Élargissement du soutien aux souffrants du stress opérationnel

Le 31 mai 2006, la direction du Soutien social aux victimes de stress opérationnel (SSVSO) des Forces canadiennes et d’Anciens combattants Canada a rencontré des parents de membres des Forces canadiennes décédés pour faire une analyse de leurs besoins et décider si le SSVSO pouvait étendre les services de soutien aux familles des anciens combattants et des membres des FC en service qui meurent des suites d’opérations militaires, de suicide, de maladie ou d’accident.

Les raisons et la vision de cette initiative sont que le SSVSO, ayant conçu un cadre solide servant à fournir des services de soutien par les pairs aux victimes du SO et à leur famille, peut étendre ses services à ce groupe de clients en se servant des mêmes philosophie, cadre de gestion, politiques et protocoles de gestion des bénévoles, sauvegardes de recrutement et interventions à soins auto-administrés.

Durant les discours d’ouverture et la présentation de chaque participant, il y a eu beaucoup de validation par rapport au besoin de ce genre de soutien et dans les cas où ce soutien était offert, on considérait que c’était l’intervention la plus utile suivant la perte d’un être cher.

Le concept concernant l’extension des services de soutien par les pairs aux parents en deuil après la perte d’un militaire a été étudié par la direction du programme du SSVSO pendant plusieurs années. Les facteurs suivants sont les causes de l’impulsion donnée à cette initiative : Marley Léger, la veuve du sergent Marc Léger qui est mort en Afghanistan lors de l’incident de ‘tir ami’ en avril 2002 s’est adressée à la direction à propos du besoin d’un tel service, l’augmentation considérable du nombre de victimes en Afghanistan, l’engagement pris par le chef d’état-major de la défense et les autres leaders des Forces canadiennes de mieux s’occuper des gens endeuillés, et l’engagement d’ACC envers la nouvelle Charte des anciens combattants pour aider les vétérans des FC en des temps difficiles.

La direction du SSVSO a planifié, grâce à ses politiques, à ses procédures de référence, à son syllabus de formation et à ses politiques de gestion en place, l’expansion de cette composante des services de soutien par les pairs et donné une formation officielle de préposé au soutien par les pairs des personnes affligées à neuf bénévoles choisis soigneusement, en septembre 2006, à Ottawa. Un réseau de bénévoles est dorénavant disponible à travers le Canada pour offrir ses services aux familles endeuillées.

Les politiques intérimaires qui régissent cette nouvelle composante du programme de SSVSO sont concentrées, à ce stade-ci, sur le soutien par les pairs aux parents affligés des anciens combattants décédés.

Tous les pairs bénévoles sont des particuliers qui ont porté le deuil d’un membre des FC en service ou d’un ancien combattant. Leur rôle est d’offrir aux gens qui ont perdu un être cher des services de soutien par les pairs, en tant qu’intervention non clinique, par l’entremise d’une écoute active et d’empathie, et en encourageant les pairs à utiliser les ressources qui leur sont disponibles.

Les bénévoles du SSVSO ont déjà offert leur soutien à plusieurs familles, et les réactions de ces dernières concernant les services dont elles ont tiré parti étaient bonnes. Bien qu’il y ait une capacité limitée en ce moment-ci, le SSVSO va profiter des leçons apprises par le premier groupe de bénévoles pour s’agrandir.

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Ce qui suit est le témoignage d’une personne que le soutien du deuil par les pairs a aidée.

J’avais amené mes jeunes garçons à l’aéroport chercher mon mari qui revenait du Danemark, ce devait aussi être son dernier vol pour le United States Marine Corps. Nous étions presque à la fin d’une affectation de trois ans aux États-Unis et nous devions revenir bientôt au Canada. Mon mari était pilote de CF-18 et il revenait au pays faire office d’instructeur.

Un groupe de cinq avions volèrent au-dessus de nous, alors nous avons attendu que chacun d’entre eux roule devant nous et éteigne ses moteurs. J’essayais de voir lequel était celui de Derek. Le quatrième pilote vint me voir et me dit : “Crush est juste derrière moi Deanne, ne t’inquiète pas. Il sera ici bientôt”.

Ce n’est pas difficile de comprendre que quelque chose ne va pas quand on voit des véhicules d’urgence rouler à toute vitesse autour des voies de circulation et des hélicoptères qui volent à basse altitude. Il s’était écrasé à l’atterrissage. J’ai appris par la suite qu’il y avait eu une “erreur” lors de l’entretien du train d’atterrissage. Son commandant vint me voir alors que l’hélicoptère d’évacuation sanitaire volait au-dessus de nous et il me dit que son avion avait quitté la piste et s’était brisé, et que mon mari était dans un état critique. Il allait me conduire à l’hôpital pour que je puisse le voir. Je remis la poussette avec mon enfant de 10 mois, celui de deux ans et demi, et les clés de ma voiture à une des femmes qui se trouvaient à mes côtés et je lui dit que je devais m’en aller. Je suis simplement partie.

Je suis allée à l’hôpital pour tenir la main de mon mari et lui dire adieu. Je dois quand même admettre que durant tout le temps que j’étais à l’hôpital et même après le pronostic désespéré, je n’arrivais pas à croire qu’il allait vraiment mourir. Le dernier jour que ma vie me semblait normale […] le 28 juin 2004.

Quand les services commémoratifs furent terminés, ainsi que les plans temporaires concernant nos biens, j’emménageai chez mes parents à Winnipeg. Il s’agissait simplement d’un endroit transitoire pour nous. Comme je disais, nous avions prévu de déménager une semaine plus tard. Je me sentais perdue, déplacée. Je n’avais pas de foyer, pas d’unité militaire pour me soutenir et pas d’ami qui s’inquiète de moi. Et ce satané éléphant était encore assis sur ma poitrine. Je ne savais pas quoi faire pour le soulever afin de pouvoir respirer sans être obligée de faire des efforts à chaque aspiration. Une semaine après, mon officier désigné m’a mise en relation avec une veuve militaire qui vivait dans le même quartier que mes parents. Nous sommes allées prendre un café […] parlé et beaucoup pleuré. Ensuite nous nous sommes mises à marcher en parlant. Nous avons commencé une relation. Je pouvais lui demander n’importe quoi, des finances à la spiritualité, et aussi à propos de nos enfants ou de trouver l’amour à nouveau. Ce n’est pas que je cherchais, mais ça me donnait tant d’espoir de penser que ma vie pourrait un jour devenir satisfaisante.

Il y a d’autres veuves qui m’ont tendu les bras depuis les tout premiers jours. Il s’agit d’un soutien que personne d’autre ne pouvait m’offrir. Elles savaient ce que je ressentais, quels étaient les défis que je devais relever, et ce qui me faisait peur. Mes proches étaient affligés eux-mêmes. Il y en a qui ne pouvaient pas y toucher; ils me disaient que c’était le pire des cauchemars pour eux.

Je me mis à tendre les bras à d’autres personnes et, grâce à mon réseau personnel, j’ai été invitée à participer à la partie du SSVSO qui concerne le deuil. J’en suis très heureuse parce que c’est ce qui m’a aidé le plus à guérir. Merci à toutes les veuves passées et actuelles qui ont fait partie de ma vie. Je suis comme je suis grâce à votre compassion, votre patience, votre amour et votre humour! Vous m’avez permis de respirer à nouveau.

Deanne

À votre service est écrit par des agents des services du Bureau national des services.

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