On gagne aux fléchettes en se concentrant

Les fléchettes sont un jeu exaspérant. Ce qui devrait être simple — lancer un projectile à pointe en acier dans une cible en liège à 2,37 m — est parfois incroyablement complexe. Faire faire à une fléchette ce qu’on veut, quand on veut, encore et encore : c’est plus difficile qu’on ne le croirait.

Tout au moins, c’est difficile pour la plupart d’entre nous. Il y a des gens — comme les concurrents des 37es Championnats nationaux de fléchettes de la Légion tenus du 13 au 15 mai à la filiale Col. Fred Tilston VC d’Aurora, en Ontario — qui ont maitrisé presque parfaitement la complexe technique de faire faire ce qu’ils veulent à la simple petite fléchette.

Pourtant, le tournoi n’a pas été complètement dépourvu de drame, car la pression due à la compétition rend le jeu encore plus difficile. Les concurrents, comme Jim Long de la filiale ontarienne Newbury, ont passé d’innombrables heures dans les tournois de district, de zone et de province, se sont exercés sans cesse, ont pris congé du travail et, en règle générale, ont fait énormément juste pour venir ici. Et tous ces efforts reposent maintenant dans leur bras et leur main, en rendant le moment plus intense et en exacerbant la tension alors que la détente serait de mise.

« Il y a tant de pépins qui peuvent arriver », déclare Long, qui a remporté le championnat dans la catégorie des simples d’une manière spectaculaire. « Des fois, mon bras se crispe quand je m’apprête à lancer », dit-il, et il fait un bruit grinçant en étirant son bras. « Il faut se concentrer sur le lancer, au-delà des nerfs. Souvent, la pensée “Je ne veux pas manquer” nous vient à l’esprit, surtout quand c’est un lancer important; il s’agit de se concentrer sur ce qu’on doit faire plutôt que sur ce qui arrivera si on manque. Le gagnant, c’est celui qui a maitrisé ses nerfs. »

Long lui-même est un de ces maitres. Le duo néoécossais, Chris Steiger et Jerry Myles, chez les doubles et l’équipe terre-neuvienne composée de Thomas Organ, Adam Bullen, Brian Joy et Leslie Hulan font aussi partie de la petite liste des champions nationaux de cette année.

Ces joueurs, et bien d’autres encore, sont venus jouer à la filiale Col. Fred Tilston VC, à Aurora, une banlieue plutôt somnolente au nord de Toronto.

Tôt le samedi matin, les joueurs se sont tenus à l’extérieur de la filiale et ont enduré stoïquement une légère bruine pour assister à une cérémonie de dépôt de couronne, puis ils ont écouté le président du Comité national des sports, Dave Flannigan, leur souhaiter la bienvenue.

« Je suis heureux de vous transmettre, du fond du cœur, les salutations de la présidente nationale, Pat Varga, et les mien­nes aussi, dit-il. Quand les membres parlent des sports natio­naux, ce sont les fléchettes qui viennent d’abord à l’esprit. Les fléchettes y ont probablement la première place, et elles l’auront probablement toujours. Alors je vous félicite d’avoir atteint ce jalon, où vous représentez votre province, et j’espère que vous aurez de très bons résultats. »

Juste après les présentations eut lieu une réunion des capi­taines où une modification importante a été apportée aux règles. Ils votèrent à l’unanimité en faveur de jouer une poule comme éliminatoire, deux sur trois, au cas où il y aurait des joueurs ex æquo. Ainsi, le format de l’épreuve aurait une poule comme stade initial, suivie des éliminatoires pour les deux équipes classées au premier rang. En cas d’égalité, les équipes concernées participeraient à une éliminatoire avant le championnat.

Quoi qu’il en soit, les fléchettes ont commencé leur vol peu après. Après les premières parties de la compétition des simples, peu de spectateurs voulaient se risquer à prédire le gagnant.

Cependant, à peine passé le milieu du tournoi, Long et John Markham de la filiale Cloverdale de Surrey (C.-B.) étaient en première place, bien que leur avance ne fut qu’à peine d’un ou deux points.

À la dernière rencontre de la poule, les deux premiers ont été rattrapés par Fred McKinnon de la filiale néobrunswickoise Carleton de Saint John. Vu qu’il y avait trois joueurs ex æquo, il a fallu des éliminatoires en poule afin de décider des deux joueurs qui se disputeraient la première place au championnat des simples.

McKinnon et Markham ont joué d’abord, et McKinnon a vite gagné. Ensuite, Long s’est mesuré à Markham et l’a battu, supprimant effectivement du tournoi le joueur de la côte ouest. Après une partie de la poule sommaire entre McKinnon et Long, que ce dernier a remportée, les deux joueurs ne se sont reposés que quelques secondes avant le match décisif.

En finale, Long et McKinnon se sont partagé les deux premières parties, entrainant une confrontation à la dernière partie où ils ont joué le tout pour le tout. Long a réussi un double d’accès à son premier lancer, et la foule a été ébahie quand McKinnon a manqué le sien quand ce fut son tour. Long a continué sans tracas, jouant fermement jusqu’à remporter le championnat.

Long joue aux fléchettes à la Légion depuis à peu près 1998, et bien qu’il ait participé aux championnats nationaux plusieurs fois auparavant, c’est la première fois qu’il gagnait chez les simples.

Il dit que son secret est un mélange de concentration et de persévérance. « L’important, c’est que vos lancers doivent être tout le temps pareils, votre bras et vos gestes doivent être mécaniques. Quand je lançais pour gagner le championnat, savez-vous à quoi je pensais? À rien. »

Peu après la victoire de Long, les fléchettes ont recommencé à voler, à la compétition des doubles.

Après la fin des lancers règlementaires, Chris Steiger et Jerry Myles de la filiale Centennial de Dartmouth étaient clairement les gagnants. John Markham et Jim Hooker de la filiale Cloverdale de la Colombie-Britannique étaient ex æquo avec Jason Hurley et Gerald Hull de la filiale LaSalle du Québec en deuxième position, ce qui signifiait qu’il y aurait une éliminatoire avant la finale. La Colombie-Britannique a gagné grâce à quelques lancers rapides de leur joueur étoile, Markham.

Au dernier tour, la Colombie-Britannique a remporté la première partie grâce, à nouveau, à l’œil perçant de Markham, mais la Nouvelle-Écosse, dirigée par le grand marqueur Steiger, s’est rattrapée à la deuxième partie, forçant une autre finale où l’on jouerait le tout pour le tout. La Nouvelle-Écosse a ouvert le jeu par le lancer le plus près du centre, puis Myles a rapidement inscrit les joueurs de l’Est au tableau. Ils ont continué sans tracas et Steiger est arrivé en fin de course et donné la victoire à la Nouvelle-Écosse.

Après s’être bien diverties à la filiale le samedi soir, les équipes ont recommencé leur compétition le lendemain matin, une compétition qui a duré une bonne partie de la journée.

L’équipe de la filiale torontoise Swansea composée de Roy Jacobs, Paul Carlson, Andy Rust et Gary Robinson était toute seule en première place après les lancers règlementaires. Elle s’est mesurée en finale à l’équipe de Terre-Neuve-et-Labrador, de la filiale Stephenville, composée de Thomas Organ, Leslie Hulan, Adam Bullen et Brian Joy.

Le dernier match a été pratiquement aussi bruyant et agité que peut probablement l’être une partie de fléchettes. Les joueurs de l’Est étaient excités jusqu’à la frénésie lorsque les équipes ont remporté une partie chacune. À la dernière partie, l’Ontario a été en avance tout le long depuis le 701 et quand le tireur d’élite ontarien s’est présenté pour essayer d’obtenir un double victorieux, il semblait que le match était terminé. Mais il a raté sa cible. Le Terre-Neuvien Organ s’est dépêché de prendre sa place et l’effervescence des lancers de fléchette s’est soldée par un cri victorieux : « Oui, les gars! » Terre-Neuve-et-Labrador avait remporté le tournoi national de fléchettes de 2011.

« On espérait vraiment qu’ils ratent leur coup, dit Joy après le match. On ne veut pas souhaiter de mauvaises fléchettes à qui que ce soit, mais on espérait qu’on aurait une chance. »

Et ils l’ont eue.

« Le chemin a été long jusqu’ici, voyez-vous? Et pour réussir, il nous fallait cette chance. On savait que ce serait la seule. Mais il fallait qu’ils manquent leur coup. C’était vraiment serré, leur équipe aurait pu tout aussi bien gagner. »

Là-dessus, il ne restait plus qu’à aller au banquet de clôture traditionnel et à rentrer chacun chez soi.

« La compétition a été excellente, dit Rick Preston, président du Comité des préparatifs locaux et président de la filiale Col. Fred Tilston VC. Il y a eu beaucoup de parties épatantes jusqu’à la finale […] L’Ontario avait sa chance — il lui fallait son double — et il n’a pas réussi. Et les Terre-Neuviens l’ont gagnée avec le leur. »

Résultats

ÉQUIPES : T.-N.-et-Lab. (fil. Stephenville), 18; Ont. (fil. Swansea de Toronto), 20; Qc (fil. LaSalle), 16; N.-B. (fil. Carleton de Saint John), 16; N.-É.–Nt (fil. Centennial de Dartmouth), 15; Man.–N.-O. O. (fil. Selkirk), 13; Î.-P.-É. (fil. Charlottetown), 11; Sask. (fil. Moose Jaw), 9; C.-B.–Yn (fil. Cranbrook), 9; Alb.–T. N.-O. (fil. Ogden de Calgary), 8.

DOUBLES : N.-É.–Nt (Chris Steiger et Jerry Myles, fil. Centennial), 20; C.-B.–Yn (John Markham et Jim Hooker, fil. Cloverdale), 19; Qc (Jason Hurley et Gerald Hull, fil. LaSalle), 19; Man.–N.-O. O. (David Hendy et Scott Sansom, fil. Selkirk), 18; T.-N.-et-Lab. (Leslie Hulan et Brian Joy, fil. Stephenville), 15; Ont. (Nickolus McCoy et Dave Richardson, fil. Wiarton), 13; N.-B. (Kerry Way et Rick McIsaac, fil. Oromocto), 11; Alb.–T. N.-O. (Garth Lamb et Rick Woppel, fil. Ogden), 10; Sask. (David Propp et Earl Sterling-Brown, fil. Nipawin), 7; Î.-P.-É. (Peter Holden et Darren MacNevin, fil. Charlottetown), 3.

SIMPLES : Ont. (Jim Long, fil. Newbury), 17; N.-B. (Fred McKinnon, fil. Carleton), 17; C.-B.–Yn (John Markham, fil. Cloverdale), 17; Î.-P.-É. (Frank Cudmore, fil. Charlottetown), 15; T.-N.-et-Lab. (Thomas Organ, fil. Stephenville) 14; N.-É.–Nt (Rod Snow, fil. Centennial), 13; Man.–N.-O. O. (Ryan Tkach, fil. West Kildonan, Winnipeg), 12; Qc (Sébastien Gagnon, fil. LaSalle), 12; Sask. (Curtis Gamble, fil. Moose Jaw), 9; Alb.–T. N.-O. (George Rowland, fil. Ogden), 9.

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