Le thème du 43e Congrès national de la Légion royale canadienne, qui doit avoir lieu du 13 au 16 juin, est : « Lieu de naissance de la Légion — unir la nation ». Il s’agit d’une allusion au choix de Winnipeg comme endroit du Congrès, où les groupes d’anciens combattants se sont réunis en 1925, à l’occasion du Congrès de l’unité, pour instituer la Légion. Le thème fait également allusion à la manière dont les anciens combattants ont offert une vision unifiée à propos des soins et des avantages que méritaient les hommes et les femmes ayant servi leur pays à l’horrible guerre à l’étranger.
Attendu que la Légion s’est souvent employée à obtenir des avantages pour les anciens combattants au fil des années, les légionnaires se réunissent à nouveau pour répondre aux besoins des jeunes gens qui servent actuellement leur pays, à la guerre, à l’étranger.
Les temps ont changé et les besoins de ces anciens combattants et de leur famille ont changé aussi. La Légion a été consultée à maintes reprises en ce qui a trait à la Loi sur les mesures de réinsertion et d’indemnisation des militaires et vétérans des Forces canadiennes, mieux connue comme la nouvelle Charte des anciens combattants, et elle l’a fortement appuyée. Cependant, il y a quatre ans que la charte est en vigueur et on note maintenant certaines lacunes. Au début, il avait été promis que la nouvelle Charte des anciens combattants serait un document vivant, qui évoluerait selon les besoins.
Au Congrès, nombre de motions vont être mises à l’étude par les délégués. Beaucoup sont fondées sur les recommandations faites l’automne dernier par le Comité consultatif de la nouvelle charte des anciens combattants, dont la Légion est membre.
Parmi ces recommandations, il y a l’éducation du personnel idoine d’Anciens Combattants Canada, des fournisseurs de services et du public en ce qui a trait aux droits des anciens combattants et de leur famille et aux services qui leur sont offerts; l’amélioration des ressources accessibles grâce aux centres de ressources pour les familles des militaires; le perfectionnement des fournisseurs de soins en ce qui concerne les compétences et les connaissances liées aux soins de santé; et l’aide aux familles des membres des Forces canadiennes disparus. Il est nécessaire de faire en sorte que les anciens combattants aient un revenu équitable, seyant à une carrière militaire normale. Ces programmes doivent aussi être surveillés et des données recueillies afin de pouvoir analyser les besoins des anciens combattants.
Les légionnaires peuvent être fiers du travail qu’a fait leur organisation pour les anciens combattants, mais quand les délégués vont se réunir à Winnipeg, ils se pencheront sur ce qui reste à faire, car les anciens combattants sont au cœur du travail de la Légion.
La victoire en Europe
« J’ai vu un char au loin, la tête d’un soldat au-dessus et je me suis senti comme exsangue, et j’ai pensé : voici la libération. Quand le char s’est approché, je n’arrivais plus à respirer, et le soldat s’est levé, et il avait l’air d’un saint. Un silence assourdissant a enveloppé les gens, et il a été rompu soudainement par un grand cri, comme s’il émanait de la terre. Et les gens ont grimpé sur le char, et ils en ont sorti le soldat, et ils pleuraient […]. »
Le temps ne devrait jamais effacer ces paroles, dites en quelques secondes par un adolescent hollandais qui a été témoin de l’arrivée des chars canadiens à La Haye il y a 65 ans.
C’était le printemps et les Néerlandais, surtout ceux de la Hollande de l’Ouest qui avaient survécu, étaient au bout de leur endurance. Des milliers avaient péri, surtout pendant l’Hiver de la faim. Beaucoup d’autres avaient été transportés de force à des camps de transition. On ne peut pas comprendre exactement comment c’était que de se demander sans cesse si la misère s’arrêterait, si l’on survivrait.
Mais la fin est bien arrivée, même si c’était trop tard pour beaucoup.
Le 5 mai 1945, au village de Wageningen, le lieutenant-général Charles Foulkes, commandant du 1er Corps canadien, a accepté la reddition des troupes allemandes en Hollande. Le général Guy Simonds du 2e Corps canadien en a fait de même à son propre front, en Allemagne. La reddition officielle de l’Allemagne a été signée deux jours après à Rheims (France) et, le 8 mai, des millions de gens ont célébré le jour de la victoire en Europe. Au bout de cinq ans d’occupation nazie, l’Europe du Nord-Ouest était finalement libre.
À cet égard, nous présentons, en l’honneur du 65e anniversaire du jour de la victoire en Europe et des contributions des Canadiens, une section spéciale portant sur la vie d’un soldat qui s’y trouvait. Nous jetons aussi un coup d’œil à une importante séquence filmée au début de la fin du temps de l’ennemi en Europe du Nord-Ouest : le jour J en 1944. Le tout s’accompagne d’une synthèse rédigée par l’historien renommé J.L. Granatstein qui y a inclus, en plus d’autres renseignements importants, la citation immortelle de cet adolescent hollandais (page 3) Ajoutons que c’est une histoire où il ressort que les combats pour la libération de l’Europe ont été féroces jusqu’à la toute fin.
De plus, il est essentiel de reconnaitre qu’on ne doit pas moins aux soldats, aux marins et aux aviateurs qui n’étaient pas là pendant les dernières semaines de la libération qu’à ceux qui y étaient. Plus d’un million de Canadiens et de Terre-Neuviens ont servi à la Seconde Guerre mondiale. Quarante-cinq milles d’entre eux ont donné leur vie en des lieux lointains. Cinquante-cinq milles autres ont été blessés.
Les commémorations du jour de la victoire en Europe, de loin les plus importantes, vont avoir lieu aux Pays-Bas, où l’on est en lieu de croire que les habitants n’oublieront jamais les hommes et les femmes canadiens qui les ont libérés. Ainsi, le temps est venu de se sentir fier de la jeune nation d’alors, une nation qui, aujourd’hui encore, est toute disposée à mettre fin à la violence qui sévit en des lieux lointains.