Pèlerins à l’ombre de la guerre

Pèlerins et autres voyageurs visitent le Monument commémoratif du Canada à Vimy. [PHOTO : SHARON ADAMS]

Pèlerins et autres voyageurs visitent le Monument commémoratif du Canada à Vimy.
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À 5 h 20, le 16 juillet 2009, sur une plage rocailleuse de France, un groupe de 30 Canadiens lèvent leur verre solennellement, lors d’une cérémonie improvisée, en l’honneur d’un sacrifice fait par leurs concitoyens il y a 67 ans. Le raid du 19 aout 1942 à Dieppe a été le jour le plus couteux pour les Canadiens à la Seconde guerre mondiale : presque 5 000 membres de la 2e Division d’infanterie canadienne y ont débarqué, dans le cadre de l’opération Jubilee. Plus de 3 300 d’entre eux en ont été victimes, dont 913 qui ont perdu la vie. Mille-neuf-cent-quarante-six autres ont été faits prisonniers.

« Nous nous souviendrons d’eux », promettent les membres du Pèlerinage de 2009 des leaders de la jeunesse de la Légion royale canadienne. Aucun d’entre eux ne se souvient des évènements horribles de ce jour-là; bientôt, personne, nulle part, ne pourra témoigner du courage et des sacrifices pendant les heures effroyables passées sur cette plage abandonnée par Dieu. Mais nous — NOUS — nous souviendrons d’eux, affirme le groupe lors d’une promesse répétée dans les cimetières mi-litaires et devant les mémoriaux dédiés aux morts canadiens de la guerre. Cet engagement envers le passé, le présent et l’avenir est renforcé quand ils marchent le long des plages, à travers les vergers et les bois, et le long des champs, dans les sillons desquels les Canadiens ont versé leur sang à la Seconde Guerre mondiale et à la Grande Guerre. En marchant de par les terres, ils ont l’occasion de voir l’histoire dans la bonne perspective et de comprendre les couts humains de la guerre. Ils pensent aux gens qui sont connus ici-bas, et à ceux que Dieu seul connait, et ils pleurent. Et ils font d’étonnantes découvertes.

Ed Fewer de GrandFalls/Windsor (T.-N.) en visite au Mémorial terre-neuvien de Beaumont-Hamel (France). [PHOTO : SHARON ADAMS]

Ed Fewer de GrandFalls/Windsor (T.-N.) en visite au Mémorial terre-neuvien de Beaumont-Hamel (France).
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Au Bois des cuisiniers, au nord d’Ypres (Belgique), les pèlerins sont surpris de trouver un crâne et des morceaux d’os d’un bras. Dans cette même région — à la crête de Gravenstafel — ils trouvent une côte et une hanche. Ces découvertes, à ce qu’on appelait le saillant d’Ypres, sont soigneusement marquées et puis rapportées à la Commission des sépultures de guerre du Commonwealth, qui les recueille et essaie d’identifier les individus pour leur faire des obsèques convenables. Personne n’est encore sûr quand nous allons sous presse, mais il est probable que les restes sont ceux d’un Canadien. C’est dans ce secteur que les Allemands ont utilisé le gaz toxique pour la première fois, le 22 avril 1915. Les nuages de chlore ont décimé les forces françaises et créé une brèche. De plus, ces derniers ont lancé une contre-attaque pour forcer l’ennemi à s’enfuir du Bois des cuisiniers. Le 24 avril a eu lieu une attaque de l’ennemi, qui comprenait un bombardement sauvage, suivi par une attaque au gaz visant la ligne canadienne. Les Canadiens, frappés encore et encore par les éclats d’obus et le feu des mitrailleuses — et haletant à travers leurs mouchoirs — ont résisté jusqu’à l’arrivée des renforts.

À un autre moment pendant le pèlerinage, le légionnaire, leader et guide John Goheen a marché accidentellement sur ce qui s’est avéré un obus non explosé. C’était sur une piste qui serpente jusqu’à un cimetière, dans un champ de bataille qui a changé de mains à plusieurs repri­ses pendant la guerre. « Plus de 90 ans, et l’ombre de la guerre nous envahit », dit Goheen, un directeur d’école de Port Coquitlam (C.-B.) qui a guidé sept pèlerinages de la Légion.

Les participants sont d’accord. Ils di­sent que découvrir de tels objets va les aider à comprendre les conséquences de la guerre. Cela les aidera aussi à passer le flambeau du souvenir à une génération qui n’a jamais été touchée personnellement par les vieilles guerres. Les pèlerins peuvent recueillir des faits en lisant, en regardant des films et en prenant des cours, dit Goheen, mais c’est quand on se trouve sur place qu’on assimile vraiment les connaissances et qu’on les grave, avec les émotions, dans ce qu’il appelle « la mémoire informée ».

Le guide John Goheen fait remarquer un obus inexplosé de la Première Guerre mondiale. [PHOTO : SHARON ADAMS]

Le guide John Goheen fait remarquer un obus inexplosé de la Première Guerre mondiale.
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L’expérience émouvante des pèlerinages accroit notre respect envers les anciens combattants, dit la participante Ena Newman de Trenton (Ont.). « J’aimerais amener mes enfants (à un pèlerinage comme celui-ci). Pour que les jeunes puissent faire une telle expérience […]. »

C’est un outil précieux pour la Légion en ce qui concerne la perpétuation du souvenir — dans un monde affecté par les inserts sonores, les jeux vidéos, le gazouillage et des champs de l’attention qui se mesurent en nanosecondes. « Grâce à votre propre perspective sur ce que vous allez voir et apprendre […] rares sont les gens qui réussiront comme vous à promouvoir le souvenir », dit aux pèlerins le vice-président de la Direction nationale Gordon Moore.

Moore et son épouse Kathryn, d’Elmira (Ont.), sont à la tête du groupe, lequel comprend des pèlerins, de toutes les directions divisionnaires, qui ont été parrainés. Il y a des enseignants, des leaders de cadets… Il y en a aussi 16 autres, qui se sont joints à eux afin de faire cette expé-rience. Stephen Lemarec de la Colombie-Britannique/Yukon, Stephanie Farrer de l’Alberta–Territoires du Nord-Ouest, Brenda Fredrickson de la Saskatchewan, Myles Penny du Manitoba–Nord-Ouest de l’Ontario, Mary Van Ruyven de l’Ontario, Daniel Demers du Québec, Brian Vessey du Nouveau-Brunswick, David Andrews de la Nouvelle-Écosse/Nunavut et Jeffrey Noye de l’Île-du-Prince-Édouard ont été choisis par leurs divisions, mais ils sont parrainés par la Direction nationale. Le représentant de Terre-Neuve-et-Labrador, Leslie Forward, a été obligé de se retirer.

La première partie du voyage, lequel a eu lieu du 11 au 25 juillet, était concentrée sur la Seconde Guerre mondiale, et c’est alors que Dieppe s’est polarisé.

Le chagrin s’abat sur le groupe comme une vague, qui le noie dans l’émotion. Richard Thomas, un aviateur à la retraite âgé de 78 ans, pleure en marchant sur la plage où le meilleur ami de son père a été capturé, et qui est mort par la suite dans un camp. « Une partie de mon cœur reste à Dieppe et les esprits de Dieppe vont me suivre à tout jamais », dit Fredrickson d’Elrose (Sask.). Comme les autres pèlerins, l’ancien enseignant a lu, consulté des cartes et a écouté des conférences expliquant les plans de l’attaque. Ils savaient que les choses avaient mal tourné, que le secret et la couverture de la noirceur s’étaient éclipsés, que la puissance de feu de renfort avait été réduite; et les chances de réussir aussi.

À un abri fortifié allemand perché sur les falaises qui surplombent la vieille commune, les pèlerins finissent par comprendre combien visibles — combien vulnérables — étaient les alliés, même avant d’atteindre la plage. Ils trébuchent sous les falaises, à Puys, où le Royal Regiment of Canada a perdu 96 p. 100 de ses membres et ils comprennent combien il a dû être difficile de se mettre à couvert ou de s’avancer après le débarquement, en portant un sac et un fusil lourds, sous le feu provenant des falaises. Les membres du voyage voient bien que les pierres sont devenues mortelles quand elles étaient frappées par les obus. En regardant les vagues déferler, ils comprennent que les hommes blessés se noyaient dans la fureur d’une telle marée.

Jacob Durocher se recueille à la tombe d’un parent au cimetière militaire canadien de Bretteville-sur-Laize (Normandie). [PHOTO : SHARON ADAMS]

Jacob Durocher se recueille à la tombe d’un parent au cimetière militaire canadien de Bretteville-sur-Laize (Normandie).
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« Mon oncle dit que les cadavres étaient empilés comme du bois de corde”, dit Van Ruyven, un enseignant de Port Colborne (Ont.), en se rappelant les mots du survivant John Whitehead, qui a servi dans la Royal Hamilton Light Infantry. « L’eau était rouge de sang », et l’écume était rose.

Les visites aux tombes de leurs proches sont parmi les choses les plus importantes du programme pour nombre de participants, comme l’aviateur à la retraite Gary Newman et son épouse Ena, membre actuel de la Marine, et comme l’ami de la famille Perry Holland, tous trois de Trenton (Ont.). C’est important également pour Jacob Durocher, âgé de 16 ans, pour son grand-père Robert Peters, tous deux de Salaberry de Valleyfield (Qc), et pour son grand-oncle Stuart Peters de Morrisburg (Ont.). Le groupe agrandi comprend Annetta Lozo de Medicine Hat (Alb.), Ed Fewer de Grand Falls/Windsor (T.-N.), Richard Thomas de London (Ont.) et son fils James de Lucan, Ken Plourde d’Athabasca (Alb.), Sam Newman de London, le trésorier de la Division de la Nouvelle-Écosse/Nunavut Jack Hatcher et son épouse Cornelia de Lower Sackville (N.-É.), ainsi que des membres des familles de pèlerins parrainés, comme les conjoints de Mary et de Daniel, Josef Van Ruyven et Marie-Christine Monty, et Donnalee Noye, la mère de Jeffrey.

Les voyageurs quittent Dieppe et passent par d’autres champs de bataille et cimetières de la Seconde Guerre mondiale, ils retracent la géographie des grandes batailles de la Première Guerre mondiale — Ypres, la Somme et la crête de Vimy — et puis ils font une course aux endroits de la libération de la Belgique et des Pays-Bas. En chemin, ils passent par les autoroutes, les routes détournées et les sentiers boueux à travers les champs de fermes, pour participer à 15 cérémonies et visiter des cimetières et des champs de bataille. Ils déposent des centaines de drapeaux canadiens : un simple geste qui leur met souvent les larmes aux yeux.

Personne n’est prêt pour l’impact de ces expériences qui s’accumulent. Andrews de Stewiacke (N.-É.) est saisi d’une profonde émotion à la plage Juno. Son grand-oncle, le caporal Kenneth G. Andrews des North Nova Scotia Highlanders a atterri le 6 juin 1944 et il est mort trois jours après, lors des violents combats pour la libération de l’aéroport de Carpiquet et de ses environs. « J’étais à la plage Juno quand John (Goheen) m’a dit : “C’est ici que ton oncle a débarqué”. J’étais à Hell’s Corner et John m’a dit “C’est ici que ton oncle est mort”. J’étais au cimetière et je lui ai dit : “C’est ici que mon oncle repose.” »

Au cimetière de Beny-sur-Mer, Andrews dépose une couronne au mo­nument, et un drapeau et une photo de sa famille sur la tombe de son grand-oncle. Là, et à d’autres cimetières militaires, il dépose des drapeaux canadiens sur les tombes de ceux dont le nom est écrit sur le cénotaphe de Stewiacke.

Le sergent d’armes Brian Vessey au salut, au cimetière canadien de la guerre de Holten, (Pays-Bas). [PHOTO : SHARON ADAMS]

Le sergent d’armes Brian Vessey au salut, au cimetière canadien de la guerre de Holten, (Pays-Bas).
PHOTO : SHARON ADAMS

L’ingénieur de l’armée à la retraite Vessey s’est chargé d’apprendre les histoires de ceux dont les noms se trouvent au cénotaphe d’Oromocto. « J’ai été frappé par une épitaphe qui disait “Je n’ai pas peur de mourir, j’ai peur que vous ne m’oubliiez”. Il a fait huit estampages de pierres tombales, dont il se servira quand il parlera aux élèves et aux cadets, et pour en donner aux membres des familles. Cela, en plus des pierres de Dieppe, va animer ses présentations. « Une petite partie de l’histoire d’une vie rend cela réel (pour les jeunes gens). Cela le rend personnel […] cela va les toucher, leur ouvrir les yeux. Ici, les enfants voient les rappels [les champs de bataille, les monuments, les musées] mais nos enfants ne peuvent pas les voir. »

« J’ai appris il y a longtemps, à propos des enfants, dit Goheen, que cela ne sert à rien de leur rabâcher des faits. Il leur faut du contexte. Les enfants n’ont pas le sens du temps, alors les évènements lointains n’ont pas la signification qu’ils ont pour les plus vieux. Mais ils peuvent certainement sentir les choses. » Il a appris qu’il peut communiquer ses émotions en ce qui a trait aux évènements et aux endroits historiques « qui me font froid dans le dos et me mettent la larme à l’œil ». Maintenant, étant donné qu’il sait que les pèlerins pourront se servir de la même technique, il lie leurs intérêts personnels aux expériences de soldats, de marins ou d’aviateurs particuliers, et il tisse le tout dans ses orientations, aux lieux historiques.

Une de ces histoires va être transmise à l’Université Queen’s de Kingston (Ont.) cette année, où William Van Ruyven, fils de Mary et Josef, a remporté le prix commémoratif Reg Barker. Barker, qui a joué au football pour l’Université Queen’s et dans la Ligue canadienne de football, a été capturé au combat après le jour J. Il faisait partie de 40 prisonniers canadiens assassinés dans un champ près de la route de Caen-Fontenay-le-Pesnil. La colonne de prisonniers avait été interceptée pendant le transfert par un officier SS qui se mit à crier des ordres furieusement. Quelques minutes après, un convoi s’arrêtait et les fusils des gardes furent échangés contre des armes automatiques.

Comme Barker, le fils de Mary joue au football. « Je me suis sentie appelée ici, […] Reg Barker, même mort, est encore un leader pour les jeunes hommes », dit-elle. Elle a communiqué avec la famille de Barker et a parlé à sa nièce. « Elle dit que Reg […] avait dit aux autres que si les Allemands commençaient à tirer, de s’enfuir à toute jambe ». Il y en a cinq qui ont réussi à se libérer; Barker n’était pas du nombre.

Les repas en soirée sont un contrepoint aux émotions sombres ressenties pendant la journée. Après s’être présentés au cours du souper le premier soir à Caen, les pèlerins ont écouté la première des histoires divertissantes « Et maintenant, le reste de l’histoire » racontées par Sam Newman. C’étaient des petits plaisirs qui allaient des insignifiances jusqu’aux renseignements historiques et aux anecdotes fascinants, souvent sui-vis par des divertissements comme les chansons de groupe orchestrées par Fredrickson, avec à l’occasion un solo de Noye ou une présentation comique de Stephen Lemarec. Par la suite, les pèlerins se sont rassemblés dans un parc pour les répétitions des cérémonies à venir. Pendant tout le voyage, des camarades de la Légion en uniforme déposent tout à tour des couronnes, récitent l’Acte du souvenir et portent les drapeaux.

Cérémonies au cimetière militaire canadien de Groesbeek (Pays-Bas). [PHOTO : SHARON ADAMS]

Cérémonies au cimetière militaire canadien de Groesbeek (Pays-Bas).
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Ceux qui déposent les couronnes ou qui lisent l’Acte du souvenir ont souvent des raisons personnelles de le faire à un endroit en particulier. « C’est le jour où j’ai ressenti le plus de fierté, dit Moore, qui a déposé une couronne à la Porte de Menin, à Ypres, de la part de la Légion royale canadienne. À la Porte de Menin, un monument aux soldats du Commonwealth sans tombe connue, la circulation s’arrête à 20 h tous les jours pour une cérémonie où les pompiers jouent la dernière sonnerie et le réveil avec leurs clairons. Le jour le plus émotif du voyage, pour Moore, a lieu par la suite, quand il dépose la couronne à la cérémonie du cimetière militaire canadien de Bergen-op-Zoom (Pays-Bas). C’est là qu’il va voir la tombe de son grand-oncle, W.E.C. Stewart de la Royal Hamilton Light Infantry, tué à l’âge de 29 ans, le 17 octobre 1944. Stewart n’a jamais eu l’occasion de voir son fils Ken, qui est né six mois après son départ pour l’Europe.

Pour Ena Newman et Ed Fewer, c’est la cérémonie au Mémorial terre-neuvien de Beaumont-Hamel qui est la plus émouvante. Ils refoulent leurs larmes pendant la cérémonie qui a lieu sous le grand caribou en bronze, devant les plaques où sont inscrits les noms de plus de 800 Terre-Neuviens morts à la Première Guerre mondiale et dont la tombe est inconnue. La tradition militaire est res­pectable à Terre-Neuve, et Newman et Fewer viennent tous deux de familles à tradition solide. Un oncle de Newman était canonnier à bord d’un destroyer, à la Seconde Guerre mondiale. Il a été gravement blessé et a passé 18 mois dans une unité de soins aux brulés. Plusieurs parents de Fewer sont morts à la bataille de la Somme, en 1916. Il a déposé une couronne en l’honneur de son grand-oncle, mort le 1er juillet 1916 : le premier jour de la bataille de la Somme.

Pendant la Première Guerre mondiale, Terre-Neuve ne faisait pas encore partie du Canada et « roi et patrie » voulait tout dire, dit Fewer. C’est la deuxième fois qu’il se rend au mémorial. La première fois « m’a pas mal ébranlé. Je n’arrivais pas à comprendre […]. Tant de morts.» Le chagrin nouveau, d’après lui, est une bonne prévention pour les combats à venir. « Qui peut se passionner pour la guerre de 1812? demande-t-il. Venir ici, voir son propre nom, quelqu’un de sa propre famille […] ça c’est émouvant. » C’est pas important combien de temps a passé.

C’est vrai aussi pour ceux qui ont tiré parti des sacrifices des Canadiens. « Nous avons rencontré beaucoup de gens extra en France, en Belgique et en Hollande qui travaillent dur jour après jour pour garder les souvenirs de nos morts, dit Moore, et ils s’adressent à quiconque accepte de les écouter. »

David Andrews dépose un drapeau provincial sur la tombe d’un concitoyen néo-écossais au cimetière militaire canadien de Beny-sur-mer (Normandie). [PHOTO : SHARON ADAMS]

David Andrews dépose un drapeau provincial sur la tombe d’un concitoyen néo-écossais au cimetière militaire canadien de Beny-sur-mer (Normandie).
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Parmi ces passeurs de flambeau se trouve Jean Gosselin, âgé de 86 ans — qui commémore personnellement chaque année les Canadiens du raid de Dieppe — un des civils de la localité qui avait reçu l’ordre de ramasser les Canadiens morts. Gérard Livry-Level, propriétaire du château d’Audrieu, offre des visites de sa terre, en Normandie, où 26 soldats canadiens ont été assassinés, et sa sœur Monique Corblet de Fallerans dit avoir vu les Allemands emmener les Canadiens se faire tuer, en juin 1944. Ces soldats faisaient partie des 156 prisonniers canadiens envoyés dans la campagne normande, pendant les semaines qui ont suivi le jour J, par la « division des assassins » comme les Français appelaient la 12e Division de Panzer (jeunesse hitlérienne).

Ben Zonnenberg, la force motrice de la fondation de la filiale de la LRC Liberation of the Netherlands à Apeldoorn (Hollande), est infatigable quand il s’agit de promouvoir le souvenir de la libération.  Les pèlerins l’honorent en chantant quelques chansons apprises à la hâte. Et il y a Iris de Pover, qui s’efforce de graver les souvenirs chez les enfants en les aidant à ramasser des feuilles des érables du cimetière de Adegem, qu’ils utilisent pour faire des cartes de souhait.

Sam Newman (à g.) et le vice-président national Gordon Moore, quelques secondes après avoir déposé une couronne au Monument commémoratif de la Porte de Menin à Ypres (Belgique). [PHOTO : SHARON ADAMS]

Sam Newman (à g.) et le vice-président national Gordon Moore, quelques secondes après avoir déposé une couronne au Monument commémoratif de la Porte de Menin à Ypres (Belgique).
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Pendant les semaines suivant le voya­ge, les pèlerins s’envoient des courriels pour s’offrir des trucs, pour ajouter des renseignements à ce qu’ils ont appris en Europe. Ils demandent aussi des conseils pour la préparation de leurs présentations, dont la première devait avoir lieu en septembre. « Nos jeunes n’apprennent pas cette histoire, car lorsque les soldats revenaient de la guerre, ils ne voulaient pas en parler, dit Josef. Il ne faut pas qu’on fasse la même erreur. Nous sommes responsables de la propagation de cette leçon. »

La responsabilité est plus facile grâce à la mémoire informée.

Gary Newman et Brenda Fredrickson au cimetière militaire canadien de Bretteville-sur-Laize. [PHOTO : SHARON ADAMS]

Gary Newman et Brenda Fredrickson au cimetière militaire canadien de Bretteville-sur-Laize.
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