Dix ans après, la Conférence discute du 11 septembre

Les 24 et 25 février, plus de 500 personnes ont rempli le Château Laurier, au centre-ville d’Ottawa, à l’occasion du symposium de la Conférence des associations de la défense (CAD). Comme d’habitude, les conférenciers à l’évènement de deux jours étaient éminents, tels que le ministre de la Défense nationale, Peter MacKay, et le Dr John Hamre du Center for Strategic and International Studies des États-Unis.

La CAD est un groupe qui englobe nombre d’associations de militaires, dont la Légion royale canadienne est la plus grande. Cette année, il y avait deux thèmes à la réunion : les questions liées à la sécurité Canada–États-Unis 10 ans après le 11 septembre et les Forces canadiennes après la mission de combat en Afghanistan.

À l’ouverture de la conférence, Hamre a prononcé un discours sur la gestion de notre défense commune à une époque d’austérité budgétaire, en insistant particulièrement sur le fait que le Canada et les États-Unis devraient unir leurs efforts davantage, mais que, pour ce faire, les États-Unis devraient penser leurs politiques différemment.

« Les États-Unis changent énormément actuellement à cause de la récession, et ce fut un avertissement sans frais pour presque tout le monde », dit-il.

D’après lui, la méprise principale des deux pays concerne la sécurité inté­rieure. Il aimerait beaucoup que, lors de la prochaine attaque, on ne se fasse pas plus de mal à nous-mêmes que nous en feront les terroristes. Ces temps-ci, dit-il, plutôt que d’unir nos efforts pour régler un problème, chacun s’efforce de trouver des faiblesses chez l’autre. Les États-Unis devraient aussi modifier leur façon de penser, car ils sont dans un cadre stratégique des années 1950 et 1960; ils doivent coopérer avec les autres pays plutôt que de faire cavaliers seuls.

Trois groupes de discussion ont suivi le discours-programme. Le premier, comprenant l’ancien ambassadeur du Canada aux États-Unis, Michael Wilson, l’ancien ambassadeur des États-Unis au Canada, James Blanchard, et le lieute­nant-général Frank Grass, sous-commandant de l’U.S. Northern Command (NorthCom), s’est penché sur les relations Canada–États-Unis depuis le 11 septembre 2001. Tous s’entendaient pour dire que le Canada et les États-Unis devraient poursuivre leur étroite colla­boration. Le citoyen canadien moyen ne sait pas à quel point les deux pays unissent leurs efforts, mais il faut encore plus de communication, surtout relativement à NORAD (Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord) et à NorthCom dont le personnel provient des deux pays. Nous de­vrions aussi nous entraider en ce qui concerne la patrouille de la frontière, mais sans voir la frontière comme un mur entre les deux pays. Les autres groupes ont discuté de problèmes de sécurité actuels, surtout ceux de la région de l’Asie-Pacifique et de celle de l’Arctique, ainsi que ceux de l’après-Afghanistan.

Vendredi matin, le premier orateur, le ministre MacKay, mentionna brièvement la crise en Libye. « Dans le cadre de leur combat pour la démocratie, ils (les Libyens) ont enduré un chaos inoubliable, de la violence et un régime qui attaque outrageusement ses propres citoyens, affirma-t-il. L’abus du pouvoir gouvernemental épouvantable et persistant doit s’arrêter et, au Canada, nous sommes prêts à combattre en compagnie d’autres pays pacifiques pour appuyer les aspirations légitimes du peuple libyen. »

Il déclara que les FC ont été occupées en 2010, ayant entrepris des opérations internationales en Afghanistan et en Haïti, ainsi que des opérations intérieures telles que les Olympiques de Vancouver, le Sommet du G-8 et celui du G-20, et les secours humanitaires après l’ouragan Igor. En juin seulement, 12 000 membres des Forces ont été déployés.

« On peut dire que nous assistons à des changements pour le moins historiques au Moyen-Orient : les dictateurs tombent comme des dominos, bien que l’on ne puisse prédire les rebondissements à venir », dit MacKay. Ces rebon­dissements pourraient servir à définir les problèmes éventuels relatifs à la sécurité et les FC doivent s’assurer d’être toujours efficaces et fiables. Elles font cela grâce à l’engagement du gouvernement, à l’ouverture de centres de soutien et à l’acquisition de nouveau matériel.

« Laissez-moi vous dire franchement, dit-il. Le monde a besoin de ce que peut offrir notre pays. Les Forces ont besoin d’une combinaison de capacités mo­dernes pour demeurer un partenaire prêt, crédible et efficace. » Le Canada doit aussi maintenir ses alliances internationales fondamentales, y compris ses relations étroites avec les États-Unis.

« Au cours des 200 dernières années, nos deux pays ont développé les relations les plus serrées, les plus chaleureuses et les plus réussies du monde. Nous avons bien changé depuis que nous avons marché sur Washington en 1812, déclara MacKay. Ces relations ont indubitablement sécurisé notre pays. »

Il a prévenu l’auditoire que c’est par la voie maritime que le Canada est le plus vulnérable. « Nous avons la côte inoccupée la plus longue du monde; méfions-nous de l’eau. »

Après MacKay, le vice-amiral Bruce Donaldson, vice-chef d’état-major de la défense, qui remplaçait le chef d’état-major de la défense Walter Natynczyk dont l’absence avait été occasionnée par un problème de famille urgent, prit la parole. Il parla de l’après-Afghanistan : le personnel des Forces se concentrerait sur la ville de Kaboul.

« Il n’y aura plus d’unités des Forces canadiennes au Kandahar après 2011, dit-il. Cependant, un petit nombre de militaires canadiens pourraient être affectés dans d’autres régions de l’Afghanistan, où les risques auront été évalués comme n’étant pas supérieurs à ceux à Kaboul. »

Le général Mieczyslaw Bieniek, commandant adjoint du Commandement suprême des Forces alliées – Transformation de l’OTAN, a discouru sur l’importance de réorganiser l’OTAN et de préserver sa puissance.

Le général Keith Alexander, commandant de l’U.S. Cyber Command et directeur de la National Security Agency, l’un des conférenciers les plus intéressants, a expliqué que le Canada et les États-Unis sont en danger relativement à la cybermenace et qu’ils sont relativement découverts.

« Le montant de renseignements transmis dans le réseau cette année va dépasser tous les renseignements qui ont existé au cours des 5 000 dernières années, affirma Alexander. Imaginez la Bibliothèque du Congrès. Quand on pense à la quantité d’informations qu’il y a dans la Bibliothèque du Congrès, ça fait 15 ou 20 téraoctets (milliers de gigaoctets) d’informations, et la quantité de ces deux siècles d’informations est transmise dans le réseau d’aujourd’hui en cinq minutes. »

La quantité d’informations imprimées dans le New York Times en une semaine dépasse ce qu’on voyait pendant toute une vie dans les années 1800; 107 billions de courriels ont été envoyés à tra­vers le réseau l’année dernière, dont 89 p. 100 étaient des pourriels. Facebook a plus de 600 millions d’utilisateurs, ce qui en fait le 3e pays du monde en ordre d’importance démographique.

« Cela donne des occasions monumentales. Toutefois, les risques sont importants aussi, dit-il. Pour ce qui est des risques, réfléchissez à ce qui est déjà arrivé. Par exemple, il y a 250 000 pourriels toutes les heures dans les réseaux militaires des États-Unis. »

Il y a actuellement 4 000 sites Web de terroristes qui contrôlent d’autres sites. Aux États-Unis, 75 p. 100 des habitants ont déjà eu un cyberproblème comme un virus ou un vol de propriété intellectuelle. L’année dernière, d’après McAfee, le fournisseur de progiciels antivirus, le cout des cybercrimes a dépassé le billion de dollars. Il se dit soucieux en ce qui concerne la capacité de notre pays de récupérer, de se régénérer et de retourner au réseau après une atteinte à la sécurité. « Dans un avenir pas très lointain – selon certaines estimations, dans les trois ans – il y aura des attaques destructives contre notre réseau et (ni vous ni nous) ne sommes prêts à nous défendre contre ces attaques », dit Alexander. En 2008, un cyberpro­blème s’est transformé en une atteinte à la sécurité nationale quand un logiciel espion pernicieux a été transmis accidentellement, dans une clé USB, d’un réseau non classifié à un réseau classifié. Le problème a été réglé rapidement, dit-il, mais cela montre que les défen­ses sont nécessaires.

Il faut éduquer les dirigeants gouvernementaux et les militaires, et il faut trouver des solutions et les mettre en œuvre. Il insiste sur l’importance de cela en donnant des exemples de simples erreurs opérationnelles qui ont entrainé des effets désastreux, y compris la panne de courant du 14 aout 2003, où 45 millions de logements aux États-Unis et 10 millions au Canada ont manqué d’électricité à cause d’un pépin informatique.

« Voyez ce qui arrive rien qu’à cause des erreurs que nous faisons. Imaginez donc ce qui pourrait arriver lors d’une attaque », dit Alexander. Les conséquences pourraient être désastreuses et les deux pays doivent unir leurs efforts. Ce sera difficile parce que ce qu’il y a à défendre ne peut pas se voir, mais c’est nécessaire. « On ne peut pas attendre qu’une crise arrive; il faut régler ce problème. »

Les délégués ont entendu d’autres nouvelles sur les Forces canadiennes, y compris les commentaires du lieute­nant-général Peter Devlin, chef d’état-major de l’Armée de terre, qui a rapporté que l’armée est dans un stade de « rechargement » après l’Afghanistan et qu’elle sera prête pour les conflits à venir. Le lieutenant-général André Deschamps, chef d’état-major de la Force aérienne et le vice-amiral Dean McFadden, chef d’état-major de la Force maritime, ont aussi fait le point.

La journée s’est terminée par une discussion de groupe sur les défis que devront relever les Forces et le ministère de la Défense nationale. L’information principale a été donnée par le lieutenant-général Andrew Leslie, chef de la Transformation, qui dit qu’il existe neuf plans sur la structure à venir des Forces et que, d’après lui, s’il le fallait, avant de réduire le matériel, les forces et la réserve, on devrait se pencher sur le personnel de l’administration centrale.

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