Le forum sur la santé des anciens combattants a lieu en ligne

Des centaines de personnes aux quatre coins du pays ont participé à une série de colloques en ligne organisés par l’Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans, à la place du forum de recherche de 2020 qui avait été reporté en raison de la pandémie.

Contrairement à la panoplie de sujets du forum plénier, les sessions de l’ICRSMV en ligne se concentraient sur quatre sujets. Bien que les participants aient pu poser des questions, il ne leur a pas été possible de réseauter face à face. Il y a quand même eu un côté positif.

« Beaucoup de gens qui voulaient participer à l’ICRSMV depuis longtemps, mais qui ne pouvaient pas se rendre au forum, ont été en mesure d’assister à ces colloques », dit Patrick Smith, président du Centre d’excellence sur le trouble de stress post-traumatique et les états de santé mentale connexes. Le forum se tient dans une ville différente chaque année, et la plupart des participants viennent de loin pour y assister.

M. Smith a animé la séance sur la douleur chronique. Les autres sujets abordés concernaient la COVID-19 et la modification des activités, le préjudice moral, et la recherche sur le sexe et le genre.

Patrick Smith, président du Centre d’excellence sur le trouble de stress post-traumatique et les états de santé mentale connexes
CIMVH

Le panel sur la COVID-19 qu’a animé le lieutenant-colonel Andrew Beckett, chirurgien traumatologue des FAC, a discuté de moyens de stimuler l’immunité, de difficultés de transport des patients, et de l’utilisation d’anticoagulants pour les patients gravement malades.

Les FAC réagissent aux épidémies et aux pandémies à l’échelle internationale et au pays, dit Homer Tien, colonel et chirurgien des FAC à la retraite qui dirige maintenant ORNGE, le service d’ambulance aérienne de l’Ontario. Il a fait état des recherches sur le transport aérien sécuritaire des patients gravement malades touchés par la pandémie. Des études sont en cours sur la dispersion des particules vaporisées dans les aéronefs, l’équipement de protection pratique pour le personnel sanitaire à bord et l’identification de traitement sûr en vol.

En dépit de nouvelles encourageantes, nous sommes encore loin d’avoir un vaccin efficace, a rapporté la Dre Joanne Langley, codirigeante du Groupe de travail sur les vaccins contre la COVID-19 du Canada. À l’automne 2020, quelques-uns seulement des plus de 180 vaccins à l’étude avaient entamé la phase 3 des essais cliniques où l’on en dé-termine la sécurité et l’efficacité à grande échelle.

Lorsque l’un d’entre eux sera approuvé, dit-elle, il faudra du temps pour fabriquer suffisamment de doses pour toute la population. La production sera lente, et la distribution devra s’organiser selon une liste de priorités sur laquelle les travailleurs de la santé et les secouristes seront vraisemblablement parmi les premiers.

Toutefois, le vaccin n’est peut-être pas la seule façon de stimuler l’immunité. Il y a des anticorps dirigés contre le virus dans le plasma sanguin des gens atteints par la COVID en convalescence, qui peut être séparé après un don de sang et administré à une autre personne. La recherche a montré que cette transfusion stimule l’immunité chez cette deuxième personne, a expliqué la Dre Dana Devine, experte scientifique en chef de la Société canadienne du sang.

lieutenant-colonel Andrew Beckett, chirurgien traumatologue des FAC
CIMVH

Parmi les présentateurs du webinaire sur la douleur chronique se trouvaient Friedhelm Sandbrink et Benjamin Kligler de l’U.S. Veterans Health Administration, le directeur médical du Centre d’excellence sur la douleur chronique pour les vétérans canadiens, Ramesh Zacharias et l’ancienne combattante Michelle Bourdon. 

La douleur chronique est aussi ancienne que l’humanité, mais les soins efficaces, eux, n’en sont qu’à leurs balbutiements, a déclaré le modérateur Eric Schoomaker, lieutenant-général et médecin général de l’armée américaine à la retraite.

Des centres au Canada et aux États-Unis considèrent les aspects biologiques, psychologiques et sociaux de la gestion de la douleur et adoptent des pratiques non traditionnelles, comme l’acupuncture et le yoga, en plus des traitements allopathiques. Ils évitent l’utilisation excessive d’opioïdes qui risquent de mener à des lésions et à la dépendance. 

En outre, les chercheurs se préoccupent des besoins des personnes vivant avec la douleur chronique et de ceux de leurs aidants, dit Schoomaker en résumé.

 

Tel n’est pas toujours le cas en ce qui concerne le sexe et le genre. Trop souvent, les résultats de la recherche en santé ne reflètent que les expériences d’anciens combattants et du personnel militaire de sexe masculin, a observé le groupe d’experts sur le sujet. 

Lors du développement de la recherche, il faut se demander si cela «  s’applique également à tous », dit Maya Eichler de l’université Mount Saint Vincent à Halifax et directrice du Centre pour l’innovation sociale et l’engagement communautaire dans les affaires militaires. 

C’est une question importante à un moment où l’armée canadienne veut que sa force comprenne au moins 25 % de femmes, dit Jennifer E. C. Lee, directrice intérimaire de la recherche sur le personnel et le soutien familial. Les FAC se penchent sur les politiques qui entrainent des disparités, » dit-elle. 

Les différences entre les sexes et les genres sont de plus en plus prises en compte dans les études sur les problèmes de santé des anciens combattants, et l’on y tient compte du sans-abrisme, de la transition à la vie civile, de l’inconduite sexuelle et de la santé mentale, dit Margaret McKinnon du département de psychiatrie et de sciences neurocomportementales et titulaire de la chaire Homewood en santé mentale et traumatisme de l’Université McMaster d’Hamilton. La recherche sur les effets du service militaire sur le corps et le système reproducteur féminins est urgente, dit-elle.

 

Le symposium final était consacré au préjudice moral découlant du service militaire et du service des travailleurs de la santé au cours de la pandémie.

Anthony Nazarov de l’Université Western de London, en Ontario, a fait état des progrès dans l’évaluation, la prévention et le traitement du préjudice moral, y compris les facteurs associés à la résilience et à la vulnérabilité aux blessures.  

« Les facteurs de stress moraux sont indissociables du travail », a déclaré la Dre Andrea Phelps, du Phoenix Centre for post-traumatic mental health, qui s’est jointe à la session depuis l’Australie, où il était 2 h du matin.

Le stress moral est indissociable des activités militaires et des professions de la santé et des premiers intervenants, dit-elle. Cependant, ces organisations peuvent en atténuer les effets par un soutien immédiat et puis par un accompagnement régulier, notamment le soutien par les pairs et le counseling spirituel, et par « la reconnaissance de la communauté pour le rôle essentiel qu’ils remplissent ». 

Suzette Bremault-Phillips, de la faculté de réadaptation médicale de l’Université de l’Alberta, a discuté l’accroissement de la résilience en explorant la moralité et les valeurs avant le déploiement, ce qui augmente la conscience de soi morale et permet aux militaires d’exercer leur jugement moral lors des exercices de formation.

L’ancien combattant Brian McKenna a parlé de ses expériences en Bosnie et en Afghanistan et décrit la différence entre le préjudice moral et les symptômes de stress post-traumatique. 

Le TSPT peut provoquer des réactions physiques instantanées, comme se baisser rapidement quand on entend un grand bruit. « Le préjudice moral ne vous frappe pas en plein visage […] il se forme au fil du temps […] un sentiment lancinant constant qui monte et descend. »

Donner un nom à un préjudice moral et rencontrer d’autres personnes qui le vivent est important. « Ça donne l’impression que quelqu’un, quelque part, me comprend. Savoir que ça existe donne l’espoir qu’il y a des choses à faire pour aller mieux. » Et même si les pratiques exemplaires ne sont pas encore fermement établies, « on avance un peu, au moins ».

Le prochain forum en personne sur la santé des militaires et des anciens combattants du CIMVRHR doit avoir lieu du 25 au 27 octobre 2021 à Halifax, si la pandémie le permet.

 

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