virtuel sous le nom de Virtual Buddy Check Coffee pour donner aux anciens combattants un moyen sûr et pratique de se retrouver et clavarder.

Le programme de pairs est présenté comme une occasion de nouer des amitiés dans un cadre décontracté. Il encourage les anciens combattants à réseauter, à échanger leurs expériences et à raconter des histoires devant un café.

Il est dirigé par la section spéciale des blessures de stress opérationnel de la Légion et organisé par des membres. De plus amples détails se trouvent sur le site Web de la LRC et sur la page Facebook du Buddy Check Coffee.

 

À Penetanguishene, Ont., les bénévoles de la Légion ont livré des produits essentiels dans une grande région du comté de Simcoe près de la pointe sud-est de la baie Georgienne.

« Tout a commencé par l’idée de livrer des vivres et des médicaments aux anciens combattants, a déclaré Paul Howe, président de la filiale. Et nous avons fini par le faire également pour les ainés et les personnes isolées. Ça n’était pas un problème. »

Jusqu’à huit bénévoles masqués faisaient les courses et huit chauffeurs livraient les marchandises. Certains bénéficiaires passaient leur commande directement à l’épicerie par téléphone ou courriel et la payaient à distance.

« Nous avons fait près de 450 livraisons dans tout le canton, parfois dans un rayon de 35 kilomètres, a déclaré M. Howe, lui-même ancien combattant. Nous sommes allés un peu partout. Les ainés ont beaucoup apprécié. »

L’épicier Foodland de la localité a fait don de 1 000 $ à la cause, en ajoutant des coupons-cadeaux de 25 $ aux bénévoles qui, sans exception, les ont remis aux gens de la communauté qui en avaient vraiment besoin.

M. Howe a également demandé aux dames auxiliaires de former une équipe pour appeler les membres tous les quinze jours afin de s’assurer qu’ils allaient bien et ne manquaient de rien.

« On apprécie ce qu’on a quand on le perd », a déclaré M. Howe.

 

La filiale Lockerby de Sudbury, Ont., offre deux repas gratuits par semaine aux anciens combattants et aux ainés à risque depuis le début de la pandémie. 

« Tout a commencé par du bouche-à-oreille parmi nos membres, a déclaré Mary Michasiw, la présidente. L’étape suivante a été de le faire savoir à la ville, qui a transmis nos coordonnées à de nombreuses organisations. »

Les personnes intéressées n’ont pas tardé à se manifester.

« Tout le monde veut aider et tout le monde veut que chaque personne soit en sécurité. »

Il n’a pas fallu longtemps pour que 50 personnes s’inscrivent pour bénéficier des repas de la filiale et que plus encore se proposent pour leur venir en aide.

« Cela n’a rien à voir avec les moyens financiers qu’on a, a déclaré Mme Michasiw. C’est une question d’accès aux services, de fierté, de demander de l’aide et ce genre de choses. »

Mme Michasiw a déclaré qu’elle espérait que le programme continue après la pandémie.

« Nous avons d’incroyables bénévoles qui sont prêts à travailler en cuisine ou à livrer les repas. J’aimerais que le programme se poursuive, même sous une forme différente. »

 

Ces efforts touchent là au cœur de la raison d’être de la Légion. Le pan social étant suspendu, les membres gravitent vers les bonnes œuvres.

« Les membres de la Légion sont unis dans tout le pays, a déclaré dans The Globe and Mail Thomas Irvine, président national. Ils font ce qui est dans l’intérêt des anciens combattants de leur communauté parce qu’ils se soucient d’eux. Ils leur sont d’un grand soutien. » 

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