Plus jamais

CHAQUE ANNÉE, sans faute, les Canadiens se rassemblent le 11 novembre pour se souvenir des morts et des guerres qui les ont emportés. Bien que nous honorions le courage et l’engagement de ceux qui sont tombés au front par des cérémonies, nous savons que cela ne suffit pas. Le souvenir, dans son essence, exige de passer à l’action. Il est porteur de la promesse que nous apprendrons de nos erreurs, et que les morts ne sont pas morts pour rien.

La guerre gronde encore dans le monde, et le Canada en fait partie. Le grand arc de l’Islam – du nord de l’Afrique au sud de l’Asie – est en pleine ébullition, pour ne pas dire qu’il se fractionne complètement. La Syrie se vide. Des centaines de milliers d’innocents sont morts; ils sont des millions à prendre la fuite.

Cette multitude est un avertissement. Des millions de canaris se sont évadés de leurs cages et s’enfuient de la mine de charbon. La dernière fois que l’Europe a été confrontée à un exode de réfugiés de cette ampleur, c’était lors de la Deuxième Guerre mondiale.

Comme nous nous souvenons de nos camarades tombés au champ d’honneur, le 11 novembre, nous nous souvenons aussi qu’ils se sont battus pour un monde meilleur, un monde libéré d’un tel mal qui fait violence aux foules d’innocents. Ils ont sacrifié leur vie dans l’espoir de mettre fin à la tyrannie et au génocide.

En tant que nation, nous n’oublierons jamais les occasions où nous n’avons pas tenu compte des signes avant-coureurs et où nous ne nous sommes pas engagés fermement, avec l’assurance que la protection des innocents n’est jamais une erreur.

Nous avons la responsabilité d’essayer de protéger ces innocents de ce grand mal. L’histoire nous a fort bien démontré que si nous n’agissons pas, les conséquences risquent d’être désastreuses. Et le chaos d’ailleurs risque de devenir le chaos d’ici.

Editorial
Eric Harris

Notre société est une société ouverte et tolérante. Et nous sommes conscients de la grande difficulté qu’il y a à trouver des solutions aux problèmes comme ceux qui se posent au Moyen-Orient. Mais si tolérants que nous soyons, nous ne pouvons pas tolérer les massacres et le chaos.

Le fait qu’il n’y ait pas de solutions faciles ne veut pas dire qu’il n’y en a pas du tout.

Comment répondons-nous? En nous rappelant pourquoi nos soldats se sont battus autrefois. À la suite de deux guerres mondiales, il y avait consensus : plus jamais.

Et pourtant, voilà où nous en sommes, de nouveau.

En mars 1916, un jeune politicien a pris la parole à la Chambre des communes britannique à propos de l’établissement des priorités par le gouvernement en ce qui concernait la bataille avec l’Allemagne. « Il ne suffit pas de dire que nous faisons notre possible, dit Winston Churchill. Il faut réussir à faire ce qui est nécessaire. »

Qu’est-ce qui est nécessaire? Le moment est venu pour les dirigeants que nous avons élus de mener un débat national sérieux, et pour le Canada de se montrer fidèle aux principes pour lesquels ceux qui sont tombés au champ d’honneur se sont battus. Quand sonnera l’heure du souvenir, le 11 novembre, voilà quelle sera notre responsabilité. 

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