Réparer les dégâts

M. Kent Hehr,
nouveau ministre des Anciens combattants,
a promis d’améliorer la qualité
de vie des vétérans en 2016.

Le ministre des Anciens combattants, l’honorable Kent Hehr, le 30e depuis la création du ministère à la fin de la Seconde Guerre mondiale, est fréquemment photographié en manches de chemise, comme s’il venait d’abandonner momentanément une tâche importante et qu’il avait hâte d’y retourner.

Et quelle tâche! Les 15 points dans la lettre de mandat que lui a envoyée le premier ministre Justin Trudeau comprennent l’amélioration de la qualité des services, des soins et du soutien financier, la réouverture de neuf bureaux régionaux et la création de deux centres d’excellence en soins pour anciens combattants.

« J’ai un mandat ambitieux, qui s’inscrit dans ce que je considère comme une bonne politique publique », nous disait-il à la fin de l’année dernière, « un mandat large qui servira les anciens combattants de bien des manières. » Il espère qu’il aura déjà atteint quelques-uns de ces objectifs avant la parution du présent article, et qu’il aura fait d’importantes avancées d’ici la fin de 2016. Il lui faudra beaucoup travailler.

Hehr
Le ministre des Anciens combattants, Kent Hehr, à l’occasion de l’hommage annuel de la Ligue canadienne de football aux anciens combattants.
Anciens combattants Canada

M. Hehr a l’habitude de se remonter les manches et de s’atteler à la tâche. Il lui a fallu travailler dur pour reprendre sa vie en main quand il est devenu quadriplégique à cause d’une balle tirée d’une voiture en 1991, quand il était étudiant et brillant joueur de hockey. Certes, il dépend d’un fauteuil roulant pour aller d’une pièce à l’autre, mais l’énergie pour aller de l’avant et agir lui est propre. « Infatigable » est le mot que les médias de sa ville natale utilisent le plus en parlant de lui. Il a obtenu un baccalauréat en droit en 2001, son deuxième diplôme, et on lui a décerné le titre de diplômé de la décennie à l’Université de Calgary. En plus de s’occuper de son cabinet d’avocat, il s’est tellement engagé à servir la communauté que son nom a été inscrit sur la liste du Calgary Herald des 20 Calgariens à suivre. En 2008, il a été élu à l’Assemblée législative de l’Alberta, où il a été réélu en 2011.

Mais il a vite visé plus haut. « Le travail à l’opposition est un travail honorable, disait-il à l’Edmonton Sun en 2012, mais il faut le reconnaitre, les décisions se prennent à la table des grands », table où il a pris place en 2015, quand Darshan Kang et lui ont été les premiers libéraux élus à Calgary depuis 1968, pendant la première vague de la Trudeaumanie.

Son dévouement envers le travail collaboratif pour le bien commun, sans tenir compte de l’affiliation politique, a souvent été remarqué, et reste sa façon de faire dans ses nouvelles fonctions. L’opinion des groupes qui représentent les anciens combattants le guidera quand il aura des décisions à prendre.

« J’adore leur enthousiasme, ce qu’ils font […] et je les en remercie », dit-il. Mais il est aussi conscient de la charge de plus en plus lourde qu’ils portent. « Nous devons veiller à ne pas nous décharger de nos responsabilités sur le secteur sans but lucratif […]. Au bout du compte, la responsabilité incombe à Anciens combattants. »

Il rebâtit aussi des ponts avec les employés d’ACC qui selon lui ont été « traumatisés » par une dizaine d’années de réductions budgétaires et de pertes d’emplois.

M. Hehr donne l’impression de préférer une discussion avec des électeurs et des activistes dans une brasserie plutôt qu’un grand restaurant en compagnie de personnalités politiques. L’ancien premier ministre conservateur Joe Clark, qui a représenté la même circonscription que lui (Calgary-Centre) de 2000 à 2004, est un de ses héros.

« Il m’a toujours semblé être une personne de principe, » écrivait-il dans une lettre pu-bliée dans le Calgary Herald. « C’est ce genre d’intégrité que je m’engage à apporter à la Chambre des communes. »

« J’ai un mandat ambitieux,
qui s’inscrit dans ce que je
considère comme une bonne
politique publique. »

Mais c’est aussi un réaliste :
« La politique, c’est l’art du possible, dit-il. On ne peut pas prendre de décision sans justification factuelle. Prouvez-moi que cela a du sens du point de vue politique et financier. […] Que puis-je obtenir du Conseil du Trésor, qu’est-ce qui est raisonnable? Qu’est-ce qui fait avancer le dossier […]? »

Alors M. Hehr fait attention à ce qu’il promet. Certaines choses, comme l’embauche et autres efforts pour rouvrir les bureaux régionaux, arriveront rapidement. Il faudra peut-être plus longtemps pour marier la Nouvelle Charte des anciens combattants et la Loi sur les pensions pour offrir le choix de pensions d’invalidité à vie. La rétroactivité sera étudiée pendant le processus, a-t-il déclaré.

« Est-ce que ce sera parfait? Non, mais je vous assure que ce sera mieux. » Il a déclaré qu’il ne sera pas parfait lui non plus. « Je vous avertis tout de suite que je vais faire des erreurs, écrivait-il dans sa lettre au Herald. Probable-ment beaucoup. Ce sera comme la courbe d’apprentissage abrupte que vous m’avez vu gravir en tant que nouveau député provincial. Mais je vais aussi faire de bonnes choses. »

Parmi ces choses, il y a le changement de culture de travail à ACC qu’on y demandait : la culture « d’attention, de compassion, et de respect » promise par le sous-ministre d’ACC Walter Natynczyk au Forum de recherche sur la santé des militaires et des vétérans canadiens de 2015.

Si M. Hehr atteint la plupart de ses objectifs, les anciens combattants seront en droit d’espérer que son mandat soit plus long que ce qui est devenu la norme, ces derniers temps. Depuis 1993, le mandat des ministres d’ACC a été réduit au point où la moyenne n’est même pas d’un an et demi – six mi-nistres ayant siégé pendant moins d’un an –, le plus long ayant été de presque quatre ans. En revanche, les 15 premiers avaient occupé leur poste de ministre d’ACC en moyenne pendant un peu plus de trois ans, les deux plus longs ayant duré sept ans.

« C’est la chose la plus fantastique que je vais avoir l’occasion de faire de toute ma vie, dit M. Hehr. Je serais vraiment heureux d’être ministre des Anciens combattants pendant les quatre années de ce gouvernement. Mais ce n’est pas à moi que la décision revient. J’exerce mes fonctions à la discrétion du premier ministre. »

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