Le Champ d’honneur est déclaré site historique national

La beauté solennelle du Champ d’honneur national du Fonds du Souvenir à Pointe-Claire (Qc), où simples soldats et haut gradés gisent côte à côte dignement, dans des tombes uniformes, a été reconnu officiellement, le 21 juin, en tant que site historique national par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada.

Le dévoilement de la plaque par la commission a eu lieu pendant la cérémonie réglée, en juin comme tous les ans, à ce cimetière qui est adjacent au cimetière Lakeview Memorial Gardens de Pointe-Claire, à l’ouest de Montréal.

Plus de 1 500 personnes se sont réunies lors de la cérémonie qui avait lieu non seulement en l’honneur de l’appellation, mais d’un autre jalon aussi : le 100e anniversaire du Fonds du Souvenir.

Les petits drapeaux à feuille d’érable par milliers servaient à distinguer les tombes d’anciens combattants aux yeux de la foule qui se massait autour d’une garde d’honneur militaire, d’une musique et de plusieurs gardes du drapeau de la Légion.

Le sénateur Pierre Claude Nolin, l’invité d’honneur qui représentait le mi­-nistre d’Anciens combattants Canada Greg Thompson ainsi que celui de l’Environnement Jim Prentice qui, étant à la tête de Parcs Canada, est aussi res­ponsable de la Commission des lieux et monuments historiques du Canada, arriva en passant par la magnifique porte du Souvenir aux côtés du président natio­nal du Fonds du Souvenir Lou Cuppens.

Ils ont d’abord passé les troupes en revue ensemble et puis ont pris place sous un auvent en toile près de la Croix du Sacrifice de cinq mètres érigée en 1934 en l’honneur du général Arthur Currie, qui a commandé les troupes canadiennes à la Première Guerre mondiale.

Les anciens combattants de l’Hôpital Sainte-Anne (de la ville avoisinante de Sainte-Anne-de-Bellevue), étaient assis sous la tente à l’abri du soleil et des nua­­ges noirs intermittents qui mena­çaient d’apporter la pluie mais ne l’ont pas fait pendant l’évènement.

La Légion royale canadienne était bien représentée : le président national Wilf Edmond, le secrétaire national Duane Daly et le président de la Division du Québec Robert Groulx. Le président national des débats Tom Irvine et la vice-présidente nationale Paulette Cook étaient aussi présents, comme ils le sont chaque année à la cérémonie de commémoration.

Lors du discours prononcé pour recevoir tout le monde à la cérémonie, Cuppens dit que « En cette occasion de notre centenaire, je suis fier de dire que notre organisation n’a jamais dévié des principes de dignité, de compassion et de respect qui dominaient lors de sa création, par Arthur H.D. Hair, il y a un siècle. Aujourd’hui, nous sommes heureux d’avoir avec nous son petit-fils, Arthur Hair III. Nous saluons la vision de notre fondateur qui, il y a des dizaines d’années, a eu l’audace d’acquérir ces six acres et nous nous estimons hono­rés de pouvoir poursuivre son œuvre. Aujourd’hui, plus de 20 000 anciens combattants et épouses d’anciens combattants reposent dans cet endroit ma­gni­fique. »

Le Fonds du Souvenir a été institué, à Montréal, en 1909, par Arthur Hair, après qu’il soit intervenu pour qu’un vétéran de la guerre d’Afrique du Sud ne soit pas mis en terre dans une tombe d’indigent. Il établit l’organisme à but non lucratif pour faire en sorte que l’enterrement dans la dignité ne soit pas refusé à un ancien combattant dont les héritiers ne peuvent pas se le permettre. Le Fonds a été soutenu entièrement par les dons de particuliers tout au long de la Première Guerre mondiale et jusqu’en 1922, quand le gouvernement du Canada a commencé à l’appuyer.

Aujourd’hui, le Fonds a des bureaux partout au Canada et, en plus des dons de particuliers, il est soutenu par Anciens combattants Canada. Le Fonds du Souvenir administre aussi les règlements d’ACC sur l’inhumation des anciens combattants pour ceux qui ont droit à un enterrement suite à une invalidité dont le service militaire est à l’origine.

Le Champ d’honneur, à Pointe-Claire, a été consacré le 21 septembre 1930. Parmi ceux qui y reposent se trouvent des vétérans de la révolte de Cipayes, des raids des Fenians, des rébellions de 1870, de la guerre des Zoulous de 1878, de la guerre d’Afrique du Sud, des deux guerres mondiales et de celle de Corée. Aux côtés des Canadiens gisent des anciens combattants de Grande-Bretagne, des États-Unis, de Pologne, de France, d’Afrique du Sud, de Russie, d’Italie, de Grèce, de Belgique, de Tchécoslovaquie, d’Australie et de Nouvelle-Zélande. Plus de 300 femmes sont ensevelies là également.

« En franchissant la Porte du Souvenir, j’ai été frappé par la solennité des lieux, a déclaré le sénateur Nolin. Le Fonds du Souvenir a su créer un lieu digne pour tous ces anciens combattants, tout en exprimant leur égalité dans la mort et une même gratitude aux défenseurs de la patrie. La désignation du Champ d’honneur national par le gouvernement du Canada aidera à faire en sorte que les générations futures puissent profiter du patrimoine unique que représentent ces installations. »

Ensuite, il y a eu une cérémonie commémorative, et puis la dernière sonnerie, le silence et la diane. L’Acte du souvenir a été lu, par Groulx, dans les deux langues officielles. Parmi les couronnes déposées, il y en a eu une qui l’a été, par Edmond, de la part de la Légion royale canadienne.

Michel Audy, ancien secrétaire exécutif de la Commission des lieux et monuments historiques du Canada, a lu l’inscription de la plaque : « Inauguré en 1930, ce lieu est l’œuvre du Fonds du Souvenir pour offrir une sépulture ho­-norable aux anciens combattants indigents à une époque où l’État n’assumait pas cette responsabilité. Il reflète bien la tradition des cimetières militaires par la sobriété de son plan axial, la disposition ordonnée des stèles et le traitement uniforme des sépultures, symboles de la discipline militaire et du principe de l’égalité des soldats dans la mort. Lieu de mémoire, ce cimetière et ses monuments évoquent d’une façon poignante les sacrifices des hommes et des femmes qui ont servi la patrie. »

Il a ensuite rejoint Nolin et Cuppens pour dévoiler la plaque, aux grands applaudissements de la foule.

La Commission des lieux et monuments historiques du Canada a été instituée, en 1919, pour identifier et commémorer les lieux, les personnes et les évènements d’importance nationale. Les membres de cet organisme consultatif sont choisis dans tous les provinces et territoires. Plus de 900 sites historiques, presque 600 personnes historiques et plus de 350 évènements historiques ont été déclarés d’importance nationale.

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