Logistique

[PHOTO : LE CPL JAX KENNEDY, CAMÉRA DE COMBAT DES FORCES CANADIENNES]

PHOTO : LE CPL JAX KENNEDY, CAMÉRA DE COMBAT DES FORCES CANADIENNES

Activation de Théatre – Transport – Entretien – Communications – Services de Santé – Génie – Maintien de L’ordre

Les journées sont longues et parfois démentes, mais sans elles, les Forces canadiennes (FC) ne pourraient pas fonctionner outre-mer ni au pays. En règle générale, les hommes et les femmes qui font ce travail en coulisse pendant des jours — et des nuits — ne sont que rarement reconnus pour avoir accompli des tâches presque impossibles. Ils sont tous placés sous le Commandement du soutien opérationnel du Canada (COMSOCAN) et ils ont été extrêmement occupés à l’achèvement de la mission de combat canadienne de cinq ans en Afghanistan.

Une grande partie de leur travail dans ce pays ravagé par la guerre consiste à rapatrier les soldats et leur équipement : une entreprise colossale qui a commencé il y a quelques mois, bien avant que soit prise la décision selon laquelle le rôle du Canada changerait d’une mission de combat, qui prendra fin en juillet, à une mission de formation. La présence militaire du Canada en Afghanistan s’étend sur pres-que 10 ans, une expérience soutenue par COMSOCAN commune à des milliers de militaires et relative à toutes sortes de choses : logistique opérationnelle, ingénierie, communications, entretien de l’équipement, santé et services de police militaire.

Le major-général Mark McQuillan, dont la responsabilité globale est de planifier et coordonner la logistique afférente à toutes les missions militaires du Canada, est la personne chargée de diriger ce qu’on a surnommé la mission de transition du COMSOCAN. Il nous disait au début de l’année que son personnel et lui ont travaillé longtemps à arrêter les détails de la transition de cette année. « La planification est en bonne voie, disait-il. Il n’y a pas de doute que nous allons être extrêmement occupés cet été, ainsi que cet automne. Nous allons transporter plusieurs centaines de véhicules et des milliers de conteneurs maritimes pleins d’équipement soit au nord à Kaboul pour servir à la mission formative, soit au Canada. »

Le COMSOCAN travaille régulièrement avec le Commandement Canada qui s’occupe des opérations intérieures et avec le Commandement de la Force expéditionnaire du Canada (COMFEC) qui est responsable des opérations internationales, dont celle d’Afghanistan. Le Commandement doit être prêt à œuvrer dans divers environnements, avec l’objectif fondamental de faire en sorte que les commandants d’unité puissent se concentrer sur leurs stratégies sans s’inquiéter de la logistique. « Ces derniers temps, nous nous sommes concentrés sur […] la transition pendant laquelle nous emportons tout le matériel de Kandahar et le rapportons au Canada », dit McQuillan.

Un technicien des transmissions. [PHOTO : LE SGT FRANK HUDEC, CAMÉRA DE COMBAT DES FORCES CANADIENNES]

Un technicien des transmissions.
PHOTO : LE SGT FRANK HUDEC, CAMÉRA DE COMBAT DES FORCES CANADIENNES

Chaque article [qui est là-bas] sera examiné pour détermi-ner s’il convient de le rapporter, si c’est rentable. Quand ce sera fait, notre personnel se concentrera sur le moyen de transport le plus économique. McQuillan et son équipe rapportent de tout : des véhicules blindés aux systèmes d’arme, en passant par les autres grosses pièces d’équipement dont les Forces auront probablement besoin dans leurs opérations à venir. S’il y a lieu, le COMSOCAN se débarrassera, sur place, du matériel qu’il n’est pas rentable de rapporter au pays. « Si ça coute 10 000 $ de le transporter jusqu’au Canada et que ça couterait 2 000 $ de l’acheter, ce sera vendu sur place, nous explique-t-il.  »

« On forme notre personnel pour qu’il soit toujours prêt à rapporter à l’intérieur des barbelés tout le matériel qui se trouve à l’extérieur de ces derniers, à compter le matériel de fond en comble, à y apposer un code à barres, à l’emballer convenablement et à l’envoyer au Canada », nous disait l’adjudant-chef Serge Froment en février. Il remarquait qu’au besoin le personnel réparerait le matériel avant de le rapporter. « On pourrait simplement rapporter tout le matériel au Canada et tout réparer ici, mais je ne pense pas que ce serait aussi efficace. »

Quand il est prêt à partir, le matériel peut être envoyé directement de Kandahar au Canada par avion ou, plus lentement, par voie terrestre ou marine en passant par les plaques tournantes du transport des FC au Pakistan et à Spangdahlem, en Allemagne. « On va mener essentiellement ce qu’on pourrait appeler une aire de rassemblement intermédiaire à un autre endroit pour y faire la répartition de la charge de travail avant de le rapporter au Canada, nous explique McQuillan. On a l’intention de transporter une bonne partie de notre matériel en avion [comme les systèmes d’arme] et plus vite on peut atterrir et répartir les cargaisons, plus c’est rentable. »

La fermeture soudaine du Camp Mirage en Asie du Sud-Ouest, en novembre dernier, a occasionné un pépin. « On avait de très bonnes relations avec les Émirats arabes unis (ÉAU)[…], alors quand on déménage d’un endroit idéal sur le plan géographique, où l’on a de très bonnes relations, c’est sûr qu’il y a un certain impact, mais en même temps on a pu faire face », dit McQuillan.

Pendant presque 10 ans, le mystérieux Camp Mirage a abrité l’élément de soutien des FC en Afghanistan. Quand les FC ont reçu la consigne de mettre un terme à leurs activités aux ÉAU dans les 30 jours, elles ont fait le point sur tout le matériel, avec le concours de l’équipe de fermeture du COMSOCAN, l’ont transféré, s’en sont débarrassé ou l’ont emballé. « En un mois à peu près, on est partis de Mirage et on a repositionné nos activités à Chypre, puis à Spangdahlem », déclare McQuillan. La fermeture signifiait le déménagement de 244 personnes, l’emballage et l’envoi de 54 conteneurs maritimes et de près de 80 palettes de fret aérien, et le transport de 19 véhicules.

Dans l’ensemble, les responsabilités du COMSOCAN concernent le soutien de l’activation dans le théâtre, ainsi que du maintien en puissance de la mission et de son achèvement. Ses fonctions sont les services de soutien afférents au combat, dont les actions du génie militaire, les services de santé, la police militaire, la logistique et l’entretien du matériel terrestre, ainsi que le soutien du personnel, la gestion des ressources et des communications, et les systèmes d’information.

Des véhicules logistiques. [PHOTO : LE CPL SHILO ADAMSON, CAMÉRA DE COMBAT DES FORCES CANADIENNES]

Des véhicules logistiques.
PHOTO : LE CPL SHILO ADAMSON, CAMÉRA DE COMBAT DES FORCES CANADIENNES

Avant la création, en 2006, du COMSOCAN, chaque arme des FC était responsable de son propre soutien opérationnel. Cela a souvent donné lieu à des inefficacités lors d’opérations conjointes. Aujourd’hui, le commandement emploie quelque 2 000 personnes, dont 700 civils. « [Cette division] est essentielle pour nos opérations; les civils procurent un certain degré de continuité à l’organisation, car ils sont extrêmement bien formés et compétents, et les soldats, en ce qui concerne la majorité de nos unités, doivent être prêts au déploiement dans des délais très brefs, non seulement parce qu’on appuie des opérations comme celles en Afghanistan, mais aussi parce qu’on répond aux opérations d’urgence [ailleurs] », ajoute Froment.

McQuillan dit que le COMSOCAN sert principalement au maintien en puissance. « C’est donc l’approvisionnement en matériel, dont les piliers sont les dépôts de matériel, et les systèmes d’infrastructure et de distribution au Canada, mais c’est sûr qu’on passe une grande partie de notre temps à gérer la circulation du matériel depuis le Canada jusqu’aux endroits où se déroulent nos opérations ».

Le commandement, dont le budget annuel s’élève à 91 millions de dollars, a plusieurs dépôts et 19 unités au Canada, dont le Groupe de soutien en matériel du Canada qui est responsable de la gestion du matériel au pays. Il a un dépôt à Montréal, un autre à Edmonton et quatre dépôts de munitions : un à Rocky Point, sur l’ile de Vancouver, un à Dundurn, en Saskatchewan, un à Angus, en Ontario, et un à Bedford, en Nouvelle-Écosse.

Le Régiment des transmissions interarmées des FC et le Groupe de soutien interarmées des FC qui fournissent les systèmes de communication et d’information et qui s’occupent du transport, de l’approvisionnement, des contrats et des services postaux, sont aussi sous l’égide du COMSOCAN. Quant au génie, McQuillan a une unité d’ingénieurs spécialisés à Moncton (N.-B.) dont les professionnels appuient souvent l’activation dans le théâtre et sont vraiment experts quand il s’agit de fournir une gestion de projet « sur le terrain ». Le Groupe des services de la Police militaire qui s’occupe du maintien de l’ordre et de la sécurité des opérations partout dans le monde est aussi de la compétence du commandement. La partie santé du COMSOCAN a eu un rôle essentiel dans la mission en Afghanistan, car le commandement est chargé de diriger l’endroit de détente des troupes, à Chypre. Les militaires canadiens sont tenus d’y passer un certain temps après leur mission. « On fait les exposés concernant le soutien psychologique et on leur permet de consacrer un certain temps aux loisirs, dit McQuillan. C’est une occasion pour nos gens de récupérer quand ils sortent d’un environnement de combat à haute intensité pour rentrer dans un environnement familial. »

Froment dit que le commandement a muri et qu’il est reconnu partout dans le monde comme étant une organisation efficace, tout en faisant remarquer qu’il apprend et s’améliore à chaque mission. « D’autres pays nous demandent souvent comment […] on s’organise, peut-être pour copier notre organisation. » Au début de 2011, Froment a assisté à une conférence de l’OTAN où des représentants de trois pays lui ont dit qu’ils observaient la façon dont le Canada quittait l’Afghanistan et qu’ils espéraient en apprendre quelque chose.

Le colonel Martin Girard, chef d’état-major du COMSOCAN et premier conseiller du commandant, nous dit que l’organisation a été structurée pour réagir rapidement. Tout de suite après le tremblement de terre de 2010 en Haïti, le COMSOCAN et le COMFEC ont examiné les besoins canadiens et une équipe de reconnaissance des FC se trouvait sur place, avec son soutien médical, moins de 12 heures après le séisme. L’assistance de la marine canadienne aussi était cruciale et l’équipe a déployé des troupes en moins de deux semaines pour l’opération Hestia. Le COMSOCAN était particulièrement occupé, car il fournissait le personnel et l’équipement pour l’opération Podium aux Jeux olympiques d’hiver à Vancouver. Il a déployé 400 personnes pour cette opération. Elles ont commencé l’ouverture du théâtre en novembre et se sont chargées de la composante médicale de 120 personnes, qui servait de minihôpital. Elles s’occupaient du soutien logistique, du transport, des communications, de l’information, du génie, de l’infrastructure, de l’environnement et de la police militaire. « Il y a eu un tremblement de terre quelques semaines avant le début des Olympiques, alors c’était la frénésie pour nous, ici, dit Girard. On offrait notre soutien à l’occasion d’une nouvelle crise et, en même temps, on devait appuyer les Olympiques, alors on était vraiment occupés. »

« Heureusement que la planification de l’opération Podium était terminée et au stade du maintien en puissance quand il a fallu s’occuper de l’évènement en Haïti; on a alors pu se concentrer sur ce dernier, affirme Girard. L’opération Hestia était incroyable parce que c’était un tremblement de terre. J’ai expérimenté quatre ouragans en Haïti, mais eux, on les voit venir, alors que ce n’est pas le cas pour les tremblements de terre. On a travaillé dur, de longues journées pendant le premier mois pour planifier et apporter le matériel nécessaire au théâtre : les véhicules, les hôpitaux de campagne, les services de recherche et sauvetage et de recherche et sauvetage urbains, l’épuration de l’eau. C’était vraiment fou, mais en fin de compte ç’a été une histoire couronnée de succès en ce qui nous concerne. »

Pendant Hestia, le COMSOCAN a établi une base de rassemblement à Barahona, en République dominicaine, pour transporter les véhicules et autres fournitures jusqu’en Haïti. Le transport aérien tout seul aurait été trop cher; on a donc apporté les véhicules, le matériel et les conteneurs maritimes à Barahona dans deux transports maritimes stratégiques », déclare Girard.

Le COMSOCAN a commandé environ 174 vols militaires et nolisés dans l’opération Hestia où plus de 1,8 million de kilogrammes de cargaison militaire et 545 000 kilogrammes de cargaison en aide humanitaire ont été transportés par avion. En outre, plus de 4,2 millions de kilogrammes ont été transportés par bateau.

Girard dit que la principale différence entre la planification des opérations internationales et celle des opérations intérieures, c’est la fiabilité des ressources. Aux endroits comme l’Afghanistan et Haïti, le COMSOCAN doit être complètement autosuffisant, mais lors des opérations intérieures, les ressources sont déjà en place. La seule région intérieure qui ne fasse pas partie de cette catégorie est celle du Nord, où le COMSOCAN doit aller du 6 au 26 aout 2011, dans le cadre de l’opération Nanook. « On va appuyer le Com Canada pour cette opération. »

La vitesse du travail change, mais le commandement demeurera occupé pendant la fermeture de Kandahar et l’ouverture d’un théâtre dans un rôle de formation à Kaboul. De plus, le commandement doit travailler en Lybie. « On ne sait jamais ce qui va arriver, dit Girard, mais on doit être prêts. Tout le monde compte sur nous […] et on répond aux attentes. »

Girard aime son travail et les gens avec qui il travaille. « C’est sûr qu’on n’a pas assez de ressources, personne n’en a assez, mais en tant qu’équipe, on s’arrange. […] on fait ce qui soutient vraiment nos soldats et c’est très satisfaisant. J’estime que c’est une organisation très jeune, remarquable. Il faut qu’on améliore nos processus internes et externes, mais il y a toujours place à l’amélioration. »

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