Dévoilement de notre propre Croix de Victoria

Le 16 mai dernier, lorsqu’elle dévoilait la Croix de Victoria cana­dienne, la Gouverneure générale Michaëlle Jean a invoqué l’image de la foule qui, en 2005, s’est assemblée à la Colline parlementaire pour ho­norer Smokey Smith VC qui y gisait en chapelle ardente.

« La Croix de Victoria est le degré de reconnaissance le plus élevé qu’on puisse espérer recevoir au cours de sa vie. Et ils sont rares ceux qui l’ont obtenue en un peu plus d’un siècle et demi, » dit-elle.

Un peu plus de 90 Canadiens ont obtenu une Croix de Victoria, la dernière durant la Seconde Guerre mondiale.

Le Canada a sa propre Croix de Victoria depuis que Sa Majesté Elisabeth II a consenti que l’on crée trois médailles.

C’est le groupe de planification de la production de la Croix de Victoria, sous la direction de la chancellerie et composé de spécialistes ainsi que de représentants du ministère de la Défense nationale, d’Anciens combattants Canada, du ministère du Patrimoine canadien et des Ressources nationales et de la Monnaie royale du Canada, qui avait pour fonction de rectifier la situation.

Le résultat a été dévoilé à la résidence de la Gouverneure générale, par madame Jean et le premier ministre Stephen Harper, lors d’une cérémonie tout juste avant la fin de semaine de la fête de Victoria.

« Le Canada désirait sa propre Croix de Victoria. Une croix qui ressemblerait à la croix britannique mais qui reflèterait mieux qui nous sommes. Ce à quoi la Reine Élisabeth II a donné son accord en 1993 », dit madame Jean. « Nous avons pris le temps de bien faire les choses, avec l’appui de nos partenaires. »

La Croix de Victoria a été instaurée officiellement par la reine Victoria en 1859. Ses premiers récipiendaires, dont le lieutenant canadien Alexander Roberts Dunn, étaient des soldats de la guerre de Crimée. La simple croix, où la couronne royale est surmontée d’un lion arrêté, était faite en métal de canons qui avaient été pris aux Russes durant la guerre.

On décrit la Croix de Victoria cana­dienne comme étant « une croix pattée en bronze aux branches droites, de 38 millimètres de largeur, avec des bords relevés : sur l’avers, la couronne royale est surmontée d’un lion arrêté et l’inscription “Pro Valore” figure en-dessous, et sur le revers est inscrite, à l’intérieur d’un cercle en relief, la date de l’acte de bravoure pour lequel la croix a été décernée. La croix est suspendue au moyen d’un anneau inséré dans le V d’une barrette ornée de feuilles de laurier et au revers de la­quelle sont inscrits le grade, le nom et l’unité du récipiendaire. »

Les mots « For Valour » de la Croix de Victoria d’origine sont remplacés sur la Croix de Victoria canadienne par les mots en latin « Pro Valore », dit Harper, « dans une langue qu’on a parlé autrefois dans nos deux nations fondatrices ».

Le gouvernement britannique a donné une tranche du canon originaire au Canada. « Une jeune soldate des Forces armées canadiennes en mission en Angleterre est allée récupé­rer, dans le plus grand secret, me dit-on, le bronze à canon offert par le Royaume-Uni au peuple canadien pour le rapporter au pays », dit madame Jean.

Des scientifiques de Ressources naturelles ont analysé quelques Croix de Victoria, que tient le Musée canadien de la guerre en sa possession, pour découvrir la composition exacte du métal. Pour que cette médaille soit vraiment canadienne, le bronze à canon a été mélangé au métal d’une Médaille de la Confédération de 1867 et de plusieurs médailles canadiennes qui représentent toutes les régions du Canada.

Il a fallu un travail minutieux à la Monnaie pour transformer un dessin en deux dimensions en une forme, ou matrice, en trois dimensions. La ma­quet­te a été retravaillée pour y ajouter des fleurs-de-lis du Québec sur le listel de l’insigne, aux côtés de la rose, du chardon et du trèfle traditionnels qui rappellent les éléments floraux des Armoiries royales du Canada.

Les matrices, marquées, ou gravées, avec des images négatives, ou inversées, de l’avers et de l’envers de l’insigne, ont servi à couler des reproductions en cire. Un mélange de céramique a ensuite été versé sur la cire. Quand la céramique s’est solidifiée, elle a été chauffée afin de faire fondre la cire pour qu’on puisse l’enlever, ce qui a donné les moules positifs de la Croix de Victoria à l’intérieur des blocs de céramique.

Pour couler les médailles, des lingots du nouvel alliage ont été fondus et versés dans les moules en céramique. Les moules en céramique refroidis, on les casse pour en sortir la Croix de Victoria inachevée. Les moulages ont été ébarbés au moyen de machines d’usinage par électroérosion et remis à la Monnaie où ils ont été finis à la main. La combinaison de moulage et de finition manuelle fait en sorte qu’aucune Croix de Victoria ne sera exactement pareille qu’une autre.

Vingt Croix de Victoria et d’autres lingots de l’alliage canadien sont entreposés à Rideau Hall. D’autres exemplaires seront ajoutés à la collection du ministère de la Défense nationale, à celle de Bibliothèque et Archives Canada et à celle du Musée canadien de la guerre.

La Croix de Victoria est la plus importante des médailles canadiennes pour la vaillance militaire. Elle est décernée « pour reconnaître des actes de bravoure ou d’abnégation insignes, ou le dévouement ultime au devoir, face à l’ennemi ».

Harper fait remarquer que l’apparition de la Croix de Victoria en Grande-Bretagne changeait la manière dont les médailles y étaient décernées : « jusqu’à (la création de la Croix de Victoria), les plus grands insignes pour vaillance n’étaient décernés qu’aux officiers. Cette nouvelle médaille pouvait être décernée aux hommes de n’importe quel grade car on reconnaissait finalement que rien ne borne l’héroïsme. N’importe à quel point la médaille est ornementée, elle ne pourra jamais égaler la vaillance des gens qu’elle sert à honorer. »

Dans le Système des distinctions honorifiques canadien, la Croix de Victoria canadienne est suivie par l’Étoile de la vaillance militaire et par la Médaille de la vaillance militaire.

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