Il faut un monde

Editorial

Il n’existe pas de bonne réponse. Après les attaques terroristes arrivent le chaos, la peur, le deuil, la colère et la résolution. C’est l’ordre naturel des réactions humaines aux actes inhumains. Nous exigeons alors toutes sortes de réponses contradictoires : vengeance, tolérance, sécurité, liberté, attaque aérienne, négociation, guerre, paix. Mais que peut-on faire en réalité? Que devrait-on faire?

Nous ne pouvons pas nous rendre invulnérables car la vulnérabilité est propre à toute société civilisée. Il n’existe pas de multitude de services de sécurité, d’organismes d’espionnage ni d’échange de renseignements qui puisse parer à toutes les attaques. C’est une évidence.

Et il n’y a pas d’effort militaire qui puisse supprimer à lui seul le culte de mort qui s’est propagé comme un virus. Il faudra une mobilisation multinationale à multiples facettes des ressources militaires, assurément, mais aussi politiques, économiques, idéologiques, juridiques, humanitaires, diplomatiques, religieuses, culturelles et cybernétiques. Il faudra le monde entier.

La vulnérabilité
est propre à toute
société civilisée.

 

Il y a eu presque 300 attaques terroristes dans le monde en 2015, y compris dans la péninsule du Sinaï le 31 octobre, à Beyrouth le 12 novembre, à Paris le 13 novembre, au Nigéria le 17 novembre et au Mali le 20 novembre. Il y en aura d’autres. La grande majorité d’entre elles ont été commises par des groupes extrémistes islamistes : al-Qaïda, les Talibans, Boko Haram, al-Shabaab, front al-Nusra, etc. L’EIIS en a perpétré ou inspiré un tiers. Les attaques de terroristes au nom de l’Islam sont indéniablement entrées dans une nouvelle phase.

Le pape François dit que nous sommes dans « une troisième guerre mondiale morcelée ». Les présidents Hollande, Obama, Putin et d’autres chefs d’État ont accru le nombre de mesures militaires. Le premier ministre Justin Trudeau a donné comme instructions au ministre de la Défense nationale Harjit Sajjan de « terminer la mission de combat en Iraq et en Syrie, et de recentrer les efforts du Canada dans la région sur la formation des armées locales et l’aide humanitaire ». Cela signifie que nos militaires seront plus nombreux sur le terrain, potentiellement en danger. Cela signifie que le Canada est de nouveau sur le point de créer un contingent de soldats qui auront besoin du meilleur appui et des meilleurs soins possible, pendant qu’ils seront en mission, mais aussi lorsqu’ils reviendront au pays.

Le nouveau gouvernement fédéral a promis de mettre fin à la tension entre les anciens combattants et les fonctionnaires. Dans la lettre de mandat qu’il a envoyée à Kent Hehr, ministre des Anciens combattants, M. Trudeau disait que les « vétérans ne devraient pas avoir à lutter contre leur propre gouvernement pour obtenir le soutien et l’indemnisation auxquels ils ont droit », et il lui a dit de s’assurer « que notre gouvernement respecte l’obligation sacrée envers nos vétérans et leurs
familles ».

Nos anciens combattants ont risqué leur vie au combat contre le nationalisme à la Première Guerre mondiale, le nazisme à la Seconde Guerre mondiale, le communisme à la guerre de Corée et l’extrémisme en Afghanistan. Ils le font à nouveau en Iraq et en Syrie, et il se pourrait qu’on les appelle pour aller le faire ailleurs. Ce que nous pouvons faire, ce que nous devons faire, sans doute ni hésitation, c’est de les appuyer.

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