HALIFAX 2012 : LA LÉGION EN MARCHE

Les dirigeants élus et les invités se recueillent en silence sous une pluie de coquelicots. [PHOTO : DAN BLACK]

Les dirigeants élus et les invités se recueillent en silence sous une pluie de coquelicots.
PHOTO : DAN BLACK

Une pluie de quelque 120 000 coquelicots rouges tombait en virevoltant pendant le silence de deux minutes lors des cérémonies d’ouverture du 44e Congrès national qui a eu lieu du 10 au 13 juin. Chacun d’eux avait été fabriqué par un écolier néo-écossais, et la plupart portaient le nom d’un militaire, des fois un membre de la famille de l’écolier lui-même.

C’était un rappel visuel des plus de 116 000 Canadiens qui ont perdu la vie au service de la patrie et des innombrables autres qui souffrent après leur service militaire. Le coquelicot et ce qu’il représente rappelaient la raison de la présence des Légionnaires, la raison d’être de la Légion, et pourquoi le travail du congrès est important.

Les 1 075 délégués accrédités n’ont pas perdu de temps à se mettre au travail, adoptant une nouvelle initiative pour les anciens combattants sans abri et un nouveau Guide de l’enseignant multimédia interactif qui sert à introduire l’histoire militaire canadienne dans les salles de classe. Ils ont aussi écouté le mi-nistre d’Anciens Combattants Canada (ACC), Steven Blaney et le chef d’état-major de la défense, le général Walter Natynczyk, en plus d’approuver des dizaines de résolutions ayant pour but d’enrichir la vie des anciens combattants.

« La Légion royale canadienne se soucie vraiment des anciens combattants », a dit le grand président, Larry Murray, qui a inauguré officiellement le congrès. Il a parlé de la « grande histoire et de la tradition vivante » de la Légion, et décrit les nombreux rôles qu’elle joue pour appuyer les anciens combattants, les militaires en service, les cadets et les jeunes, ainsi que les organisations communautaires de tout le pays. « Cette grande institution nationale, dit-il […], est essentielle pour le bienêtre du Canada et pour le bienêtre des Canadiens d’aujourd’hui et de demain.

Le Congrès a commencé le dimanche, lorsque quelque 750 participants, y compris cinq orchestres, ont défilé dans le cœur de la ville jusqu’à la cour Grand Parade où se trouve le mémorial militaire. Là, devant la statue imposante de Britannia en deuil, la présidente nationale et le grand président ont récité l’Acte du souvenir. La mère nationale de la Croix d’argent, Patricia Braun, dont le fils, David, a été tué lors d’un attentat-suicide à la bombe à Kandahar, en Afghanistan, en 2006; le ministre d’Anciens Combattants Canada; le capitaine (Marine) Steve Jorgenson; l’inspecteur de la GRC Roy Doggett; le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Darrell Dexter; le maire d’Halifax, Peter Kelly; la présidente nationale, Pat Varga; et le président de la Division de la Nouvelle-Écosse–Nunavut, Jean-Marie Deveaux, ont déposé des couronnes.

Les invités officiels et les dirigeants élus de la Légion  assistent aux cérémonies du crépuscule des cadets. [PHOTO: JENNIFER MORSE]

Les invités officiels et les dirigeants élus de la Légion assistent aux cérémonies du crépuscule des cadets.
PHOTO: JENNIFER MORSE

À la suite des cérémonies d’inauguration, la présidente nationale a servi d’officier de la revue à une cérémonie du crépuscule et à une cérémonie des drapeaux. L’Unité régionale de soutien aux cadets (Atlantique) et la HMCS Acadia Alumni Association lui ont remis une sculpture en buste de la reine Elizabeth et une du duc d’Édimbourg. Des bustes semblables ont aussi été sculptés pour les directions divisionnaires.

Les délégués ont travaillé sans arrêt au cours des séances de travail pendant trois jours, écoutant des discours sur les conjonctures qui affectent les anciens combattants; recevant les salutations d’une bonne douzaine d’organisations d’anciens combattants et de cadets, ainsi que celles d’institutions qui appuient le souvenir; et regardant une présentation sur le pèlerinage du souvenir de 2011 aux champs de bataille, aux monuments commémoratifs et aux cimetières canadiens faite par Scott Briand qui y avait représenté la Nouvelle-Écosse.

Les invités officiels et les dirigeants élus de la Légion assistent aux cérémonies du crépuscule des cadets. [PHOTO : JENNIFER MORSE]

Les invités officiels et les dirigeants élus de la Légion assistent aux cérémonies du crépuscule des cadets.
PHOTO : JENNIFER MORSE

La présidente nationale a annoncé un financement d’un demi-million de dollars pour le programme servant à aider les anciens combattants sans abri. Elle a aussi proclamé l’institution du Prix des fondateurs de la Légion royale canadienne, (cf. encadré). Elle a également apposé sa signature sur des accords entre la Légion et la Ligue navale du Canada représentée par son président national, l’amiral à la retraite Ron Buck, et la Ligue des cadets de l’Air du Canada représentée par son président national, le brigadier-général à la retraite Bob Robert. Un accord avait été signé avec la Ligue des cadets de l’Armée du Canada au congrès national de 2010. Plus de 52 000 jeunes Canadiens servent dans 1 100 corps et escadrons, dit Buck. « Chacune des ligues vous est reconnaissante de votre soutien formidable. »

Le ministre d’Anciens Combattants a annoncé que les anciens combattants ne seront plus obligés de fournir des reçus pour se faire rembourser les dépenses de déplacements encourues pour leurs rendez-vous médicaux.

Le chef d’état-major de la défense a dit aux délégués que « la Légion, Anciens Combattants et les Forces canadiennes sont entièrement pour le partenariat, [travaillant] ensemble pour les anciens combattants et leur famille. » Mais il a aussi dit que « les problèmes auxquels [ils] font face tous les jours n’ont rien de facile. Chacun des nôtres est différent et il leur faut à tous un appui adapté à leurs besoins. »

La mère nationale de la Croix d’argent, Patricia Braun. [PHOTO : DAN BLACK]

La mère nationale de la Croix d’argent, Patricia Braun.
PHOTO : DAN BLACK

Le travail de soutenir les anciens combattants du Commonwealth n’est pas facile à effectuer non plus, dit Brian Watkins, représentant du Canada à la Ligue royale des anciens combattants du Commonwealth (LRACC). « Je ne saurais trop insister sur la reconnaissance de la ligue » pour l’appui apporté par la Légion aux vétérans des guerres antillais. Sans cet appui, il faudrait détourner des fonds d’Asie et d’Afrique où les vétérans de la Seconde Guerre mondiale « vivent dans des conditions précaires inconcevables ». Beaucoup d’entre eux comptent sur la LRACC pour le seul repas qu’ils ont chaque jour.

En plus d’aider plus de 150 anciens combattants et à peu près 130 veuves par année, la Légion a contribué à l’entretien et à la construction de foyers pour anciens combattants en Jamaïque et en Guyane, et elle a aussi donné son appui à la Légion des Bahamas. Plus de 199 720 $ ont été ramassés pour la LRACC pendant le Congrès.

À cause de la perte de 10 936 membres, le sociétariat en règle de 2011 était de 332 209, a rapporté George O’Dair, président du Comité national de l’adhésion. La campagne de 2011 n’a pas tout à fait atteint le but sur le renouvèlement qui était de 90 p. 100, et le recrutement a baissé de 0,28 p. 100. Malgré cela, le programme d’avis de renouvèlement a été un succès, portant plus de 30 p. 100 des avisés à renouveler. Le programme d’adhésion d’un an gratuite pour les militaires à la retraite a produit 500 nouveaux membres et la campagne Bon retour des troupes a résulté en 831 nouveaux membres. Le secrétaire national Brad White a rapporté que la restructuration du département de la communication de la Direction nationale, dont le nom a été changé à sensibilisation, permettra de « projeter l’image de la Légion » de manière proactive partout au pays.

La présidente Pat Varga, accompagnée par le président sortant Wilf Edmond, dépose une couronne. [PHOTO : DAN BLACK]

La présidente Pat Varga, accompagnée par le président sortant Wilf Edmond, dépose une couronne.
PHOTO : DAN BLACK

« Les organisations comme la nôtre ne peuvent pas croitre […] sans un programme de markéting, de communication et de promotion efficace » a dit le trésorier, Mike Cook, dans son rapport. En conséquence, le budget de 2012 prévoit 35 000 $ pour la vérification de la communication et du markéting et 50 000 $ pour un programme promotionnel si nécessaire.

La réduction du sociétariat a entrainé une diminution des fonds apportés par les frais d’adhésion, dont le montant prévu pour 2014 est de 5,3 millions de dollars, une baisse par rapport aux 6,1 millions de dollars de 2010. À partir de cette année, a rapporté Cook, la Légion commencera à prélever des fonds sur sa réserve. Personne n’a demandé d’augmenter la part des frais d’adhésion qui est remise à la Direction nationale. Toutefois, les délégués ont approuvé à l’unanimité une augmentation de l’abonnement à la Revue Légion quand ils ont appris qu’autrement on serait obligé d’y afficher des découverts à partir de 2013. Le nouvel abonnement annuel (à partir du 1er janvier 2013) sera de 9,49 $ plus taxes.

Brian Watkins de la Ligue royale des anciens combattants du Commonwealth (LRACC). [PHOTO : DAN BLACK]

Brian Watkins de la Ligue royale des anciens combattants du Commonwealth (LRACC).
PHOTO : DAN BLACK

Le président du coquelicot et du souvenir, Tom Eagles, a rapporté qu’environ 18,5 millions de coquelicots ont été distribués en 2011. Il a aussi présenté le Teachers Guide (Guide des enseignants) révisé, un outil multimédia interactif que l’on peut se procurer en ligne. « La Légion s’efforce d’encourager les jeunes gens à prendre le temps de se souvenir », a-t-il expliqué.

Les délégués se sont occupés de 92 résolutions de manière professionnelle. Parmi celles qui ont été adoptées, une permettait d’utiliser les fonds fiduciaires du coquelicot, si la division donne son accord, pour appuyer les programmes de transition des anciens combattants. Parmi les résolutions qui touchent les membres de la Légion, il y en a eu une autorisant les filiales dont la charte a été révoquée ou suspendue par le président national à interjeter appel. Les délégués ont également voté contre une proposition de faire déclarer le jour du Souvenir jour férié. Le président de la Nouvelle-Écosse, Jean-Marie Deveaux, a résumé les sentiments de la plupart d’entre eux ainsi : « Je n’ai aucune difficulté à m’imaginer des tournois de baseball, des tournois de basketball, des tournois de hockey, des excursions la fin de semaine, et personne à nos cénotaphes pour se souvenir. »

Le président national Gordon Moore. [PHOTO : JENNIFER MORSE]

Le président national Gordon Moore.
PHOTO : JENNIFER MORSE

Le processus des élections s’est passé sans heurts. Le premier vice-président, Gordon Moore de la filiale ontarienne Elmira, a été proclamé président.

Tom Eagles de la filiale Marble Arch de Plaster Rock (N.-B.), George O’Dair de la filiale John McMartin Memorial de Cornwall (Ont.) et Dave Flannigan de la filiale Labrador City ont rivalisé pour le poste de premier vice-président. Flannigan a été éliminé au premier scrutin, et Eagles a été déclaré vainqueur au second.

Flannigan et O’Dair ont été ajoutés à la liste des candidats à la vice-présidence, où étaient déjà inscrits Annette Arsenault de la filiale Duvernay de Laval, ancienne présidente de la Division du Québec; Ed Pigeau de la filiale ontarienne Thessalon; et l’ancien président de la Division de la Saskatchewan, Peter Piper de la filiale Tecumseh Stoughton de Stoughton. O’Dair a refusé de faire partie de la course. Arsenault a été retranchée au premier scrutin, et il est donc resté Pigeau, Piper et Flannigan comme nouveaux vice-présidents.

Le général chef d’état-major de la défense, Walter Natynczyk. [PHOTO: JENNIFER MORSE]

Le général chef d’état-major de la défense, Walter Natynczyk.
PHOTO: JENNIFER MORSE

Mike Cook de Surrey, en Colombie-Britannique, membre de la filiale Cloverdale, a été élu pour la septième fois d’affilée au poste de trésorier national.

Le premier vice-président de la filiale Corner Brook, Matthew Connolly, n’a pas réussi à renverser le président des débats Tom Irvine de LaSalle, au Québec, membre de la filiale Hemmingford, qui a été réélu pour un cinquième mandat.

Le bon déroulement du Congrès est en grande partie attribuable au travail accompli par le comité organisateur local présidé par Dave Blanchard qui s’est occupé, entre autres, de l’organisation de nombreuses réceptions aux filiales de la Légion voisines.

Les délégués font la queue pour remettre leur don à la LRACC. [PHOTO : JENNIFER MORSE]

Les délégués font la queue pour remettre leur don à la LRACC.
PHOTO : JENNIFER MORSE

Le Congrès s’est terminé sur une note positive quand le nouveau président national, Gordon Moore, a prononcé son discours d’accession. Il a dit qu’il allait faire de son mieux pour que les anciens combattants obtiennent les meilleurs traitements possibles et les avantages qu’ils méritent, sans tenir compte de quand et où ils ont servi. « Il n’y a qu’un ancien combattant; nous devons un appui indéfectible à cet ancien combattant. »

L’adhésion est aussi une des premières choses qu’il prévoit inscrire à son emploi du temps.

« Il faut ouvrir nos portes » et recevoir tous les gens qui ont les mêmes buts et valeurs que la Légion, et cibler d’abord ceux qui ont des liens avec l’armée. « La raison pour laquelle ils ne sont pas encore des nôtres, c’est probablement parce que personne ne leur a dit, moi y compris, quelle organisation formidable est la nôtre. »

Les vice-présidents nationaux Dave Flannigan, Peter Piper et Ed Pigeau. [PHOTO : JENNIFER MORSE]

Les vice-présidents nationaux Dave Flannigan, Peter Piper et Ed Pigeau.
PHOTO : JENNIFER MORSE

REGARD SUR L’AVENIR : Q ET R

La Légion royale canadienne s’accomplit depuis 86 ans. Nous avons demandé à divers délégués, au 44e Congrès national, tenu à Halifax, comment la Légion royale canadienne pouvait maintenir son élan et sa pertinence dans les années à venir. Voici quelques-unes de leurs réponses.

Jay Tofflemire, filiale Eastern Marine de Gaetz Brook (N.-É.)
« Nous devons attirer et appuyer nos jeunes anciens combattants, comme ceux qui ont servi en Bosnie, en Somalie, au Rwanda et en Afghanistan. Il faut que nous communiquions avec eux, que nous leur disions que nous sommes là pour les appuyer de toutes sortes de façons. Il faut que nous leur disions que la Légion n’est pas là seulement pour les vieux anciens combattants : elle est là pour tous les anciens combattants. »

Stan Ciesla, filiale Polish Veterans de St. Catharines (Ont.)
« La Légion a eu du succès de par le passé grâce à tous les anciens combattants qui en ont été les membres après avoir servi aux deux guerres mondiales et à celle de Corée, bien que ceux de la Corée aient leur propre organisation. Peut-être devrions-nous faire plus pour les attirer […]. Nous devrions aussi attirer davantage de vétérans des missions de maintien de la paix, et ainsi de suite. Il faut faire quelque chose pour que la Légion soit plus ouverte. »

Max Peddle, filiale Happy Valley de Happy Valley/Goose Bay (T.-N.)
« Il faut garder l’esprit d’entreprise. Pour survivre et se tourner vers l’avenir, il faut voir les choses comme pour une entreprise. Il faut accaparer la nouvelle technologie, et surtout faire en sorte que les jeunes s’engagent. Aussi, les anciens combattants qui font partie des filiales devraient rester visibles dans la communauté en assistant aux coteries […]. Il faut également être avant-gardiste dans les idées : on ne peut pas se permettre d’avoir l’esprit étroit, et nous devrions nous appuyer les uns les autres. »

Sarah Lawrence, filiale Carbonear (T.-N.)
« Il faut maintenir l’engagement des écoliers grâce aux concours littéraires et d’affiches, et cela veut dire adopter les nouvelles sortes de multimédias. Le secret du succès, c’est l’engagement des jeunes. »

Dwane Crawford, filiale Cardinal (Ont.)

« C’est une bonne question, et je voudrais prendre le point de vue de la filiale. Notre succès ou pertinence vient du fait que nous demeurons un solide pilier de la communauté. Nous faisons beaucoup à cet égard […] le service communautaire, c’est notre fort. C’est dur parce que ma filiale est petite; les anciens combattants qui l’ont créée ont presque tous rendu l’âme. Il n’y a qu’un petit nombre d’anciens combattants et on compte sur les dames auxiliaires et les membres associés pour poursuivre la mission. »

Dale Johnston, filiale Cloverdale de Surrey (C.-B.)
« Pour attirer les jeunes gens, il faut leur offrir quelque chose d’inhabituel qui les attirera. Par exemple, que la Légion fasse équipe avec, disons, un gymnase ou un club de sport où les jeunes membres pourraient être aussi membres et aller faire des exercices dans le gym, ou quelque chose comme ça. J’ai entendu dire que certains des jeunes membres sont à la recherche d’un endroit où ils pourraient rencontrer d’autres jeunes gens, passer le temps, et faire quelque chose de différent. Il nous faut de la diversité […], sinon, les filiales les plus petites ne survi-vront pas […]. Il faut être plus créatifs. »

Des cadets avec des bustes de la reine et du duc d’Édimbourg pour les directions divisionnaires. [PHOTO : JENNIFER MORSE]

Des cadets avec des bustes de la reine et du duc d’Édimbourg pour les directions divisionnaires.
PHOTO : JENNIFER MORSE

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