La Saskatchewan et le Québec luttent pour le titre au curling

Les résultats des Championnats nationaux de curling de 2008 de la Légion royale canadienne ont fini par reposer sur la chance.

Quand les curleurs et les supporteurs se sont assemblés au Parkland Recreation Complex bien éclairé et confortable de Dauphin (Man.), le dernier après-midi des jeux, tout le monde avait hâte de voir la partie de bris d’égalité.

La Saskatchewan et le Québec étaient ex-aequo avec cinq victoires et une défaite chacun. Vu les performances, durant les trois jours précédents, du capitaine Rob Maclean, de Danny Belliveau, d’Allan Jones, de Greg Wilson et du cinquième John Burgess de la filiale Hudson (Qc) ainsi que celles du capitaine Andrew Hay, de Rick Middleton, de Les Kun et de Darren Clancy de la filiale Nutana de Saskatoon (Sask.), tout le monde s’attendait à voir une partie tout en précision et en finesse.

Mais la chance n’a pas duré, bien qu’il y en avait eu beaucoup quelques jours avant quand le temps, la maladie et le déraillement d’un train avaient menacé la manifestation. Dans l’Est, une tempête de neige record avait retardé le départ des avions mais les équipes désireuses de partir pour l’Ouest avaient réussi à trouver des places en partance pour Winnipeg. L’équipe néo-écossaise de Bridgewater était arrivée sans ses balais, et celle de Terre-Neuve-et-Labrador avait dû laisser un de ses membres à Winnipeg pour s’y faire soigner. Et puis le déraillement d’un train avait retardé l’arrivée des écussons du championnat.

Après tout cela, les équipes avaient besoin de se divertir, ce qu’elles ont commencé à faire dans l’autocar, avec plein de nourriture et de bonne humeur, de sorte que le déplacement de quatre heures jusqu’à Dauphin, 320 kilomètres au nord-ouest de Winnipeg, s’est passé rapidement. Heureusement que l’équipier prodigue et les balais égarés sont arrivés à temps pour la première manche, le lundi.

Dauphin, pôle d’activités de la région manitobaine de Parkland en ce qui concerne le transport des céréales, était entouré par de grands champs céréaliers où gisaient encore les dernières traces de l’hiver quand les manifestations ont débuté à la filiale Dauphin, le dimanche soir, par un souper accompagné de divertissements. Les dames de la Légion, comme on les appelle affectueusement, avaient préparé le premier des nombreux festins de la semaine sous la direction de Lillian Peirson.

Les curleurs étaient debout de bonne heure le lundi, pour assister à la cérémonie d’ouverture à la piste de curling du beau complexe remis à neuf. Le corps de cornemuses de la Légion de Dauphin a joué pour recevoir les dignitaires, la garde du drapeau et les curleurs, qui se tenaient avec respect, debout sur la glace, lors de l’hymne national et de l’allégeance.

Le représentant du Comité national des sports Dave Paterson a levé son verre au cornemuseur et souhaité bonne chance aux curleurs. Pour ouvrir le 52e Championnat national de curling, il dit aux joueurs que ce n’était pas « rien qu’une rumeur » qu’il se pouvait que ce soit la dernière manifestation nationale de curling, dépendant d’une motion au congrès national de juin selon laquelle toutes les manifestations sportives nationales prendraient fin. C’était aussi la première année que le curling senior avait été supprimé pour des raisons d’économie.

Le président du comité de réception Greg Thompson, le premier vice-président de la Division du Manitoba– Nord-Ouest de l’Ontario Gordon Walker, le représentant du district Tony Sofranitz, le président de la filiale Dauphin Walter Peirson, le député provincial Stan Struthers et Dennis Forbes, préfet de la municipalité rurale de Dauphin, se sont joints à Paterson pour souhaiter aux compétiteurs bon curling et qu’ils s’amusent.

À la fin des jeux du lundi, le Québec, le Manitoba et la Saskatchewan avaient deux victoires chacun, l’Île-du-Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick avaient deux défaites chacun et Terre-Neuve et la Colombie-Britannique, une de chaque toutes les deux.

Le mardi, la Saskatchewan écrasait deux équipes des Maritimes, battant la Nouvelle-Écosse 10-3 le matin et le Nouveau-Brunswick 9-3 l’après-midi, ce qui lui donnait un record de 4-0 en fin de journée. Quant aux autres matchs du mardi matin, l’Île-du-Prince-Édouard avait battu Terre-Neuve 8-5 et le Québec avait gagné contre l’équipe de Salmon Arm (C.-B.) 8-3 en huit manches. Lors de la partie la plus longue de la matinée, le Nouveau-Brunswick avait dû placer une pierre de protection extérieure pour marquer et parvenir à une manche supplémentaire, mais une pierre de l’équipier Mike Dobson fut trop longue, et le Manitoba réussit à faire un coup et gagner la partie à 6-4.

Le mardi après-midi, durant les dernières manches, le Québec n’a fait que voler un point après l’autre, dit le capitaine Maclean. En effet, quatre pierres québécoises groupées, dont une était une marqueuse, qui chevauchaient la ligne arrière aux huit pieds faisaient obstacle au capitaine manitobain Butch Mouck lors de son dernier lancer. Il se faufila entre les gardes, dépassa sa propre pierre qui se trouvait tout juste à l’intérieur du cercle de huit pieds, et donna une petite poussée pour séparer le groupe et gagner à 7-6.

Le mercredi matin, le sort de quatre équipes, soit celles du Québec, de la Saskatchewan et du Manitoba qui n’avaient pas encore perdu une seule partie, et celle du Nouveau-Brunswick qui n’en avait pas encore gagné une seule, était à l’esprit de bien des gens.

L’avance a changé plusieurs fois entre le Québec et la Saskatchewan jusqu’à la sixième manche, laquelle a été caractérisée par des tactiques de heurts et roulages.

Maclean a raté une montée à la neuvième manche et fait sortir une pierre saskatchewanaise qui avait été soigneusement placée, ce qui a permis au Québec de compter la une, la deux et la trois. Hay était en avance à un moment après une sortie double, mais Maclean a fini pas inscrire deux points en sortant la marqueuse saskatchewanaise.

À la 10e manche, le premier coup de Maclean a repoussé une garde et obtenu une mordeuse infime. Hay a envoyé une pierre à l’intérieur des huit pieds de l’autre côté mais sa pierre ne s’est pas suffisamment courbée pour se cacher derrière la garde de devant. Maclean a fait sortir la marqueuse de la Saskatchewan et laissé une séparation impossible. Vu qu’il fallait deux points à Hay pour égaliser, il s’est avoué vaincu sans lancer sa dernière pierre. Score final : Québec 6, Saskatchewan 4.

« Ça ne dérange pas quand on perd des parties comme celle-là parce qu’on sait qu’on a fait son possible », dit Hay. « La chance n’était simplement pas avec nous cette partie-là. Si seulement on avait eu rien qu’un coup de chance de plus… »

C’est en après-midi qu’il allait l’avoir, cette chance, lors d’une partie serrée avec le Manitoba.

Mais avant cela, le Nouveau-Brunswick inscrivait sa première victoire, 9-2, face à Terre-Neuve, et le Manitoba, sa première défaite, 2-5, face à la Colombie-Britannique. La Nouvelle-Écosse, à la dernière partie de la matinée, battait l’Île-du-Prince-Édouard 7-6.

À partir du tout début d’après-midi, une foule de la place a commencé à s’assembler derrière le vitrage au rez-de-chaussée et derrière les vitres du salon de l’étage d’où l’on pouvait voir trois pistes, dont l’une où la Saskatchewan se mesurait à l’équipe favorite du patelin, celle de la filiale Gilbert Plains qui se trouve à 30 kilomètres à l’ouest de Dauphin. À la dixième manche, le dernier lancer de Hay a été un gel délicat valant un point. Le capitaine Butch Mouck a fait un beau lancer avec lequel il a repoussé une pierre de la Saskatchewan et obtenu l’égalité, donc une manche pour les départager. C’était sans doute grâce aux nombreux partisans qui retenaient leur souffle dans les galeries d’observation.

Mouck plaçait sa première pierre de la 11e manche en position de garde centrale pour protéger sa marqueuse. Hay a lancé autour d’elle, sa pierre enlevant celle du Manitoba et donnant deux pierres à la Saskatchewan avec la mouche ouverte. Et c’est là que la chance de Hay s’est manifestée. Le dernier coup de Mouck a raté le bouton. Score final : Saskatchewan 7, Manitoba 6.

Aucune autre partie ne s’est terminée avec un score si serré. La Nouvelle-Écosse a battu la Colombie-Britannique à 7-5, le Québec a gagné contre Terre-Neuve à 8-3 et l’Île-du-Prince-Édouard s’est placé devant le Nouveau-Brunswick à 9-6.

Les parties du Québec et de la Saskatchewan, ex-aequo à cinq victoires et une défaite, étaient les plus captivantes du jeudi matin car leurs résultats allaient fixer la longueur du bonspiel. La Saskatchewan se mesurait à la Colombie-Britannique, dont la marque était de 3-3, et le Québec affrontait l’Île-du-Prince-Édouard, qui en était à deux victoires et quatre défaites. Le Manitoba menait le reste du peloton avec une marque de 4-2, suivi par Terre-Neuve et le Nouveau-Brunswick, qui étaient ex-aequo à une victoire et cinq défaites.

La Saskatchewan a commencé avec le marteau et réussi à maintenir son avance contre la Colombie-Britannique durant toute la partie. À la sixième et dernière manche, la Colombie-Britannique a manqué un dégagement avec la septième pierre, une occasion dont Hay a profité. Il avait déjà un point d’un côté de la mouche et il a donné une petite poussée à une autre pierre pour se fixer de l’autre côté, un tout petit peu trop loin pour un doublé, ce qui a empêché la Colombie-Britannique d’inscrire plus d’un point. Le score étant à 6-2, la Colombie-Britannique lui a concédé la victoire.

La partie du Québec et de l’Île-du-Prince-Édouard a été bien plus serrée, et plus longue, qui après une neuvième manche en était à cinq partout. Avec sa dernière pierre, le capitaine Mel Bernard de l’Île a essayé d’enlever une pierre du Québec et de glisser derrière sa propre pierre qui se trouvait en deuxième position, mais il a raté la glissade, ce qui a permis au Québec de se placer dans une ouverture de quatre pieds et d’obtenir ainsi la victoire. Mais la chance renverse souvent les certitudes, au curling. Bien qu’ayant quitté le bloc de départ avec le bon poids, une pierre de Maclean a ramassé quelque débris au passage et s’est arrêtée bien trop tôt. L’Île a donc pu voler deux points et gagner à 10-8.

La Saskatchewan a remporté le championnat avec une marque de 6-1.

« Personne n’aime gagner comme ça », dit Hay. « Quand on a fait un choix, le sort en est jeté », dit Maclean en le félicitant.

La réception et le banquet de la remise des prix du jeudi ont tout de même été une occasion de faire du boucan dans la bonne humeur, ce qui a commencé par la distribution des écussons qui étaient arrivés après leur mésaventure dans le Nord de l’Ontario.

Quant au 53e Championnat national de curling, son sort est entre les mains des délégués du congrès qui vont devoir réfléchir à leurs résolutions.�

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