Les anciens combattants sans abri comptent

Il y a deux ans, la Légion royale canadienne a parrainé un forum national sur les anciens combat-tants sans abri où ont été mises en évidence des lacunes dans les services, les programmes, la prévention et la recherche, et qui s’est terminé par une demande d’élaborer une politique nationale sur l’itinérance des anciens combattants.

En mars 2015, 2 250 anciens combattants sans abri avaient été identifiés dans un rapport d’Emploi et Développement social Canada (EDSC), d’après les données recueillies auprès de 60 refuges. Ce chiffre est peu élevé d’après certains défenseurs des anciens combattants qui estiment leur nombre à entre 7 000 et 20 000.

Le nombre d’anciens combattants
sans abri aux États-Unis
a diminué de 36 %.


La Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance, programme financé par ESDC, mène actuellement, du 1er janvier au 30 avril, le premier dénombrement des sans-abris du pays. 

En général, au Canada, on s’occupe surtout de les diriger vers les services communautaires existants. Mais ces solutions ne sont pas très bien axées sur l’ancien combattant. Les anciens combattants vont mieux lorsqu’ils participent à un programme sensible à la culture militaire, avec le soutien d’autres anciens combattants et dans des institutions plus structurées que les refuges civils.

Certains défenseurs de la cause souhai-tent voir une chaine de logements d’urgence et de transition subventionnés réservée aux anciens combattants partout au pays. Cela ne risque pas de se faire si l’on continue de se concentrer sur les services communautaires existants, plutôt que sur les solutions durables. Selon certaines études, la longue descente vers l’itinérance commence des années ou même des décennies avant qu’ils ne se retrouvent dans un refuge, à dormir sous un pont ou à vivre sous la tente dans les bois.

Le problème pourrait paraitre insoluble, mais on peut se tourner vers nos voisins pour trouver une solution. Le nombre d’anciens combattants sans abri aux États-Unis a diminué de 36 % depuis 2010, grâce à des coalitions formées dans le but de s’occuper de cette situation. L’une de ces coalitions a émergé de regroupements citoyens, et une autre a été créée par des politiciens.

Le Mayors’ Challenge to End Veteran Homelessness (défi des maires pour mettre fin à l’itinérance des anciens combattants, NDT) a mené « fonctionnellement » à la suppression de l’itinérance dans sept villes et deux États américains en 2015 (c’est-à-dire qu’un logement permanent est fourni dans les 90 jours). Rien qu’à Houston, au Texas, 4 000 anciens combattants sans abri et leur famille ont été logés.

Les éléments d’une coalition semblable existent déjà au Canada, ainsi que des modèles précisant comment elle fonctionnerait. C’est là un bon point de départ.

Il y a beaucoup d’organisations qui s’occupent de l’itinérance, mais il n’y en a que quelques-unes qui s’intéressent particulièrement aux anciens combattants. Une nouvelle coalition se concentrant sur l’itinérance des anciens combattants et servant de point central à la coopération et à l’échange de connaissances pourrait concevoir des solutions novatrices pour grossir le parc de logements, convertir des bâtiments existants, encourager la subvention des loyers, attirer des dons et bâtir des programmes fondés sur les faits. Imaginez quelles solutions pourraient naitre d’un programme offrant une expertise en matière de promotion immobilière aux organisations communautaires ou à des particuliers désireux d’inclure dans leurs projets un hébergement d’urgence, de transition ou permanent pour les anciens combattants sans abri.

Il faut une politique sur l’itinérance axée sur les anciens combattants pour qu’une telle coalition fonctionne bien. Le ministre des Anciens combattants, M. Kent Hehr, dit que l’itinérance est une de ses principales priorités. Ne serait-il pas opportun pour lui de prendre l’initiative d’une action nationale?

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