Excuses présentées aux cadets de l’accident de grenade

Le ministre de la Défense a présenté des excuses longtemps attendues aux cadets blessés dans un accident de grenade survenu pendant un camp d’été en 1974, à la Base des Forces canadiennes Valcartier, au Québec.

« Je n’étais pas certain que cela finirait par arriver », dit M. Gerry Fostaty, ancien instructeur de cadets qui avait donné les premiers secours et identifié les victimes. « Reconnaitre la gravité de la situation… Ça aide beaucoup les gars qui en souffrent encore. »

Pendant un cours sur la sécurité, des cadets dont la plupart avaient 14 ou 15 ans eurent la permission de manipuler des grenades inertes. L’un d’entre eux demanda à un instructeur s’il pouvait retirer le goupillon, et ayant obtenu une réponse affirmative, il le fit. Mais il s’agissait d’une grenade active. Il y eut 6 morts et 65 blessés parmi les cadets. Les cadets traumatisés, sujets à une enquête militaire, furent avertis à l’époque de ne pas parler de l’accident. Beaucoup d’entre eux vivent depuis lors avec des problèmes physiques ou mentaux. Plusieurs se sont suicidés.

Les militaires qui avaient alors la charge des garçons et qui ont demandé des prestations récemment ont été indemnisés bien davantage que les cadets ayant subi les mêmes blessures, et un bon nombre de ces derniers n’ont pas été indemnisés du tout. L’ombudsman militaire a mené une enquête en 2013, après avoir reçu 52 plaintes.

Selon le rapport cinglant rendu public en 2015, il a conclu qu’il y avait eu un manque inexcusable d’égards pour les adolescents (« Grenade accident remembered 40 years later » [anglais seulement], novembre/décembre 2014). Il y écrit également que les cadets furent traités durement au cours de l’enquête
et, injustement par la suite. Quatre décennies plus tard, plus de la moitié
subissent encore les séquelles de l’accident.

Étant donné qu’ils n’étaient pas membres des Forces armées canadiennes ni employés du ministère de la Défense nationale, les cadets n’avaient droit à des prestations ni du MDN, ni des Forces armées canadiennes, ni d’Anciens combattants Canada. À l’époque, leurs parents ne furent pas informés des recours possibles ni des démarches à suivre. Il est évident qu’il « est contraire aux principes d’équité d’offrir de l’aide, des indemnités et des avantages à des membres des Forces canadiennes touchés directement ou indirectement par l’incident de 1974 sans offrir un soutien similaire aux jeunes garçons qui étaient présents dans les casernes lors de l’explosion », dit le rapport.

L’ombudsman a recommandé d’évaluer les survivants et d’offrir des soins médicaux à ceux qui en ont besoin, et le cas échéant, une indemnisation financière. Bien des familles de blessés ont dû payer des frais médicaux élevés.

« La présente a pour objet de vous présenter nos excuses sincères pour la douleur et la souffrance que vous avez endurées à la suite de cette horrible expérience », lit-on dans la lettre signée par le ministre de la Défense, Harjit Sajjan, et le lieutenant et vice-chef d’état-major de la défense, Guy Thibault. « Nous reconnaissons que beaucoup de ceux qui sont touchés par cette terrible tragédie ont eu du mal à supporter les traumatismes subis. Nous regrettons qu’il ait fallu si longtemps pour reconnaitre officiellement cette tragédie et ses incidences sur vous et sur d’autres victimes, et pour s’en occuper. »

La lettre donne ensuite l’autorisation aux cadets de rompre le silence. « Nous comprenons aussi que certaines des victimes ont gardé le silence pendant toutes ces années, obéissant à un ordre qui leur avait été donné par des militaires. Nous encourageons tous ceux qui ont été touchés par cet évènement de parler, sans restriction, des circonstances de l’accident et de ses conséquences sur leur vie, que ce soit en privé ou dans les tribunes publiques. »

M. Fostaty a déclaré que : « ces excuses, venant de ce ministre de la Défense, sont importantes. Il a un passé militaire, et c’est un soldat dévoué. Cela a plus de poids que [les excuses] d’un politicien. »

En 2015, le ministre de la Défense d’alors, Jason Kenney, avait envoyé une lettre disant que le gouvernement fédéral regrettait les effets que l’accident avait eus sur les victimes et leur famille, et qu’il ait fallu 41 ans pour s’en occuper. À ce moment-là, les survivants avaient répondu que des regrets n’étaient pas la même chose que des excuses sans réserve.

« Je suis très optimiste par rapport à la manière dont vont les choses », dit M. Fostaty. Les évaluations sur la santé ont été faites, les anciens cadets reçoivent des traitements médicaux ou psychologiques, et l’indemnisation est en cours d’étude.

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