Ils Vivent Dans Notre Mémoire

(de g. à d.) Le général Walt Natynczyk, chef d’état-major de la défense, Vincent Girouard, mari de la mère de la Croix d’argent Mabel Girouard, et Pat Varga, présidente nationale de la Légion royale canadienne, applaudissent les anciens combattants qui défilent. [PHOTO : METROPOLIS STUDIO]

(de g. à d.) Le général Walt Natynczyk, chef d’état-major de la défense, Vincent Girouard, mari de la mère de la Croix d’argent Mabel Girouard, et Pat Varga, présidente nationale de la Légion royale canadienne, applaudissent les anciens combattants qui défilent.
PHOTO : METROPOLIS STUDIO

Pour la première fois, les Canadiens ont célébré le jour du Souvenir sans vétéran canadien de la Première Guerre mondiale. Les souvenirs vivants de la Grande Guerre qu’avaient ceux qui ont porté l’uniforme en ce temps-là ont disparu lors du décès de John Babcock, le dernier soldat canadien qui y avait survécu. Toutefois, les Canadiens n’oublient pas : au Monument commémoratif de guerre du Canada, plus de 30 000 d’entre eux sont venus honorer le service et les sacrifices de toutes les générations d’hommes et de femmes qui se sont battus pour faire, sauvegarder ou maintenir la paix. C’était la même histoire partout au Canada; des foules immenses ont tenu à leur rendre hommage dans les grandes villes comme dans les petites.

Les gens se sont déplacés pour honorer les camarades perdus ou en souvenir de proches qui ont servi. Un vétéran de la marine marchande âgé de 80 ans, James Hodgetts, résidant de Barrière, en Colombie-Britannique, a servi dans le Pacifique pendant la Seconde Guerre mondiale. Bien qu’il ait assisté au service au Monument commémoratif de guerre du Canada « pour rendre hommage aux gars de la marine marchande qui ont servi et qui sont morts dans le service brutal dans l’Atlantique », il était là aussi pour honorer l’oncle de son voisin, mort à la Première Guerre mondiale.

Roly Armitage de Dunrobin (Ont.), observateur d’artillerie qui s’est battu en Normandie, en Belgique, en Hollande et en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, y assiste tous les ans. « Je pense à tous ceux qui ont perdu la vie. »

John Eggenberger, qui a servi dans les forces de l’OTAN en France, en Allemagne et au Canada, était là pour rendre hommage à son oncle, Laurence Thordarson, du Corps royal du génie canadien, qui git au cimetière militaire de Ravenna, en Italie.

Les spectateurs montrent leur appréciation. [PHOTO : METROPOLIS STUDIO]

Les spectateurs montrent leur appréciation.
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Certains étaient venus en groupe. Maryellen Gibson, âgée de 16 ans, de l’école secondaire Lacombe Composite High School de Lacombe, en Alberta, était une des élèves de 11e et 12e années venus en visite commémorative à la capitale. Elle a bien passé le temps, notamment en visite à Bibliothèque et Archives Canada où elle a fait des recherches sur Charles Frank Gibson, son parent mort en Italie vers la fin de la Seconde Guerre mondiale. « J’ai perdu des parents à la guerre et le jour du Souvenir est le moment d’y réfléchir. »

Son camarade de classe Justin Dutchak, quant à lui, honorait James Pratt, le grand-père d’un ami. « J’ai vu les larmes lui venir quand il se souvenait des amis et des parents qu’il a perdus. » L’enseignante Christa Henderson voulait remercier la filiale Lacombe de la Légion et la Division de l’Alberta–Territoires-du-Nord-Ouest pour les dons qui, chaque année, aident sa classe à faire ce voyage. L’équipe de hockey Canucks de Vancouver, qui avait annulé l’entrainement précédant la partie pour que les joueurs et le personnel puissent venir, assistait aussi à la cérémonie. « Il y a des choses dans la vie qui sont plus importantes que le patinage du matin », nous dit l’entraineur adjoint, Rick Bowness.

Beaucoup de gens étaient venus avec leurs enfants.

Un garçon passe un moment solennel. [PHOTO : METROPOLIS STUDIO]

Un garçon passe un moment solennel.
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« Je suis né à Hong Kong », dit Willie Wong qui, avec son fils de 10 ans, Russell, avait trouvé un endroit pour bien voir. « J’ai toujours ressenti quelque chose de spécial envers les soldats. » Ils avaient l’intention d’aller voir aussi le Mur commémoratif de Hong Kong et le Musée canadien de la guerre.

Certains sont venus en tant qu’observateurs respectueux des anniversaires importants. Parmi eux se trouvait le vétéran de la Guerre de Corée Robert Ranger, de Richmond (Ont.). Il était ému de se trouver à la cérémonie lors du 60e anniversaire de cette guerre. « J’ai été là-bas pendant 14 mois. Pendant un certain temps, on l’appelait la guerre oubliée, mais maintenant les gens apprécient ce qu’on a fait, ce qui n’était pas le cas avant. » La perception a changé, selon lui, et « les gens plus jeunes comprennent maintenant ce qu’était la guerre de Corée. Le petit-fils de Ranger, Eric, est revenu depuis peu d’Afghanistan où il était en service; c’est la cinquième génération de Ranger qui a pris du service.

Le matelot-chef Sean Preston était content d’avoir été affecté dans la région afin de pouvoir assister à la cérémonie. « Je suis très fier de servir pendant le 100e anniversaire de la marine et très fier aussi d’être ici. »

Ces gens faisaient partie des milliers de personnes « qui se sentent toujours impressionnés par les Canadiens d’autrefois qui ont tout lâché et pris tous les risques pour combattre la tyrannie », dit le rabbin Reuven Bulka, aumônier honoraire de la Direction nationale de la Légion royale canadienne, lors de sa bénédiction.

Des moments de réflexion personnelle au Monument commémoratif de guerre du Canada. [PHOTO : METROPOLIS STUDIO]

Des moments de réflexion personnelle au Monument commémoratif de guerre du Canada.
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L’horloge de la Tour de la Paix s’est mise à sonner la 11e heure du 11e jour du 11e mois alors que la dernière note du dernier clairon résonnait encore. Un tir d’obusier du 30e Régiment d’artillerie de campagne a marqué le début du silence, un silence si profond qu’on entendait les drapeaux agités par la brise.

Un deuxième coup de feu annonça la fin du silence et quatre Hornet CF-18 volèrent en formation en hommage aux pilotes disparus pendant qu’un cornemuseur jouait la complainte. Après l’éveil, la présidente nationale Pat Varga lut l’Acte du Souvenir en anglais, le grand président de la Légion, Larry Murray, le lut en français et l’ancien combattant Norman Henderson le lut en cri.

Ses mots ponctués par la salve de 21 coups de canon, l’aumônier général des Forces canadiennes, le révérend Karl McLean, a précédé sa prière du poème d’Alexandria Grace Parker, la fille du colonel Geoff Parker tué en Afghanistan. « Nous nous souvenons et remercions ces braves Canadiens qui […] ont tout donné pour la liberté, la justice et la paix », dit-il.

Le gouverneur général David Johnston et la mère de la Croix d’argent Mabel Girouard. [PHOTO : METROPOLIS STUDIO]

Le gouverneur général David Johnston et la mère de la Croix d’argent Mabel Girouard.
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Le gouverneur général, David Johnston, a déposé la première couronne pendant que les membres du Chœur d’enfants d’Ottawa chantaient le poème impérissable du lieutenant-colonel John McCrae, In Flanders Fields. Ensuite, la mère de la Croix d’argent, Mabel Girouard de Bathurst (N.-B.), a déposé une couronne au nom des mères de ceux qui sont morts pour la patrie. John Baird, leadeur du gouvernement à la Chambre des communes; Noël Kinsella, président du Sénat; Jean-Pierre Blackburn, ministre des Anciens Combattants; et le chef d’état-major de la défense, le général Walter Natynczyk, lui ont emboité le pas.

Par la suite, les lauréats des concours littéraires et d’affiches de la Légion, Shea Goreham de Bridgetown (N.-É.), Michael Sullivan de St. John’s (T.-N.-L.), Jan Sobotka de l’ouest de Vancouver et Jonathan Brown de Guelph (Ont.), ont déposé une couronne au nom des jeunes Canadiens. Les porteurs de couronne étaient les récipiendaires du prix du cadet de l’année de la Légion : la cadette de la Marine, maitresse de première classe Nadine Kelly de Old Perlican (T.-N.-L.), la cadette de l’armée, adjudante-chef Ashley Linehan de Mt. Carmel (T.-N.-L.) et l’adjudant de 2e classe des cadets de l’air Sadiq Valliani de Calgary.

Le défilé des anciens combattants est applaudi. [PHOTO : METROPOLIS STUDIO]

Le défilé des anciens combattants est applaudi.
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La présidente nationale fut la dernière personne du groupe vice-royal à déposer une couronne au nom des anciens combattants et de la Légion royale canadienne. Elle fut suivie des représentants du Corps diplomatique d’Ottawa et d’un grand nombre de représentants d’organisations d’anciens combattants. « Nous nous souvenons du sacrifice suprême que tant de Canadiens ont fait, dit le rabbin Bulka lors de la bénédiction. […] Aujourd’hui, il s’agit de se souvenir; demain et par la suite, il s’agira de convertir le souvenir en célébration comme acceptation de la gratitude et de la vénération, et de s’en servir en tant qu’accueil chaleureux du retour du front […]. » Il dit que la commémoration est « une obligation sacrée : notre impératif immuable, irrévocable, permanent […]. »

Le ministre d’Anciens Combattants Canada, Jean-Pierre Blackburn, assisté par la cadette Nadine Kelly, rend hommage aux morts de guerre. [PHOTO : METROPOLIS STUDIO]

Le ministre d’Anciens Combattants Canada, Jean-Pierre Blackburn, assisté par la cadette Nadine Kelly, rend hommage aux morts de guerre.
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Après le service, les membres du groupe vice-royal ont salué les anciens combattants et se sont dirigés vers la rue Wellington où ils ont regardé le défilé des anciens combattants. Pendant ce temps, des milliers de personnes attendaient leur tour pour aller déposer leur coquelicot sur la Tombe du Soldat inconnu.

C’est malheureux que le sacrifice doive être nécessaire pour défendre notre pays et la paix, nous dit la mère de la Croix d’argent. « Je me sens très honorée » de représenter d’autres mères qui ont éprouvé une perte. « Je voudrais leur dire : Utilisez votre courage et votre force; ça devient plus facile (avec le temps), bien qu’ils vous manqueront toujours. »

« Il y aura toujours un jour du Souvenir », dit-elle, car il y aura toujours des hommes et des femmes prêts à faire le même sa­crifice. Robert Girouard, âgé de 46 ans, sergent-major régimentaire du 1er Bataillon du groupement tactique du Royal Canadian Regiment, fut tué près de Kandahar, en Afghanistan, le 27 novembre 2006. Et elle sait qu’il y aura toujours des gens qui se dévoueront au service, pas seulement parce que les trois enfants de Robert ont choisi la carrière militaire, mais parce qu’elle rencontre d’autres gens comme la sergente Renay Groves, avec qui elle a lié connaissance la veille du jour du Souvenir.

Les lauréats séniors du concours littéraire et d’affiches de la Légion déposent une couronne. [PHOTO : METROPOLIS STUDIO]

Les lauréats séniors du concours littéraire et d’affiches de la Légion déposent une couronne.
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Ce jour-là, la mère de la Croix d’argent et les représentants de la jeunesse ont visité les édifices du Parlement et le Musée canadien de la guerre, et ils ont accepté l’invitation à un diner que la présidente nationale de la Légion donnait en leur honneur.

Ils sont allés à la Chapelle du Souvenir où les Girouard ont vu le nom de leur fils dans un Livre du Souvenir. Le sergent d’armes adjoint de la Chambre des communes, André Boivin, leur a remis une copie encadrée de la page où est inscrit le nom.

Au Musée canadien de la guerre, la mère de la Croix d’argent en pleurs a embrassé la sergente Groves qui a donné son livre Notes From Home au musée. Le livre est épais de plus de 30 cm, pèse à peu près 20 kilogrammes et contient des messages de 80 000 Canadiens aux soldats en service en Afghanistan. Parmi les messages se trouvent ceux de l’ancien chef d’état-major de la défense Rick Hillier et du premier ministre Stephen Harper, mais la signature qui est peut-être la plus précieuse est la dernière, celle de Ry Secours-Francis, âgé de 4 ans, dont le père, le capitaine Jefferson Francis, est mort quand son véhicule blindé a été détruit par une mine en Afghanistan en 2007.

Les coquelicots adornent la Tombe du Soldat inconnu. [PHOTO : METROPOLIS STUDIO]

Les coquelicots adornent la Tombe du Soldat inconnu.
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Le diner au Château Laurier a donné l’occasion à la présidente nationale de remercier les Girouard. « Nous rendons hommage à leur courage et à leur bravoure, dit-elle. Nous les remercions de leur sacrifice; ils nous ont prêté leur fils. Je promets aujourd’hui que nous ne l’oublierons jamais. »

Les gagnants des concours et les cadets ont reçu des plaques et des bourses au diner. Des témoignages de reconnaissance ont aussi été rendus aux sentinelles qui ont monté la garde pendant le service du jour du Souvenir; au sergent d’armes adjoint Boivin, qui prenait sa retraite, et à une poignée de bénévoles de la Légion qui ont pris part à l’organisation de la cérémonie nationale depuis des dizaines d’années. Au cours de la semaine, une présentation avait été faite à l’employé de Travaux publics, Wilf Leblanc, qui a participé aux préparatifs de la cérémonie pendant 34 ans.

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