Obus perforants

Le Projector, Infantry, Anti-Tank (PIAT) frappait dur, mais il fallait être près de la cible pour réussir son coup.
MCG/19900076-675

Au moment où l’infanterie avait besoin d’un meilleur lanceur antichar, elle fut dotée du PIAT.

Tous les panzers  neutralisés pendant la Deuxième Guerre mondiale ne furent pas victimes d’autres chars ou de tirs d’artillerie. En fait, un grand nombre d’entre eux furent mis hors d’état de nuire par des fantassins.

L’exploit qui valut la Croix de Victoria à Ernest Smith, surnommé « Smokey », dans la vallée du Savio (Italie du Nord), en octobre 1944, commença quand il immobilisa un panzer à une distance de neuf mètres à l’aide d’un PIAT (Projector, Infantry, Anti-Tank [lance-bombes antichar d’infanterie, NDT]).

« Le PIAT était très prisé par les officiers, » dit Robert Engel dans Canadians Under Fire (Les Canadiens sous le feu de l’ennemi, NDT). Bien qu’il fût encombrant, il était pratique et se chargeait rapidement, il ne produisait pas de fumée et ne faisait pas beaucoup de bruit risquant d’indiquer sa position. Les fantassins bien équipés étaient très dangereux pour les chars. « Les assauts de fantassins, ironie de la chose, étaient souvent nécessaires pour nettoyer les armes antichar afin de permettre aux blindés d’attaquer. »

Le soldat L.H. Johnson (à g.) et le sergent D. R. Fairborn du 1er Bataillon canadien de parachutistes se préparent à tirer près de Lembeck, Allemagne, en mars 1945.
Lt Charles H. Richer/MDN/BAC/PA-114595

Les Canadiens virent les PIAT pour la première fois en Sicile, en 1943, et ils les utilisèrent avec succès en Normandie après le jour J. Sept pour cent des chars allemands détruits par les troupes britanniques en Normandie furent frappés par des PIAT (un pour cent de plus que le nombre de chars neutralisés par les roquettes de l’aviation).

Joseph Lapointe, du Regina Rifles, utilisa un PIAT pour détruire un char juste à côté du quartier général du bataillon à Bretteville-l’Orgueilleuse, en France, pendant la nuit du 8 au 9 juin 1944. Non loin de là, le sergent-major Basil Currie « fit feu, tirant aussi vite que je pouvais recharger les munitions. Il fit ricocher des bombes sur les deux chars, et il immobilisa le plus près avec notre dernière bombe », rapporta le sergent carabinier Irwin Wood, cité par Marc Milner dans Stopping the Panzers : The Untold Story of D-Day (Arrêter les panzers : l’histoire inédite du jour J, NDT).

À mesure que le blindage des chars s’épaississait, les lance-bombes antichar devenaient plus grands et moins faciles à porter. Un progrès dans les munitions donna lieu à l’élaboration d’une arme suffisamment puissante pour percer le blindage et qui pouvait quand même être portée par un soldat.

Le carabinier Joseph Lapointe (à g.) arrêta ce char panzer allemand à coups de PIAT à quelques mètres du quartier général du régiment Regina Rifles près de Bretteville-l’Orgueilleuse, France, en juin 1944.
Lt Donald I. Grant/MDN/BAC/PA-116529

Les Américains utilisaient le bazooka (lance-fusées antichar sans recul), les Allemands, le panzerschreck (peur blindée) et le panzerfaust (poing blindé). Le PIAT, au nom moins romantique, était simplement un tube contenant un énorme ressort, avec un plateau avant où se logeait une charge creuse en forme de cône qui explosait lors de l’impact, concentrant la force de l’explosion sur un tout petit point pour pénétrer un blindage de 75 millimètres, « et l’enflammer, le plus souvent », dit le caporal Colin Francis Fleiger de Miramichi, N.-B., lors d’une entrevue réalisée dans le cadre du Projet Mémoire.

Il fallait deux soldats pour utiliser le PIAT; un pour charger les munitions et l’autre pour l’armer, debout, et appuyer sur l’énorme gâchette, couché pour pouvoir l’agripper fermement en prévision du recul important. Le percuteur amorçait la charge propulsive de la bombe, qui explosait à l’impact. La cible devait être proche, car la portée efficace maximale du PIAT était d’à peu près 100 mètres. Ceux dont la vie en dépendait préféraient être bien plus près pour augmenter les chances de succès.

Le PIAT était censé se réarmer automatiquement, mais, comble de la frustration, cela n’était pas souvent le cas. En outre, la bombe rebondissait souvent sur le char, mais quand elle atteignait son but, elle était assez puissante pour détruire un char ennemi.

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