LRACC : Pour le service et l’honneur

de g. à d. : le président national Wilf Edmond, le brigadier-général Md Humayun Kabir du Bangladesh et la  lieutenante-colonelle Florence Gittens de la Barbade. [ILLUSTRATION : JENNIFER MORSE]

de g. à d. : le président national Wilf Edmond, le brigadier-général Md Humayun Kabir du Bangladesh et la lieutenante-colonelle Florence Gittens de la Barbade.
ILLUSTRATION : JENNIFER MORSE

L’aide aux anciens combattants du Commonwealth est au cœur de la Ligue royale des anciens combattants du Commonwealth (LRACC) depuis presque 90 ans; mais un besoin d’aide si accablant peut porter les bénévoles les plus résolus au désespoir. Le message des délégués au 30e congrès triennal de la LRACC, à Accra (Ghana), a été reçu cinq sur cinq : nous continuons quand même, parce que c’est impensable autrement.

Ils disent que c’est impensable de ne pas offrir de l’aide au Zimbabwe, où les anciens combattants souffrent de privations physiques et économiques dans le régime brutal du président Robert Mugabe. Il est impensable de ne pas les secourir au Myanmar (l’an­cienne Birmanie), où les anciens combattants se trouvent dans la pire des misères sous la domination militaire et où, en mai dernier, l’assaut des cyclones et des inondations a empiré leur vie. Il est impen­sable de ne pas donner un coup de main quand les ouragans ravagent les Antilles.

Le mélange de désastres naturels et de pauvreté est implacable, alors les délégués de la LRACC se sont assemblés, du 19 au 23 juillet, pour chercher des remèdes. Un soir humide en Côte-de-l’Or, en Afrique, ils se sont assemblés pour discuter des vicissitudes des 60 000 anciens combattants qui restent parmi ceux qui ont servi la couronne durant les deux guerres mondiales. Ils ont été rejoints à Accra (Ghana) par Son Altesse Royale, le duc d’Édimbourg et les 78 délégués ont été soudés par un seul principe : le désir d’épauler les milliers d’anciens combattants qui ont répondu à l’appel quand le Commonwealth se trouvait dans le pire des dangers et qui sont actuellement dans le besoin. Ils représentaient 43 des 48 pays de l’organisation caritative et toutes les 56 organisations membres sauf neuf.

Une grande partie des pays auxquels la Grande-Bretagne a accordé l’indépendance ne se sont pas sentis obligés envers les anciens combattants du Commonwealth, alors c’est pour leur venir en aide et, dans certains cas, venir en aide aux personnes à leur charge, que la ligue a été créée en 1921. Elle s’est d’abord appelée Ligue des anciens combattants de l’empire britannique et, à la fin des années 1950, quand les nations du Commonwealth obtenaient l’indépendance et que des organisations d’anciens combattants y adhéraient, l’œuvre a changé son nom à Ligue des anciens des armées du Commonwealth britannique. En 2003, le nouveau nom, Ligue royale des anciens combattants du Commonwealth, a obtenu la sanction royale.

Le conseiller juridique honoraire de la LRACC Brian Watkins (au c.) bavarde avec les délégués Avis Nathan (à g.) et Samuel Nathan de Saint-Kitts-et-Nevis. [ILLUSTRATION : JENNIFER MORSE]

Le conseiller juridique honoraire de la LRACC Brian Watkins (au c.) bavarde avec les délégués Avis Nathan (à g.) et Samuel Nathan de Saint-Kitts-et-Nevis.
ILLUSTRATION : JENNIFER MORSE

La réunion du mois de juillet a commencé en honorant ceux qui ont perdu la vie à la Seconde Guerre mondiale. Les délégués ont pris l’autocar pour se rendre à une cérémonie au cimetière commémoratif militaire à Christiansborg, un faubourg d’Accra. Là-bas, 419 soldats, dont huit canadiens, ont été enterrés côté à côte. Douze vagues de porteurs de couronne ont suivi le duc d’Edimbourg lors d’une cérémonie réglée par la Veterans Association of Ghana. Le Canada, représenté par le président national Wilf Edmond, faisait partie de la première vague. Le président sortant Jack Frost a porté une couronne de la Grenade. Par la suite, le prince s’est mêlé aux anciens combattants du Ghana qui, tous, se sont battus en Birmanie et détiennent l’Étoile de Birmanie.

En après-midi, les délégués se sont divisés en quatre groupes de discussion régionaux, une innovation au congrès de cette année ayant pour objet d’offrir l’occasion aux gens de même disposition de partager des idées sur l’avenir. Le secrétaire national Duane Daly a présidé la discussion de la région comprenant les pays des Antilles et le Canada. Il dit des participants qu’ils étaient « un groupe petit mais très cohésif, dont les membres partageaient un grand nombre de valeurs et de soucis ». Les discussions se sont portées sur les moyens d’encourager les anciens combattants mo­dernes à agir davantage et sur les idées qui serviraient à persuader les gouvernements de fixer des normes minimales de soins pour les anciens combattants du Commonwealth.

À g. : les délégués Kingsley Nelson de Guyana et Reginald Cherebin de Sainte-Lucie discutent des affaires de la LRACC. [ILLUSTRATION : JENNIFER MORSE]

À g. : les délégués Kingsley Nelson de Guyana et Reginald Cherebin de Sainte-Lucie discutent des affaires de la LRACC.
ILLUSTRATION : JENNIFER MORSE

Sam Nathan, délégué de Saint-Kitts et Nevis, s’est dit inquiet de l’avenir de la LRACC : « il y a des années que nous nous occupons des anciens combattants, ce qui est tout à fait juste, mais c’est aussi l’occasion de nous tourner vers la camaraderie ». Nathan insistait sur l’importance du maintien des relations militaires qui ont été créées dans la ligue au cours des 87 dernières années.

Le major-général australien Bill Crews, président de son groupe régio­nal, s’est penché sur la question. « Un jour ou l’autre, tous les anciens combattants d’avant l’indépendance et leur veuve, vont malheureusement trépas­ser. Ainsi, il est clair que la ligue a deux choix en arrivant à ce point-là. Le premier, que la dernière personne éteigne les lumières et ferme la porte en sortant. Le travail sera fini. L’autre, que la ligue trouve un moyen de se réinventer et de jouer de nouveaux rôles, avec de nouvelles fonctions. »

La LRACC est administrée par un petit secrétariat situé à Londres (Angleterre) et le colonel et secrétaire général Paul Davis a pensé à des rôles que les délégués pourront avoir pendant encore bien des années. « Le travail d’agence que nous faisons a triplé en trois ans, jusqu’à 331⁄3 p. 100 de notre bien-être total et il ne s’arrêtera jamais. Il nous faut des gens sur place pour faire ce travail. »

Le président national Wilf Edmond (à g.) et le secrétaire national Duane Daly se joignent aux autres chanteurs à la fin des sessions de travail. [ILLUSTRATION : JENNIFER MORSE]

Le président national Wilf Edmond (à g.) et le secrétaire national Duane Daly se joignent aux autres chanteurs à la fin des sessions de travail.
ILLUSTRATION : JENNIFER MORSE

Le lendemain, lundi 21 mai, le vice-président du Ghana, Son Excellence Alhaji Aliu Mahama, se joignait au prince pour ouvrir le congrès officiellement. La première affaire à l’ordre du jour était de réélire le prince Philip au poste de grand président. Ce dernier a commencé par remercier son hôte. « Comme vous le savez, nous ne devions pas nous trouver ici, alors nous sommes particulièrement reconnaissants au gouvernement et à l’association des anciens combattants du Ghana de nous recevoir avec si peu de préavis. » Il y a trois ans, à Ottawa, Fidji avait été choisie comme endroit du congrès mais le coup militaire du 5 décembre 2006 l’a fait exclure du Commonwealth et il a fallu trouver un nouveau lieu. À cause des nouvelles circonstances, le congrès d’Accra est le premier financé entièrement par la LRACC et, pour des raisons d’économie, il a été réduit de six jours à quatre.

Le prince s’est aussi concentré sur les catastrophes mondiales récentes. « Il me semble que c’est déjà assez mal que les anciens combattants soient défavorisés d’une façon ou d’une autre mais les ra­va­ges naturels en Birmanie et l’augmentation des prix de la nourriture mettent tous les membres et la société que nous essayons d’aider à rude épreuve. Alors je suis heureux que la ligue ait dispensé davantage de fonds de bien-être l’an dernier que depuis sa fondation, en 1921.

En 2007, plus de 1 535 171 £ (3,15 millions de dollars canadiens) ont été dépensés en bien-être à travers le Commonwealth, l’octroi le plus gros, 237 965 £, au Zimbabwe. Dave Macneill du Zimbabwe a expliqué les écueils sur lesquels on bute dans son pays. « Il y a trois semaines, une pinte de bière coutait trois milliards de dollars zimbabwéens et, en trois semaines, le prix est passé à trois cents milliards de dollars. » Il a donné encore un exemple. « Nous, la Légion, avons demandé un octroi pour payer les salaires d’entretien de l’équipement, etc. On nous a donné mille livres en avril dernier. Nous avions donc reçu la grosse somme de presque 400 milliards de dollars zimbabwéens. En avril, c’était beaucoup d’argent et on était on ne peut plus ravis mais, voyez vous, aujourd’hui c’est à peine plus que le prix d’une bière. »

De déposer des couronnes (de g. à d.) A.J. Liardet of Hong Kong, le brigadier Ram Karan Singh Gulia de l’Inde et le colonel C.B.L. Morgan de Guyana. [ILLUSTRATION : JENNIFER MORSE]

De déposer des couronnes (de g. à d.) A.J. Liardet of Hong Kong, le brigadier Ram Karan Singh Gulia de l’Inde et le colonel C.B.L. Morgan de Guyana.
ILLUSTRATION : JENNIFER MORSE

Le président national Wilf Edmond dit en résumé que « un ancien combattant pourrait s’asseoir pour prendre une bière mais ne plus pouvoir la payer avant de la finir ».

Il y a eu d’horribles tragédies en Asie aussi cette année. Bien que le Myanmar ne fasse pas partie du Commonwealth, il y a des milliers de gens dans ce pays qui se sont battus pour la Grande-Bretagne, alors, en 2001, la ligue s’est jointe à la nouvelle organisation d’anciens combattants : la Burma Forces Welfare Association. Sherry Scott, qui représentait la Birmanie, a parlé des difficultés qu’on éprouvait à aider les anciens combattants du Commonwealth après le cyclone Nargis et les inondations qui ont dévasté le Myanmar en mai dernier. Ce sont toujours les jeunes et les vieux, les plus vulnérables lors de désastres naturels et, les jours sui­vant le désastre, Scott n’a réussi à locali­ser et aider que 11 anciens combattants. « On voulait simplement les aider, dit-elle. On veut les aider d’instinct […]. Le tout premier jour, la fille d’un de nos anciens combattants nous ayant reconnus, elle nous a dit que son père était parti avec la grande vague. Son père était parti, sa fille était partie, tous ses petits-enfants étaient partis, et il ne restait plus qu’elle. Son seul revenu était l’argent qu’on donnait à son père. »

Le colonel et trésorier honoraire de la ligue Michael Winarick a rappelé aux congressistes que les octrois canadiens et australiens étaient remis directement aux bénéficiaires des Antilles et de l’Australie, en plus des fonds, 1,5 million de livres, distribués par le quartier général de la LRACC. Il dit : « nous sommes tous rede­vables à la LRC de son grand engagement financier et de son soutien constants. Elle a donné l’équivalent de 173 000 £ rien que l’an dernier, le chiffre le plus élevé de tous les temps. » Le soutien formidable de la LRC a continué en 2008, ce que le Congrès national a prouvé cette année. Les dons et les promes­ses pour le soutien des anciens combattants et des personnes à leur charge aux Antilles se sont élevés à la somme record de 312 940 $.

D’après la constitution de l’œuvre de bienfaisance, les organisations membres doivent se rencontrer tous les trois ans pour discuter de résolutions. Cette année, trois modifications à la constitution ont été proposées. La définition d’ancien combattant et de personne à charge a été clarifiée. On s’est mis d’accord sur des frais d’inscription de 10 £ par organisation membre et, pour économiser les fonds et réduire les dépenses, il a été résolu que les congrès à venir aient lieu tous les quatre ans plutôt que tous les trois ans comme avant. Les délégués ont fini par voter d’organiser le congrès de 2012 à Malte.

Le discours de fermeture a été prononcé par Brian Watkins, président du comité de direction de la LRACC. Il a expliqué pourquoi, d’après lui, des dizaines de milliers de combattants se sont portés à l’aide de l’Angleterre durant les guerres. « Ils ont répondu à l’appel parce qu’ils croyaient tous aux valeurs et aux idéaux qui poussent encore les hommes. Les valeurs qui nous tiennent à cœur, dans cette ligue, tous autant que nous sommes […]. L’amour pour la nation, la loyauté, l’honneur, le sacrifice, l’humanité, le devoir. Ils ont obéi à l’appel du devoir. Et, comme eux, nous devons le faire aussi. Nous devons obéir à l’appel du devoir que nous avons envers eux. » Watkins a terminé en citant l’épitaphe inscrite sur le mémorial de Kohima, en Birmanie. « Quand vous rentrerez chez vous, parlez-leur de nous; dites-leur que, pour vos lendemains, nous avons donné nos aujourd’huis. »

Alors ils continuent, parce que c’est impensable autrement.

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