Léo Major : le Libérateur de Zwolle

Léo Major, né à New Bedford, au Massachusetts, en 1921 et sa famille ont déménagé à Montréal, au Québec, avant son premier anniversaire. En grandissant, il ne s’entendait pas très bien avec son père. Voulant prouver à ce dernier qu’il était quelqu’un de qui on pouvait être fier, Léo s’est enrôlé dans l’armée canadienne à l’été 1940, à l’âge de 19 ans.

Ayant reçu une formation d’éclaireur et de tireur d’élite dans le Régiment de la Chaudière, M. Major a accompagné son régiment à l’étranger en 1941. Le Chaudière a débarqué à la plage Juno le jour J, et M. Major s’est immédiatement trouvé dans le feu de l’action. Au cours des combats intenses, il a réussi à capturer un véhicule blindé allemand plein de radios et dans lequel le code des Allemands a été trouvé. Cela donnait aux Alliés des renseignements précieux sur les positions allemandes et sur leur technologie. Par malheur, il a perdu la vue de l’œil gauche au cours de la fusillade. Quand on lui a dit d’aller aux arrières se faire examiner, il a refusé, affirmant qu’il n’avait besoin que d’un œil à la mire de son fusil. À la bataille de l’Escaut, Il a pris part à l’avancée avec un bandeau à l’œil gauche. Chargé d’une mission de reconnaissance en solo, M. Major a prouvé son courage une fois de plus, en capturant 93 soldats allemands.

En avril 1945, M. Major et son meilleur ami, Willy Arsenault, ont été envoyés en patrouille de nuit à la ville néerlandaise de Zwolle, à la recherche d’informations sur les positions ennemies. En peu de temps, ils sont tombés sur un avant poste allemand qui a attaqué les deux hommes et tué M. Arsenault. M. Major a décidé de poursuivre tout seul. Il marchait à travers la ville, tirant sur toute cible qu’il rencontrait, donnant l’impression qu’une grande force canadienne prenait la ville d’assaut. Les Allemands se sont retirés de la ville dans la panique. Bien que les citoyens néerlandais furent encore effrayés, M. Major a trouvé des membres de la résistance locale qui ont convaincu les citoyens de sortir de leurs maisons. Au matin, le reste de son bataillon se déplaçait dans Zwolle sans opposition. Pour ces actions, le simple soldat Léo Major a reçu la Médaille de conduite distinguée (MCD).

Après la guerre, M. Major est retourné au Canada et a rapidement repris son emploi de tuyauteur. Cependant, lorsque le gouvernement canadien a annoncé que le Canada cherchait des volontaires pour aller combattre en Corée, il n’a pas tardé à reprendre du service, cette fois-ci avec le Royal 22e Régiment qui était commandé par Jacques Dextraze. En novembre 1951, des négociations sur l’armistice étaient en cours, mais les forces chinoises voulaient gagner la colline 355 avant qu’un accord soit conclu. Lors d’une forte attaque sur la colline, les Américains se sont rapidement repliés, et les Chinois ont capturé la colline. Ils ont poursuivi leur barrage d’artillerie contre le Royal 22e Régiment, mais le régiment a résisté. Selon les ordres de Dextraze, il lui était interdit de battre en retraite : il devait « faire son devoir à la manière typique du vingt-deux ». M. Major a été chargé de la contrattaque. Il a divisé ses hommes, armés de fusils Sten, en petits groupes et ouvert le feu. Les tirs intenses ont duré toute la nuit, mais M. Major a refusé d’inter-rompre son attaque. Le régiment a été en mesure de rester sur ses positions pendant les trois jours qu’il a fallu aux Chinois pour décider de faire marche arrière. Pour ces actions, M. Major a obtenu une barre à sa MCD, un des trois soldats du Commonwealth britannique seulement à qui la MCD a été décernée à des
guerres différentes.

M. Major est retourné à Montréal lorsque le cessez-le-feu a été signé, mais il n’a pas parlé de ses efforts avant 1970, quand les habitants de Zwolle ont appris qu’il était le libérateur de leur petite ville. C’est à ce moment-là qu’il s’est mis à parler de son passé, et il a visité la ville à plusieurs reprises. Cette dernière a honoré son libérateur en le faisant citoyen honoraire en 2005 et en nommant une de ses rues principales en son honneur. Le Régiment de la Chaudière a aussi honoré M. Major, donnant son nom au prix décerné à la compagnie qui obtient les meilleurs résultats en compétition chaque année. Léo Major est décédé le 12 octobre 2008, à l’âge de 87 ans. Il a résumé sa carrière militaire par ces mots : « J’ai fait la guerre avec un seul œil, et je ne l’ai pas faite trop mal ». 

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