Le Manitoba balaie jusqu’à la victoire à Terre-Neuve

Le temps était frais, la réception, chaleureuse et le curling, chaud au 54e Championnat de curling de la Légion royale canadienne qui a eu lieu, du 13 au 19 mars, à Stephenville (T.-N.).

L’équipe du Manitoba–Nord-Ouest de l’Ontario, composée de Jeff Stewart, Craig Douglas, Dwight Ferguson et Jeff Mowat, de la filiale Gladstone, a remporté la victoire. Or, tous se sont sentis comme des champions lors de leur séjour à Stephenville, sur la rive de la baie St-Georges, le long de la côte sud-ouest de Terre-Neuve.

« Wow, wow, wow, wow, wow », dit Jeff Mowat, premier de l’équipe manitobaine, lors du banquet de fermeture. La célèbre hospitalité terre-neuvienne, associée aux repas succulents et à l’environnement somptueux de la semaine, avait rappelé une fête à bord d’un paquebot de luxe.

Pour une ville dont la population n’est que d’environ 8 000 personnes, les édifices de Stephenville sont plutôt impressionnants, grâce à la base aérienne Ernest Harmon, construite par les États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale pour recevoir 4 000 soldats américains. Quelque 132 000 militaires par année passaient par l’aérodrome. Quand, en 1966, la base a été condamnée, la propriété, qui était évaluée à 179 millions de dollars, a été abandonnée au Canada. Beaucoup d’entreprises de la ville et de services communautaires régionaux sont maintenant logés dans les anciens édifices militaires.

La filiale Stephenville a obtenu le chic club d’officiers de la base construit en 1950, pour une somme symbolique, à peu près 10 ans après la fermeture. « L’intégrité structurale et le décor du club en général ont été maintenus par la Légion par des efforts herculéens », dit Fred Stagg, membre de la filiale et maitre de cérémonie lors des évènements officiels.

Le club de curling Caribou occupe, ces jours-ci, l’ancien club récréatif de la base qui offre un salon, un gymnase et une salle de quilles à ses 1 000 membres. « Le bois d’une salle de quilles est incomparable, extrêmement durable et couteux », dit Stagg. Le club de curling a recyclé ce trésor et en a fait le couvre-plancher de son salon.

Les joueurs allaient d’un de ces deux édifices splendides à l’autre pendant les évènements principaux de la semaine. Les équipes avaient été reçues par des chauffeurs bénévoles, le samedi, quand elles sont arrivées, petit à petit, à l’aéroport de Deer Lake, à environ 134 kilomètres au nord de Stephenville.

Le dimanche a débuté par la couture des armoiries et la réunion des capitaines. Ensuite, à midi, les représentants, les invités et les joueurs se sont rassemblés à une cérémonie à la salle de la filiale, où la première vice-présidente de la Direction nationale, Pat Varga, a déposé une couronne devant une simple croix faite à la main par une étudiante de la communauté, Alyssa Gosbee. Elle était accompagnée par le président de Terre-Neuve-et-Labrador et membre de la filiale, Stephen Pottle.

L’ouverture officielle a eu lieu ce soir-là, au club de curling Caribou, où se sont déroulés les présentations et les discours des dignitaires, dont des politiciens de la place, Barry Lomond, président du club de curling et ancien joueur aux nationaux de la Légion, et le président du Comité des préparatifs locaux, Charlie Earle.

La première pierre a été lancée par le colonel honoraire Richard Alexander, vétéran de la Seconde Guerre mondiale et de celle de Corée, qui était accompagné par le président Warren Quinton. Le premier des sept tours de la poule a commencé peu après.

Les équipes étant de forces presque égales, les meneurs ont mis du temps à se démarquer. L’équipe de la Division de la Colombie-Britannique–Yukon, pour qui la seconde place semblait être du tout cuit, a fini par se faire battre non seulement par l’équipe gagnante, mais aussi par les deux qui avaient les scores les plus faibles.

Au début du tour du milieu, le mardi matin, les équipes du Manitoba, de l’Î.-P.-É., de la Colombie-Britannique–Yukon de la filiale Cowichan de Duncan (Île de Vancouver) et de la filiale Stephenville, qui représentait Terre-Neuve-et-Labrador, avaient toutes deux victoires, alors que les équipes de la filiale Lancaster de Saint-John (N.-B.), de Meadow Lake (Sask.), de Bridgewater (N.-É.) et de la filiale Col. John Bourque de Sherbrooke (Qc) en avaient une chacune. L’équipe du Manitoba venait de perdre sa seule partie, un lessivage à 8-1, et ses grandes sauvegardes potentielles s’étaient transformées en manches à plusieurs points pour l’Î.-P.-É.

« Ça nous a galvanisés, dit le premier du Manitoba, Mowat. « Il m’arrive de penser que c’est ce qu’il faut; ça pousse à multiplier les efforts, et ça aide à se concentrer. »

À la quatrième partie, c’était au tour du Manitoba de marquer des points, d’en inscrire trois à la cinquième manche et d’en voler trois à la huitième, finissant ainsi par une victoire de 9-4 devant la Saskatchewan. L’Î.-P.-É. a perdu de justesse, 8 à 9, contre le Nouveau-Brunswick. La Colombie-Britannique, Terre-Neuve et le Manitoba commençaient à se démarquer du peloton à trois victoires chacun.

Au cinquième tour, la Colombie-Britannique et le Manitoba se sont fait connaitre clairement comme les meneurs, à quatre victoires chacun, et ils se sont mesurés au sixième tour. Les deux équipes semblaient de forces égales au début, la Colombie-Britannique inscrivant un point à la première manche, le Manitoba en inscrivant deux à la deuxième et la Colombie-Britannique, deux à la troisième.

C’est à la quatrième manche qu’a eu lieu « le moment le plus excitant de la semaine pour moi, dit Mowat. Notre capi­taine (Jeff Stewart) devait simplement passer à côté d’une pierre parmi les quatre plus fortes et en frapper une à l’arrière. Il a réussi et ça a été une sortie à trois points. Ça a vraiment changé l’élan de la partie. » Le Manitoba a abandonné deux autres points pendant le reste de la partie, et en a inscrit cinq lui-même.

« C’était une manche importante pour nous, dit Stewart. Ça nous a donné le contrôle et on l’a gardé jusqu’à la fin de la partie. » Le score final a été de 10 pour le Manitoba et de 5 pour la Colombie-Britannique.

On prévoyait un bris d’égalité en arrivant au septième tour. Bien que le Manitoba menât grâce à ses cinq victoires, il devait se mesurer au Québec, qui n’avait gagné qu’une seule fois, et la Colombie-Britannique, qui était alors en deuxième position, devait faire face à la Saskatchewan. Si la Colombie-Britannique et l’Î.-P.-É. gagnaient leur partie, il y aurait une belle pour la deuxième place. Si le Québec gagnait contre le Manitoba, il y aurait peut-être un bris de triple égalité pour déterminer le champion.

En fin de compte, il n’a pas fallu de belle.

Le Manitoba a défait le Québec 8-2, l’Î.-P.-É. a gagné 7-1 devant Terre-Neuve et la Colombie-Britannique — une surprise — a perdu 5-8 contre la Saskatchewan, qui a réussi un triple à la neuvième manche et volé un point à la dixième.

« On est assez heureux. On a eu une mauvaise partie, mais on a assez bien joué les autres », dit le capitaine de  l’Î.-P.-É., Mel Bernard, qui, s’étant attendu à finir troisième, derrière la Colombie-Britannique, a été agréablement surpris de finir deuxième. Il s’agissait d’une fin familière pour Bernard, dont l’équipe a terminé en seconde position au curling sénior à Surrey (C.-B.), il y a quatre ans. Au cours des années, il a fait partie de quatre équipes qui ont terminé en deuxième place au curling national.

« Nos supporters nous ont beaucoup appuyés », dit le se­cond du Manitoba, Dwight Ferguson, qui, avec Douglas et Mowat, s’est placé en troisième place au championnat de 1998, à Chester (N.-É.).

Les activités mondaines étaient tout aussi enrichissantes que le curling. Les repas étaient délicieux, comme celui qui a eu lieu à la filiale St. George, à environ une demi-heure de l’autre côté de la baie, où ont été servis caribou et orignal, poulet de Cornouailles, rôti de porc farci, fruits de mer, délices de la région (les fèves à la mortadelle), et toutons : de la pâte à pain sautée qui ressemble aux queues de castor du centre du Canada et aux dough gods (dieux en pâte) de l’Ouest.

Quoi qu’il en soit de la nourriture, cette dernière a été éclipsée par la cordialité, la gentillesse et la prévenance non seulement des 70 bénévoles du club de curling et de la filiale, mais aussi des résidents de la place. « Que dire de l’hospitalité? demandait Varga au banquet de fermeture. (Nous) nous attendions à ce qu’elle soit fantastique, mais, Stephenville, vous avez fait encore mieux : les bras m’en tombent. »

Les curleurs qui s’en vont, dit Varga, ont découvert de nouveaux endroits, se sont fait de nouveaux amis et ont renoué avec les vieilles connaissances. « C’est ça, la Légion […] l’amitié et la camaraderie. »

Mowat abonde dans le même sens. « La camaraderie, c’est le plus important. Gagner, c’est en prime. »

Search
Connect
Listen to the Podcast

Leave a Reply