Lors de la guerre de 1812 qui débuta le 18 juillet, les six colonies de l’Amérique du Nord britannique furent confrontées aux États-Unis pendant presque trois ans. Les Canadiens, anglophones ou francophones, ainsi que leurs alliés autochtones, combattaient aux côtés de l’armée et de la marine britanniques, refusant de battre en retraite devant l’invasion américaine.
Pendant la première année de la guerre, les Américains traversèrent la rivière Détroit dans l’intention d’envahir le Haut-Canada, tandis que le major-général britannique Isaac Brock attaquait par les Grands Lacs. Les deux parties remportèrent des victoires remarquables, et le moral des Canadiens était bon. Cependant, à la bataille de Queenston Heights, en octobre, un coup énorme fut porté au Canada quand mourut Brock.
À l’automne de 1813, les Américains portèrent leur attention vers Montréal. Le général américain Wade Hampton, soutenu par le général James Wilkinson, avait l’intention d’envahir le Bas-Canada et de capturer la ville. Le plan était simple : Hampton attaquerait le long de la rivière Châteauguay et Wilkinson passerait par le fleuve Saint-Laurent.
Les Britanniques avaient choisi le lieutenant-colonel Charles de Salaberry comme chef d’état-major de la milice. Né au Bas-Canada d’une famille militaire, de Salaberry s’était enrôlé à l’âge de 14 ans et avait servi en Europe, aux Antilles et en Jamaïque avant de revenir au Canada en 1810. En 1812, il fut nommé commandant d’un nouveau corps de bénévoles composé principalement de Canadiens français, sans Britanniques (ce qui était extraordinaire à l’époque). Il s’agissait des Voltigeurs canadiens.
Alors que les Voltigeurs étaient essentiellement des miliciens, de Salaberry leur donna une formation semblable à celle des soldats réguliers. Il déboursa même pour leur équipement lui-même. Il avait donc le respect de ses troupes qui lui furent très fidèles.
Du 21 au 23 octobre, les Américains s’avancèrent vers la frontière et campèrent au bord de l’eau. Leur déplacement ne s’était cependant pas passé sans heurts : jusqu’à 1000 soldats avaient refusé de suivre Hampton au-delà de la frontière. On prévoyait recruter sur place des guides pour obtenir des renseignements sur les hommes de Salaberry et pour guider le colonel Robert Purdy, avec ses 1 500 hommes, qui devaient passer par la rive sud de la Châteauguay afin d’encercler le poste britannique. Les hommes du brigadier général George Izard attaqueraient de front.
Ayant appris le 21 octobre que les Américains s’avançaient, de Salaberry commença immédiatement ses préparatifs. Il donna l’ordre à sa force, composée de Voltigeurs, de réguliers britanniques, de miliciens locaux et de Mohawks, d’établir des dispositifs de défense en fil de fer barbelé dans les ravins et les sentiers, d’élever des fortifications à l’aide d’arbres abattus, de creuser des tranchées et de dresser d’autres obstacles. De Salaberry stationna ses hommes dans les bois environnants à la faveur de l’obscurité. Il demanda aussi à ses hommes de crier les ordres et de parler entre eux en français, car d’après lui, les Américains ne comprendraient probablement pas.
Les Américains passèrent à l’attaque le 26 octobre. Les guides embauchés par Purdy ne firent qu’entraver l’avance de son armée, et ils se perdirent lors de leur déplacement vers la rive sud. Hampton, sans contact avec Purdy, lança son attaque sans attendre et essaya d’assiéger les hommes de de Salaberry et il fut accueilli par des coups de feu. Grâce aux préparatifs et aux attaques minutieuses, quoique non conventionnelles, de de Salaberry, les Américains furent rapidement submergés. Avant l’attaque, de Salaberry avait également stationné des clairons dans la forêt environnante qui jouèrent sans cesse de leur instrument pour faire croire aux Américains qu’il y avait plus de troupes cachées qu’il n’y en avait réellement.
Retenus à cause des obstacles et des tactiques d’attaque non conventionnelles de de Salaberry, les Américains furent forcés de se retirer au bout de quatre heures seulement. La bataille de la Châteauguay était finie.
On ne sait pas exactement combien de soldats prirent part à la bataille. Du côté des Canadiens, il y avait 300 à 400 hommes, et il y en avait au moins 1 000 en réserve, alors que du côté des Américains les chiffres varient entre 2 600 hommes et plus de 5 000 hommes. Les chiffres concernant les victimes sont un peu plus faciles à trouver, et extrêmement bas. Les Canadiens ne subirent que 22 pertes, alors que les Américains en subirent 85. Après la bataille, Hampton aurait déclaré qu’il pensait s’être battu contre 7 000 hommes.
La victoire de la Châteauguay, avec la victoire britannique à Crysler’s Farm en novembre, obligea les Américains à abandonner leur campagne au Saint-Laurent. Montréal ne fut pas réellement en danger pendant le reste de la guerre, ce qui fait de la bataille de la Châteauguay une des plus importantes de la guerre de 1812.
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