Ce qui se passe actuellement en Iraq n’est pas clair du point de vue politique. L’essentiel du sujet, c’est de savoir si le Canada est en guerre (officiellement : non), si des soldats canadiens sont en mission de combat (officiellement : non) et, le plus important, de savoir si l’immense campagne concertée de l’alliance (dont le Canada fait partie : indéniablement) réussira vraiment à détruire l’État islamique d’Iraq et Syrie (ÉIIS).
Nos soldats ne sont certainement pas les combattants principaux en Iraq. Il y en a à peu près 800 là-bas, aux côtés des autres forces de la coalition, qui forment, conseillent et aident les forces de sécurité irakiennes à développer les compétences militaires nécessaires pour faire face à la menace. Cela ne veut pas dire pour autant que nos soldats ne finiront pas par prendre part à une lutte armée.
Voici les définitions pertinentes des Forces armées canadiennes :« les opérations de combat sont des opérations militaires désignées par le CÉMD où l’utilisation des armes, ou la menace de cette utilisation, y compris la force pouvant causer la mort, est nécessaire pour imposer sa vo-lonté sur l’adversaire, ou pour mener à terme une mission; les opérations autres que le combat sont des opérations militaires où les armes sont présentes, mais leur utilisation, ou la menace d’utilisation, est possible, mais seulement pour se protéger et cette utilisation est considérée comme non nécessaire pour mener à bien la mission. Les opérations autres que le combat sont, en général, des opérations de soutien de la paix ou humanitaires. »
Il ne s’agit pas ici d’une opération de soutien de la paix ni humanitaire. Il s’agit d’un important groupe d’alliés qui essaient de matraquer à mort une force maléfique en employant tous les outils qui conviennent. Il s’agit, pour être clair, d’un effort visant la destruction de l’ÉIIS. C’est une guerre contre l’ÉIIS.
Il s’agit vraiment d’un débat
sur le rôle de la politique dans
nos missions militaires.
Alors, qu’y a-t-il de mal à le dire? Mettre des soldats en danger – les envoyer à la guerre –, c’est la décision la plus sérieuse qu’un pays puisse prendre. Alors, pourquoi ne pas appeler un chat un chat?
Outre ce que les soldats font sur le terrain, il s’agit vraiment d’un débat sur le rôle de la politique dans nos missions militaires, et le plus important, d’un débat sur le leadership.
Ce qui se passe est évident : une promesse a été faite pendant les élections. « Le Canada se retirera des combats. » Alors les avions de chasse ont arrêté leurs bombardements, et il faut faire croire à une mission sans combat.
Pourquoi? La politique intérieure. Les sondages indiquent que la guerre en Afghanistan était impopulaire et que les Canadiens préfèrent le maintien de la paix.
Mais cette guerre-ci n’est pas comme cette guerre-là. Nous ne nous battons pas contre les talibans. Cette guerre n’est pas un choix, mais une nécessité.
Comme nous le dit le ministre de la Défense Harjit Sajjan (page 18), l’État islamique est bien plus dangereux que ne l’étaient les talibans, et il n’y a pas moyen de négocier avec lui.
Le maintien de la paix n’est pas une solution au problème de l’ÉIIS, et la meilleure conduite à adopter par rapport à l’ÉIIS n’est certainement pas de prétendre que nous ne faisons pas partie d’une alliance en guerre.
On dit souvent que la pire erreur que puisse commettre un général, c’est de penser que deux guerres se ressemblent. Peut-être que la meilleure chose que puisse faire un politicien en la matière, c’est d’appeler une guerre une guerre.
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