L’odyssée du souvenir

Les membres du Pèlerinage des leaders de la jeunesse de la Légion royale canadienne ont été frappés par le son des applaudissements en arrivant à Buron, une petite ville voisine de Caen.

Le groupe de 26 personnes participaient au pèlerinage bisannuel de la Légion qui est allé visiter les cimetières militaires canadiens, les champs de bataille et les monuments érigés en l’honneur des sacrifices et triomphes des Canadiens aux deux guerres mondiales. Les leaders de la jeunesse avaient été invités à régler une cérémonie du souvenir dans la ville, et ils avaient accepté de défiler jusqu’à la place.

Jason Forster de la filiale Hampton (N.-B.), âgé de 28 ans, assembla une garde du drapeau, ce pour quoi il fallait organiser d’autres membres du groupe deux par deux derrière un assortiment de drapeaux. Ni Forster ni les autres membres du groupe n’avaient vu l’endroit où ils devaient se rendre avant d’avoir tourné le coin.

Au tournant, le défilé a vite été l’objet de l’attention d’environ 100 citoyens qui ont reçu les visiteurs en les applaudissant généreusement et fortement. Bien que les gens du groupe ne fussent pas de la génération qui était là-bas il y a 63 ans, ils représentaient l’effort canadien qui a libéré le village, en 1944, au début de la bataille de la Normandie.

Les Canadiens ont déposé une couronne devant le cénotaphe au cours de la brève cérémonie réglée dans la place. Les leaders de la jeunesse et les autres membres du groupe de la Légion se sont ensuite enlevé le coquelicot qu’ils portaient au revers et l’ont piqué dans la couronne. Les gens du pays les ont suivis avec leurs propres fleurs et couronnes, et puis ils ont accepté avec joie les coquelicots supplémentaires que leur a remis le coordonnateur du voyage Steven Clark de la Direction nationale.

Peu après, des tables ont été apportées sur lesquelles des bouteilles de cidre local ont été déposées. La langue a causé quelques petits inconvénients entre les Français et le groupe de la Légion qui était principalement anglophone, mais l’hospitalité et l’affection étaient quand même évidentes. “Ce sont les choses comme celles-là dont on se souvient après le voyage”, dit Forster. “C’était tout à fait inattendu. Je n’avais jamais pensé me trouver à la tête d’un défilé que des gens applaudiraient en guise d’appréciation.”

Il y a eu maintes surprises durant le pèlerinage qui s’est déroulé du 5 au 19 juillet, un voyage ayant commencé à l’aéroport international Pearson de Toronto où le groupe s’est assemblé pour le vol à destination de Paris. Après Paris, l’odyssée du souvenir est passée dans le Nord de la France, en Belgique et aux Pays-Bas, et pour finir elle a traversé la Manche jusqu’en Angleterre où l’avion du retour a décollé à l’aéroport de Heathrow.

À la tête du groupe se trouvaient le premier vice-président national Wilf Edmond et son épouse Annie de Donkin (N.-É.). Le guide accompagnateur était John Goheen, le directeur d’une école de Port Coquitlam (C.-B.). Goheen, qui a été pèlerin en 1995, fait partie des meubles depuis lors, aux pèlerinages, et il augmente constamment ses connaissances sur les contributions militaires canadiennes. La Direction nationale a parrainé un pèlerin de chacune des 10 divisions mais le représentant de l’Île-du-Prince-Édouard a dû se retirer avant le départ de la délégation.

En plus de Forster, il y avait David Timms de Squamish (C.-B.), Bill Taylor de Wetaskiwin (Alb.), Rod Holowaty de Kipling (Sask.), Cheryl McCallum de Dryden (Ont.), Lisa Weber de Mount Forest (Ont.), Hélène Bouchard de Jonquière (Qc), John Brewer de Marion Bridge (N.-É.) et George Brown de New Harbour (T.-N.) parmi les pèlerins. La plupart des délégués étaient soit leader de cadets, soit enseignant. L’obligation d’avoir moins de 40 ans afin d’être choisi pèlerin a dû être abrogée afin d’attirer les meilleurs candidats pour rapporter le message au pays. Et à partir du commencement, tous les leaders de la jeunesse étaient enthousiastes à propos de ce dont ils faisaient l’expérience.

Un certain nombre de personnes ont payé leurs propres frais, qui s’étaient jointes au groupe pour des raisons particulières. Parmi elles se trouvait Christina Farrell de St. Albans (T.-N.). Elle a participé au pèlerinage de 2005 et a décidé d’y retourner cette année avec Ed Fewer de Grand Falls/Windsor (T.-N.) pour lui montrer les lieux et revivre son expérience. Daniel Hiscock, de Grand Falls/ Windsor aussi, les accompagnait.

Bouchard était accompagnée par son mari Sylvain Simard, un instructeur de cadets. Robert et Viviane Lafraniere de Manitowaning, une ville située sur l’île ontarienne de Manitoulin, étaient du voyage pour aller voir la tombe de l’homonyme de Robert, un oncle enterré au cimetière militaire canadien de Beny-sur-Mer. Joan Ferguson de Calgary et sa nièce Margaret Bodnark de Coquitlam (C.-B.) désiraient voir des endroits dont elles avaient trouvé la description dans le journal de la Première Guerre mondiale du père de Ferguson. Et puis il y avait aussi Lynn et Phyllis Giberson d’Arthurette (N.-B.), Travis Minor de Bonnyville (Alb.) et Lisa Peterson de Fox Creek (Alb.).

En quittant l’aéroport, le groupe a pris la route de Caen, une ville qui a été libérée au début du mois de juillet 1944. La première escale a été faite au musée Le Mémorial, qui a été établi en 1988 pour enregistrer les expériences de la France occupée et de sa libération. Pendant leur visite, les leaders de la jeunesse sont allés voir le Jardin canadien du Souvenir et le parc international du musée. Ce beau jardin est parrainé et entretenu par la Fondation canadienne des champs de bataille grâce en partie au soutien de la Légion royale canadienne.

Ce soir-là, les membres du groupe ont fait connaissance durant ce qui s’est avéré n’être que le premier des nombreux repas réguliers en soirée. Tout au long du voyage, ces rassemblements aux repas ont donné l’occasion aux participants de bavarder et de réfléchir aux activités de la journée. Tout de suite après leur premier repas ensemble, ils sont allés s’exercer, en uniforme de la Légion, en vue des 14 cérémonies auxquelles ils allaient prendre part au cours du voyage.

À chaque endroit où a eu lieu une cérémonie, on a choisi un sergent d’armes et cinq membres de la garde du drapeau. Ces derniers devaient porter la Feuille d’érable, l’Union Jack et le Red Ensign, ainsi que le drapeau des Nations unies et celui de la Direction nationale. La plupart des cérémonies ont été réglées à un cimetière de la Commission des sépultures de guerre du Commonwealth où la garde du drapeau s’est assemblée près de la Croix du sacrifice en pierre: où ces installations sont fréquentes aux cimetières militaires. Le reste du groupe formait deux lignes face à face, et la personne, ou les personnes, choisies pour déposer la couronne complétaient un carré avec le délégué qui récitait l’Acte du Souvenir.

Le lendemain de leur répétition avait lieu un des nombreux départs très matinaux de l’hôtel. Il s’agissait d’aller aux plages du jour J à Bernières-sur-Mer et Courseulles-sur-Mer. Aujourd’hui, ces endroits de la côte normande sont des destinations paisibles pour nombre de vacanciers mais, il y a des années, ils étaient couverts de fils de fer barbelés de l’Europe forteresse.

Goheen ayant décrit les débarquements, il laissa le temps aux participants de se promener et permettre à leur imagination d’errer dans la région où tant de faits capitaux, souvent fatals, ont eu lieu.

Peterson, le président de la filiale Fox Creek (Alb.), avait apporté un sac pour y mettre un peu de sable. “Ma fille m’a demandé de rapporter quelque chose de chaque endroit où nous allons”, dit-elle.

À Courseulles-sur-Mer, le groupe est allé au Centre de la plage Juno, qui a ouvert ses portes en 2003 grâce à des dons, dont un de la Légion royale canadienne. Ce centre est l’endroit qui intéressait le plus Lynn et Phyllis Giberson quand elles se sont inscrites au voyage. “Pour mon 70e anniversaire, mes enfants m’ont acheté une brique du Centre de la plage Juno”, dit Lynn. Un nom est inscrit sur chaque brique achetée par, ou pour, des particuliers, qui est exposée à l’extérieur du centre. “La dame au comptoir nous a donné un petit coup de main pour trouver la nôtre. Quand les enfants me l’ont achetée, j’ai décidé que je viendrais la voir”, dit-il.

Une émotion encore plus forte a été ressentie l’après-midi, quand le groupe est allé à l’abbaye d’Ardenne, où 20 soldats canadiens ont été exécutés, en juin 1944, par des membres de la 12e division de Panzer SS. N’ayant donné que son nom, son grade et son numéro matricule, chaque prisonnier fut emmené dans la cour du jardin, l’un après l’autre, et tué par balle ou avec un instrument contondant. Le commandant Kurt Meyer a été traduit en justice et a purgé une peine de prison pour crimes de guerre.

Le groupe est aussi allé aux cimetières militaires canadiens de Beny-sur-Mer et de Bretteville-sur-Laize où il a réglé des rites. Les pèlerins ont été très impressionnés à Bretteville où les champs environnants étaient pleins de coquelicots. Plusieurs participants en ont ramassé et pressé dans des livres.

Edmond a fait une découverte surprenante en se promenant parmi les rangées de pierres tombales à Bretteville. Il a trouvé la tombe de Francis Quann des Fusiliers de Sherbrooke. Quann était un ami du frère aîné d’Edmond à Glace Bay (N.-É.). “Je me souviens d’une Noël où ma mère l’avait invité chez nous après la messe de minuit. À la Noël suivante, on savait qu’il était mort. Mais je ne savais pas du tout où il avait été enseveli.”

Quann est mort le 8 août 1944.

Après avoir passé trois nuits à Caen, le groupe est passé par Arras, mais c’est à Dieppe que le voyage a pris le plus d’importance. Cette ville côtière est une villégiature populaire, mais c’est aussi un endroit qui hante les souvenirs des Canadiens. C’est aux plages de Dieppe, Pourville et Puys que les Canadiens ont débarqué le 19 août 1942, où ils ont été reçus par le feu allemand venant des hauteurs très fortifiées. Sur les 4 963 Canadiens qui se sont embarqués pour l’opération il y a 65 ans, 907 ont été tués ou sont morts de leurs blessures. Plus de 1 900 ont été faits prisonniers. Les pierres de la grosseur d’un poing qui couvrent les plages étaient glissantes sous les pieds des délégués qui essayaient de s’imaginer à quel point elles formaient un obstacle difficile pour les jeunes hommes qui sautaient en bas des engins de débarquement, plein poids sur le dos et le fusil à la main.

Les participants s’étant installés dans la ville d’Arras, près de la crête de Vimy, leurs pensées ont abandonné la Seconde Guerre mondiale et sont passées à la Grande Guerre. La visite et la cérémonie à Beaumont Hamel avaient beaucoup d’importance pour les Terre-Neuviens. “J’ai découvert il n’y a pas longtemps combien de mes ancêtres se sont battus ici”, dit George Brown, un capitaine de corvette de la ligue des cadets. “Je n’ai commencé une lecture sur la bataille qu’en prévision de ce voyage et j’ai appris qu’une grande partie de ma famille y a participé.”

Les pèlerins ont trouvé le caribou rebelle perché sur son rocher, en une journée ensoleillée mais fraîche, qui regardait sévèrement à travers le no man’s land vers les positions qu’occupaient autrefois les forces allemandes. Le terrain, qui est un site historique national, est encore criblé des trous des obus de l’artillerie utilisée durant la bataille. Un sentier serpente à travers les tranchées dans le parc, bien qu’une grande partie de la zone soit interdite aux visiteurs pour prévenir l’érosion. Le gazon est entretenu par un troupeau de moutons qui le broute car le terrain est trop irrégulier et trop dangereux pour qu’on puisse utiliser un équipement conventionnel pour le tondre.

C’est le 1er juillet 1916, le premier jour de la coûteuse offensive de la Somme, que le Newfoundland Regiment a reçu l’ordre de passer à l’attaque. Le régiment malchanceux s’est avancé directement vers les positions fortifiées de l’ennemi. Ce fut un massacre. Sur les 801 soldats qui se sont lancés à l’attaque, il n’en restait que 68 sans blessure pour répondre à l’appel le lendemain.

Arlene King, la directrice du site de Beaumont Hamel, a reçu le groupe et participé à la cérémonie solennelle à la base du monument. L’humeur là-bas était bien différente de ce qu’elle allait être deux jours plus tard quand le groupe s’est trouvé, non loin, au Monument commémoratif du Canada à Vimy, l’endroit du plus fameux triomphe canadien de la Première Guerre mondiale.

Goheen, menant le groupe en haut du monument sanctifié, s’est arrêté à un endroit commode pour signaler le nom de son parent Walter William Goheen, un des 11 285 militaires canadiens dont le nom a été gravé sur le monument : des gens qui ont été portés “disparus, présumés morts” en France durant la Première Guerre mondiale.

Walter Goheen est mort le 1er octobre 1918, un mois seulement avant l’armistice. Le monument de Vimy est superbe, qui a été restauré et consacré à nouveau en avril dernier (Anniversaire sur la crête, juillet/août). Cet hommage au sacrifice de la nation créé par Walter S. Allward, d’une hauteur de 10 étages, comporte des pylônes et des statues caractéristiques, dont une femme qui pleure ses fils tombés au champ d’honneur.

Goheen a fait bien attention d’expliquer que, bien que la bataille de Vimy soit celle qui va rester gravée dans l’esprit des Canadiens à jamais, il y a aussi plusieurs autres batailles canadiennes coûteuses auxquelles le Corps d’armée canadien a participé avant la fin de la guerre. “Une fois que les commandants britanniques ont compris que les Canadiens étaient les meilleurs à leur disposition, ils s’en sont servi comme fer de lance à quelques-unes des pires batailles”, dit-il.

La plus fameuse de ces batailles est celle de Passchendaele, laquelle s’est passée en automne 1917, une tâche impossible qui, d’après le général canadien sir Arthur Currie, ne pouvait pas être accomplie sans 16 000 victimes. Sa prédiction s’est révélée terriblement juste.

Le groupe a visité des sites de la Première Guerre mondiale qui ne sont pas aussi bien connus, comme ceux de la colline 70 et du canal Albert. De dire Goheen, Currie lui-même aurait préféré que le magnifique monument d’Allward soit situé au canal.

En Belgique, le groupe a passé la nuit à la ville historique d’Ypres, dont on dit que c’est le trophée de la Première Guerre mondiale pour lequel on s’est le plus battu.

Bien que la ville ait été presque entièrement démolie durant les combats, Ypres, grâce à la détermination des alliés, n’est pas tombée aux mains des Allemands.

Le Musée de la guerre du Canada s’était joint au musée du monument de Passchendaele pour organiser une exposition spéciale sur Passchendaele, laquelle a lieu, à Ypres, durant le pèlerinage. L’exposition a commencé le 13 juillet à la ferme Waterfields où se trouvait le quartier général des alliés durant la bataille.

Le groupe a été invité à la réception d’ouverture par l’ambassadrice du Canada en Belgique, Laurette Glasgow. Le ministre d’Anciens combattants Canada Gregory Thompson et le ministre des Affaires indiennes et du Nord d’alors, Jim Prentice, dont des parents ont servi à cette bataille, étaient présents aussi.

Non loin d’Ypres, le groupe a fait une escale à la ferme Essex où se trouve un petit cimetière militaire. C’est aussi le lieu d’une infirmerie de campagne restaurée où, en 1915, le major John McCrae, épuisé et fatigué de la guerre, a écrit son fameux poème, Au champ d’honneur. Les membres du voyage pouvaient s’imaginer les conditions dans lesquelles le personnel médical travaillait durant les combats implacables.

McCrae reçut la nouvelle de la mort de son bon ami, le lieutenant Alexis Helmer, un officier d’artillerie qui a été atteint directement par l’ennemi. C’est McCrae qui a officié au service improvisé de son camarade. Ensuite, d’après des rapports annexes, il aurait pris un peu de temps pour retrouver son aplomb avant d’écrire le poème, ce qu’il aurait fait en quelques instants.

Chaque nuit passée à Ypres, le groupe a assisté à la cérémonie de la dernière sonnerie à la porte de Menin. Il s’agit d’une porte qui, détruite durant la guerre, a été reconstruite en tant que monument aux soldats du Commonwealth dont on ne connaît pas la dernière demeure. Au-dessus des deux escaliers, qui s’élèvent à partir de la route qui passe sous la porte, se trouve l’inscription suivante : “Ici sont inscrits les noms d’officiers et d’hommes qui sont tombés au saillant d’Ypres mais pour qui la fortune de la guerre a refusé l’enterrement honorable qu’ont eu leurs camarades mortuaires.”

Terminée en 1927, la porte de Menin est devenue fameuse grâce à la cérémonie toute simple qui y est réglée chaque soir par des pompiers d’Ypres. La circulation est stoppée à 20 h exactement dans l’artère qui entre dans la ville. Les pompiers arrivent, en bicyclette d’habitude, et ils jouent la dernière sonnerie et puis le réveil avec leurs clairons. La plupart des soirs, il y a bien peu de touristes au courant de la manifestation qui assistent à la cérémonie.

Les choses ne se sont pas passées ainsi le 12 juillet, quand un service commémoratif a été réglé à l’occasion du 80e anniversaire de la porte. La reine Elizabeth est allée à la porte en privé cet après-midi-là et le même soir l’anniversaire a été célébré par les gouverneurs généraux Michael Jeffery de l’Australie et Anand Satyanand de la Nouvelle-Zélande. Le ministre d’Anciens combattants Canada Gregory Thompson y représentait le Canada et il a récité Au champ d’honneur devant une foule de plus de 2 000 personnes.

Le troisième soir à Ypres, le groupe de la Légion a eu l’insigne honneur de défiler à la cérémonie nocturne et Edmond celui de lire l’Acte du Souvenir. Les pompiers ont aussi fait venir un cornemuseur dont les notes sinistres ont résonné à travers l’immense porte. “Je pense que la cérémonie de la porte de Menin a été la plus touchante de tout le voyage”, dit Timms. “On pouvait pratiquement sentir la présence des gens dont les noms sont inscrits sur les murs pendant qu’on jouait la dernière sonnerie.”

Le groupe est retourné à l’histoire de la Seconde Guerre mondiale en poursuivant son trajet aux Pays-Bas, où il a passé deux nuits à Oosterbeek, près d’Arnhem. En chemin, il a fait escale au canal Leopold et à d’autres sites, pour se souvenir des terribles combats qui ont eu lieu au Scheldt, au Nord de la Belgique et au Sud-Ouest des Pays-Bas, en automne 1944.

À son retour à Bruges, en Belgique, le voyage a vraiment touché à sa fin. Il ne restait au groupe que d’aller à Calais (France) et puis de traverser la Manche pour Londres, où il passerait une nuit, avant l’avion du retour au Canada. En cours, il a réglé une cérémonie en l’honneur des disparus marins. Durant cette dernière, une couronne a été lancée du transbordeur à la mer.

La dernière escale, convenablement, a été celle de Wimereux, près de Calais. Là, dans un petit cimetière, à portée de vue de la mer, se trouve la dernière demeure du lieutenant-colonel John McCrae.

Les tombes de ce cimetière ont des pierres tombales plates car le terrain est trop instable pour les verticales. Goheen, qui d’habitude voyageait avec un bloc-notes rempli, pour faire ses comptes rendus, avait étrangement laissé ses papiers dans l’autocar. Il a donné une vue d’ensemble du travail dans l’hôpital de campagne où McCrae travaillait et puis il a ajouté “aucune cérémonie officielle n’a été prévue ici. Mais on a pensé que vous aimeriez prendre une minute pour écouter les vers éternels de McCrae”. Il récita alors en entier le petit poème Au champ d’honneur.

Par la suite, le groupe s’est baladé pour la dernière fois dans un cimetière du Commonwealth. Plusieurs pèlerins ont dessiné la pierre tombale de McCrae.

À Londres, Edmond s’est fait l’hôte durant un souper d’adieu. “Des jeunes hommes sont arrivés ici qui venaient de tous les coins du Canada. Ils se sont battus et ont péri […]. Nous avons marché sur leurs pas.”

Son message aux participants était clair : “Tout ce que je vous demande c’est de ne pas garder ceci pour vous. Si vous avez l’occasion de parler à un groupe de jeunes, faites-leur part de ce que vous avez vécu durant cette période de deux semaines.”

Le premier vice-président national dit en conclusion : “C’est la dernière fois que nous nous réunissons avant de nous rendre à l’aéroport séparément, demain matin. J’ai pensé que ce serait approprié de chanter ensemble.”

Il a alors dirigé le groupe dans une interprétation, venant du fond du coeur, de We’ll Meet Again (nous nous reverrons), la complainte rendue célèbre par la chérie des militaires de la Seconde Guerre mondiale Vera Lynn et qui concerne des amoureux séparés par la guerre.

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