Les Soldats et les séparatistes

Des enfants s’émerveillent devant des soldats qui gardent des édifices à Montréal, en 1970. Le drapeau du Front de libération du Québec comprenait la silhouette d’un Patriote (en regard).
BAC/PA-129833; Musée canadien de la guerre
Le Front de libération du Québec (FLQ), mouvement marxiste indépendantiste, tenta de renverser violemment l’ordre politique du Québec entre 1963 et 1970. Entre autres crimes, ses 500 membres perpétrèrent des dizaines d’attentats à la bombe dans la région de Montréal, en particulier contre le gouvernement fédéral. En 1970, la ville semblait en état de siège; la population était effrayée et les autorités, fortement ébranlées.

Le 5 octobre, des militants du FLQ kidnappèrent James Cross, délégué commercial de Grande-Bretagne à Montréal, et réclamèrent la libération de leurs camarades emprisonnés en échange de sa vie. Le 10 du même mois, une autre cellule du Front enlevait Pierre Laporte, ministre québécois de l’Immigration, du Travail et de la Main-d’œuvre. Ottawa s’alarmait.

Le gouvernement fédéral accéda immédiatement à la demande de Bourassa.

L’armée lança l’opération Ginger deux jours après. Plus de 3 000 soldats, dont un grand nombre de la BFC Kingston et de la garnison de Petawawa, furent déployés à Ottawa pour protéger les diplomates et les politiciens prééminents, les bâtiments publics clés comme le Parlement et les infrastructures essentielles comme les installations hydroélectriques.

Le 15 octobre, comme les choses s’envenimaient encore, le premier ministre du Québec, Robert Bourassa, demanda l’aide militaire d’Ottawa pour sa province. Compte tenu de la nécessité de protéger les fonctionnaires et les lieux de premier plan, sans parler des 10 jours de recherches intensives sur les enlèvements, les capacités des forces de police locales avaient été mises à rude épreuve. Le gouvernement fédéral accéda immédiatement à la demande de Bourassa.

L’armée lança l’opération Essay. Une compagnie de fantassins du Royal 22e Régiment (plus de 100 soldats) de la BFC Valcartier, près de Québec, se rendit tout de suite à Montréal en hélicoptères. De longs convois de véhicules militaires transportant des soldats du 5e Groupement de combat de Valcartier, y compris d’autres fantassins du 22e ainsi que des artilleurs et des membres d’unités blindées, se rendirent à Montréal, Québec, Trois-Rivières, Sherbrooke, Sorel et d’autres centres urbains.

Le 1er Commando du Régiment aéroporté du Canada prit l’avion à Edmonton le même jour pour se rendre à Montréal. Le lendemain, des éléments du Royal Canadian Regiment basés à Gagetown, N.-B. et à London, Ont. se précipitèrent vers la ville secouée par la violence. 

Le drapeau du Front de libération du Québec arborait un habitant armé, symbole historique des rebelles francophones d’antan.
MUSÉE CANADIEN DE L’HISTOIRE
Les soldats étaient armés et appuyés par des unités des communications, du renseignement et de la logistique de diverses bases du pays. La réponse militaire était complète et efficiente. Plus de 7 500 soldats finirent par servir à Montréal.

Ils patrouillaient dans les rues, effectuaient des missions de reconnaissance aérienne et gardaient l’hôtel de ville, les bâtiments fédéraux, les maisons de politicien et les infrastructures essentielles, ce qui permettait aux policiers de se concentrer sur la poursuite des ravisseurs. 

Le 16 octobre, le gouvernement fédéral proclama la Loi sur les mesures de guerre, supprimant les libertés civiles et permettant à la police d’assumer des pouvoirs de perquisition et de saisie extraordinaires jusqu’à ce que l’ordre public soit restauré. Les soldats ne menaient pas de raids eux-mêmes, mais ils aidaient les policiers en bouclant et sécurisant leurs zones d’opérations, se tenant parfois coude à coude.

Laporte fut assassiné par ses ravisseurs le 17 octobre. Ce n’est qu’au mois de décembre que les ravisseurs de Cross furent retrouvés. Leur exil à Cuba fut accepté en échange de la libération de leur otage. 

La plupart des soldats partirent de Montréal ce mois-là, et le dernier s’en alla en début février 1971. Pas un seul coup de feu n’avait été tiré par les militaires, mais leur démonstration de force avait permis de restaurer la sécurité du public. La révolution du FLQ avait été écrasée.

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