Anniversaire sur la Crête

“Dans n’importe quelle histoire nationale il y a des moments et des endroits, des fois loin de chez soi, que, rétrospectivement, on peut voir comme des tournants fixes de l’histoire, des moments qui distinguent à jamais la nation dont il s’agit. Les gens qui recherchent les fondations de la distinction du Canada feraient bien de commencer ici, à Vimy.” –Sa Majesté la reine Elizabeth II

Exactement 90 ans après le jour légendaire où, durant la Première Guerre mondiale, 100 000 Canadiens se sont lancés à l’assaut de la crête de Vimy, la reine Elizabeth s’adressait à une foule de 20 000 citoyens canadiens et français sur ce champ de bataille consacré dans le Nord de la France.

Derrière elle, le monument national canadien qui venait d’être restauré brillait au soleil, en apparence aussi neuf qu’en 1936, quand son oncle, le roi Édouard VIII, le dédiait pour la première fois. Et devant elle se trouvaient 5 000 gosses d’école secondaire qui avaient fait le pèlerinage à Vimy pour les commémorations du 90e anniversaire.

La Légion royale canadienne était fortement représentée aussi, ses uniformes étant visibles parmi les membres de la délégation gouvernementale officielle ainsi que dans la foule.

Le prince Philip, le Premier ministre Stephen Harper et sa famille, le Premier ministre français Dominique de Villepin et son épouse, ainsi que deux anciens combattants canadiens, deux jeunes et deux aumôniers des Forces canadiennes (FC) étaient sur l’estrade avec la reine.

En ce beau jour printanier, le temps n’était pas du tout comme celui du 9 avril 1917. En ce temps-là, un jour de neige et de giboulée sur un terrain qui ressemblait à un paysage lunaire boueux, les quatre divisions du Corps canadien sont sorties des tunnels pour lancer une attaque stupéfiante contre les forces allemandes qui occupaient la crête depuis deux ans et demi. C’était la première fois que les quatre divisions se battaient ensemble et elles ont accompli ce que les forces françaises et britanniques n’avaient pas pu accomplir auparavant.

Ils ont pris la crête en quatre jours.

La reine a rendu hommage à la bravoure des Canadiens et aux 3 598 d’entre eux qui ont donné leur vie pour reconquérir ce terrain-là. “Je renouvelle la dédicace de ce mémorial, restauré de façon magnifique, à leur commémoration éternelle, à ceux qui ont perdu la vie récemment en Afghanistan, au Canada et à tous ceux qui sont prêts à servir la cause de la liberté.”

Ce que nombre de Canadiens dans la foule ne savaient pas, car ils n’étaient pas chez eux, c’est que six de leurs compatriotes étaient morts la veille en Afghanistan, à cause d’une bombe qui avait explosé au bord d’une route durant la semaine la plus meurtrière pour les FC depuis la guerre de Corée.

* * *

La veille au soir, au souper du dimanche de Pâques, Harper, la voix tremblante, apprenait la terrible nouvelle aux membres de la délégation officielle, laquelle comprenait le leader libéral adjoint Michael Ignatieff, le président de la Chambre des communes Peter Milliken, le grand président honoraire de la Légion royale canadienne Charles Belzile, le président national Jack Frost, les leaders de plusieurs autres organisations d’anciens combattants, plus de 30 anciens combattants et les personnes qui les ºaccompagnaient.

“Vous, nos anciens combattants, vous êtes la raison d’être de notre voyage”, disait Harper à ses auditeurs. “Lorsque vous étiez de jeunes Canadiens vous avez pris à coeur le fameux commandement du (lieutenant-)colonel John McCrae, et vous avez accepté l’oriflamme pour votre pays […]. Nous vivons toujours dans un monde dangereux. En tant que Premier ministre, ces jours-ci j’ai presque toujours l’Afghanistan à l’esprit, où une nouvelle génération de soldats canadiens portent l’oriflamme du (lieutenant-)colonel McCrae.” Il a ensuite parlé des six soldats qui avaient été tués. “Nous compatissons sincèrement avec les victimes et avec leur famille.”

Par la suite, le président national a parlé de cette dernière perte de soldats canadiens. “C’est une envergure différente (de celle de Vimy), proportionnellement, mais ils se battent pour les mêmes raisons”, dit Frost. “Ils se mettent dans la balance pour les mêmes raisons, pour la liberté et la démocratie, et pour les droits civils des peuples des nations opprimées.”

Le service et le sacrifice vont de pair et pour les nombreux Canadiens qui sont venus en France à l’occasion des commémorations du 90e anniversaire, ils passent d’une génération à l’autre. Parmi les officiels de la délégation, en plus des 300 membres et plus de la GRC et des FC qui formaient la garde d’honneur, il y avait des descendants de soldats canadiens qui se sont battus à Vimy. Leo John Donovan, l’arrière-grand-père de la gendarme de la GRC Tammy Ward de Fredericton, est un de ceux qui y ont survécu. Mais ce n’est pas le cas pour Frederick Joseph, l’arrière-grand-oncle du caporal Tim Belliveau de Chatham, son collègue néo-brunswickois.

Belliveau, en plus de servir dans la garde d’honneur, avait pour mission d’aller à la tombe de son arrière-grand-oncle. Aucun membre de sa famille n’y était allé avant lui.

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Le pèlerinage à Vimy allait être une affaire en coup de vent de cinq jours, pleine de joie et de tristesse. En plus de solenniser le 90e anniversaire de la bataille, les manifestations de Pâques allaient inclure une dédicace du mémorial, le chef-d’oeuvre du sculpteur torontois Walter Allward, et l’enterrement d’un soldat de la Première Guerre mondiale dont les restes ont été trouvés en 2003; le simple soldat Herbert Peterson de Berry Creek (Alb.) est la première victime de la Grande Guerre identifiée grâce à des tests d’ADN. La ville d’Arras aussi allait rendre un hommage spécial aux FC.

Anciens combattants Canada avait supervisé la restauration du Monument commémoratif du Canada à Vimy, au coût de 20 millions de dollars, avec l’aide de plusieurs ministères fédéraux, dont Travaux publics et Services gouvernementaux Canada. À ce moment-ci, le ministre des Anciens combattants, Greg Thompson, était à la tête du pèlerinage.

Le contingent au complet s’était assemblé à Ottawa, le jeudi 5 avril et débuté son voyage au Musée canadien de la guerre. Là, Thompson, le PDG du musée Joe Geurts et le PDG de la Monnaie royale canadienne Ian E. Bennett ont dévoilé une pièce commémorative en l’honneur de Vimy.

Thompson dit qu’ils allaient offrir la pièce aux deux derniers survivants de la Grande Guerre reconnus, Percy Dwight Wilson et John Babcock, qui tous deux ont plus de 105 ans. Il dit que “ce voyage-ci, plus que tout autre, est pour nos anciens combattants. Il s’agit de rendre un hommage solennel aux plus de 600 000 Canadiens ordinaires qui ont fait des choses extraordinaires pour notre pays”.

Au dîner qui s’ensuivit, il y avait un ancien combattant des plus alertes qui avait vraiment hâte de monter à bord de l’Airbus des FC pour se rendre à Lille (France). “J’ai l’impression que je rêve”, dit Thyra Read, une infirmière de la Deuxième Guerre mondiale, âgée de 89 ans, qui se rappelle que le récipiendaire de la Croix de Victoria, Fred Tilston, a été un de ses patients en Angleterre. Cette résidente de Winnipeg se rappelle aussi affectueusement de (feu) son premier mari qu’elle a rencontré à un bal des officiers, au Canada, juste avant qu’ils partent tous deux outre-mer. Trente ans plus tard, durant ses vacances, le couple a passé une journée à la crête de Vimy. “Mon mari s’intéressait beaucoup à l’histoire. C’est pour ça que j’aurais tellement aimé qu’il soit encore en vie pour voir ceci.” Son fils et sa bru se sont aussi rendus en France pour l’écouter lire l’Acte du Souvenir en présence de la reine.

* * *

Sur le mémorial de Vimy se trouvent les noms de quelque 11 285 soldats canadiens qui ont été portés “disparus, présumés morts” en France durant la Première Guerre mondiale. Un de ces particuliers, bien entendu, ne manque plus à l’appel. Près de 90 ans après sa mort au combat, à l’âge de 22 ans, et quatre ans après que ses restes aient été retrouvés, le simple soldat Herbert Peterson allait enfin reposer.

“En 2003, des travailleurs qui creusaient une tranchée pour une pipeline à gaz près d’Avion (France) ont trouvé les restes entremêlés de deux humains. Bien qu’il n’y eut pas grand-chose qui serve à les identifier, les fragments qui restaient ont permis de savoir qu’il s’agissait de Canadiens.

La découverte de restes sous la terre n’a rien d’étonnant dans un pays qui a si souvent été ravagé par la guerre. Comme d’habitude, on a alerté les autorités et la Commission des sépultures de guerre du Commonwealth, qui s’occupe des cas semblables, l’a rapporté au ministère de la Défense nationale.

L’historien du MDN Ken Reynolds s’est alors mis à l’oeuvre pour établir la liste des particuliers qui ont été portés disparus dans cette région-là. “Nous comptons toujours sur les artefacts qu’on trouve sur place”, dit-il. “Dans ce cas-ci, il y avait quatre boutons et un insigne de col du 49e Bataillon, un insigne très distinctif.” Ensuite, il s’agissait de déterminer si l’unité avait bien été près de l’endroit où les restes ont été retrouvés, et combien de fois. “La seule fois où le bataillon a été dans cette région, c’était le 9 juin (1917) à l’occasion d’un raid de tranchées, durant lequel il y a eu 36 victimes, dont 16 n’avaient pas été recouvrées.”

Il allait falloir près de quatre ans de recherches généalogiques et d’analyses d’ADN ultrasophistiquées pour identifier Peterson; une grande partie a été prise par les efforts de douzaines de généalogistes, de scientifiques et d’historiens du MDN bénévoles. De dire la généalogiste Janet Roy de Thunder Bay (Ont.) : “Mon travail était d’échafauder les arbres généalogiques de chacun des 16 soldats ‘disparus au combat’.” À partir de là, elle a dû identifier des donneurs d’ADN appropriés.

Quand Roy a pris contact avec les familles, elle ne pouvait pas leur donner de détail sur le projet, mais elle les allécha en mentionnant le nom de leur parent. Tous les membres des familles qu’elle a rejoints ont accepté qu’on prélève leur ADN, grâce à un simple frottement de la joue avec un coton-tige, pour identifier les restes.

Le Dr Carney Matheson, chef des recherches médico-légales au laboratoire Paléo-ADN de l’Université Lakehead à Thunder Bay (Ont.), a alors pris la relève. Le labo est un leader mondial dans l’identification d’échantillons d’ADN qui sont grandement dégradés et donc difficiles à analyser. Matheson et un de ses collègues ont obtenu de l’ADN provenant de dents et d’un échantillon d’os prélevé dans les restes du soldat. “Il faut s’assurer que le crâne et le corps soient associés”, dit-il.

Ensuite, les scientifiques ont analysé l’ADN des familles donneuses, en se servant de l’ADN mitochondrial (transmis de la mère aux enfants) et de l’ADN du chromosome Y (transmis du père à ses fils). “Des fois, nous n’avons pas pu trouver de donneur d’ADN paternel, des fois, nous n’avons pas pu trouver de donneur d’ADN maternel. Quand on a deux lignées d’ADN, elles se renforcent l’une l’autre et ça sert à identifier les restes”, dit Matheson. “Dans le cas du soldat Peterson, nous n’avions que de l’ADN de chromosome Y, mais heureusement que c’est le plus fiable des deux quand il s’agit d’identification. L’échantillon d’ADN provenait d’Herbert Peterson, qui avait été baptisé en l’honneur de son oncle tombé.

Matheson et ses collaborateurs ont institué un Centre for Missing soldiers’ Identification (centre d’identification de soldats disparus), www.cmi-canada.org et ils ont pour objectif d’identifier les restes de tous les soldats canadiens des conflits militaires passés qu’on aura recouvré. Ils sont à la recherche d’échantillons d’ADN pour rendre l’identification plus rapide et plus facile.

Quant à la commémoration du soldat Peterson, bien qu’il ne soit plus porté disparu, son nom va rester au mémorial de Vimy. Julian Smith, l’architecte canadien qui était impliqué dans le projet de restauration des mémoriaux de champs de bataille canadiens, remarque qu’il y a eu un débat à savoir si l’on devait même enlever tous les panneaux de noms en calcaire du mémorial pour les refaire. Toutefois, seules les sections illisibles ont fini par être remplacées. “On décida que le seul vrai changement serait d’ajouter les noms qui manquaient parce qu’il s’agissait d’un dossier historique.”

* * *

Un samedi matin ensoleillé, les descendants du simple soldat Herbert Peterson ont réglé une cérémonie funéraire privée en son honneur, à la chapelle St-Louis d’Arras. Le ministre d’Anciens combattants Canada Thompson, le chef d’état-major de la défense, le général Rick Hillier, l’ancienne Gouverneure générale Adrienne Clarkson et son mari John Ralston Saul, ainsi que d’autres gens, se sont joint à eux.

Par la suite, la délégation officielle et une foule de citoyens locaux, ainsi que des Canadiens en visite, se sont assemblés au cimetière militaire de La Chaudière. L’humeur était solennelle quand la Marche funéraire de Chopin, jouée gravement par la musique des FC, est devenue audible. Ensuite, le cercueil de Peterson, recouvert d’un drapeau, est apparu, porté lentement et prudemment jusqu’au cimetière par huit membres du Loyal Edmonton Regiment. Peterson fut inhumé avec tous les honneurs militaires devant sa famille qui observait.

Herbert Peterson, qui a reçu le drapeau qui avait recouvert la bière de son oncle, était décontenancé à cause de ses émotions et de la couverture médiatique. “Je ne sais pas quoi dire”, dit-il doucement. “Un gros mélange d’émotions…” Son fils, Kevin, se disait reconnaissant de la cérémonie et de l’occasion de participer au pèlerinage historique à Vimy. “C’est fantastique de voir tout ceci s’agréger. Il y a trois ou quatre semaines, rien ne nous indiquait que tout ceci allait arriver.”

Sa tante Doreen Bargholz, membre des dames auxiliaires de la filiale Summerland (C.-B.) depuis longtemps, a beaucoup pleuré, mais elle dit quand même “nous sommes très heureux d’obtenir une conclusion pour mon oncle. Mon père parlait beaucoup de lui. Ils étaient très liés.”

Son mari, Douglas, un vétéran de la Seconde Guerre mondiale qui a passé quatre ans outre-mer en tant que mécanicien dans l’Aviation royale du Canada, s’émerveillait “que tous ces gens soient venus”.

Une des personnes de l’assistance les plus dévouées, Germaine Dupayage, qui a vécu à Vimy toute sa vie, nous a montré des photos du rapatriement par des Canadiens du Soldat inconnu qui a eu lieu en 2000. “J’en ai des larmes aux yeux”, disait-elle après. Son père, qui avait été pris en otage à Verdun, en 1916, a été prisonnier de guerre en Allemagne pendant deux ans. Vimy a été démolie durant la Première Guerre mondiale, alors quand ses parents sont arrivés dans la région, en 1922, ils ont vécu pendant un certain temps dans un camp de fortune. Dupayage dit beaucoup aimer le Canada, un sentiment qui a été renforcé quand elle a traversé l’Atlantique pour le visiter. “J’ai toujours voulu y retourner.”

Ce même jour-là, les citoyens de Givenchy-en-Gohelle et de Thélus ont montré leur reconnaissance en baptisant une place et une rue, respectivement, en l’honneur des Canadiens. Dans la première ville, il s’agit de la place des Byng boys, en hommage aux soldats qui ont servi sous le commandant canadien sir Julian Byng à la crête de Vimy et, dans la seconde, de la rue des Artilleurs canadiens.

“Il arrive qu’on lise des choses sur la reconnaissance du peuple français pour le militaire, mais (on ne peut pas vraiment savoir) à moins d’y aller en personne”, disait l’agent de la GRC Belliveau par la suite. “Quand il y a des gens âgés qui vous approchent, les larmes aux yeux et quand on marche le long des mêmes rues où nos soldats ont marché, c’est une bonne leçon d’humilité.”

La visite à la tombe de son arrière-grand-oncle aussi l’a marqué. “Mon père a été baptisé en son honneur, alors c’était très étrange de voir ça.” Bien que la tombe elle-même fut “très paisible”, dit-il, “on ressent toutes sortes d’émotions quand on voit ce que le militaire a enduré. C’est difficile à comprendre.”

Ce soir-là, au coucher du soleil, le contingent des FC a réglé une cérémonie inoubliable au monument de Vimy. Le groupe de 300 personnes qui comprenait la musique des FC, des troupes de la marine, de l’artillerie et d’autres qui représentaient les quatre divisions qui se sont battues à Vimy, ont défilé au soleil couchant, à partir de l’entrée des tunnels du champ de bataille jusqu’au monument. Là, une foule immense a assisté à un spectacle de musique et de manoeuvres militaires, dont la cérémonie des couleurs et sonnerie au drapeau. Chandelle en main, une longue procession de gens a défilé jusqu’au monument, où Thompson a dévoilé le nouveau concept lumineux du mémorial.

Debout devant les statues illuminées d’Allward, Isabelle Doré dit que sa famille et elle assistaient à toutes les manifestations à Vimy parce que “c’est notre coin du monde et nous n’aurons jamais l’occasion de revoir un événement comme celui-ci. C’est un souvenir et c’est aussi un remerciement.” À propos du fait que la France ait octroyé le champ de bataille au Canada, elle dit “nous sommes sur le sol canadien, alors c’est comme si nous étions en voyage”.

* * *

Le dimanche de Pâques a commencé par un service oecuménique auquel ont assisté Harper et la délégation. Ensuite, il y a eu une fanfare quand les citoyens d’Arras et des centaines de visiteurs étrangers se sont assemblés à la place des Héros pour observer la cérémonie du droit de cité aux FC.

Avant de laisser les membres des FC passer par une porte symbolique devant la mairie d’Arras, le maire Jean-Marie Vanlerenberghe déclarait à ses concitoyens : “Votre présence en si grand nombre est un hommage au pays qui a défendu notre ville […]. Je suggère que nous offrions tous ensemble le droit au Canada d’entrer dans la ville, en remerciement et en hommage à ces anciens combattants qui se sont sacrifiés pour protéger la ville d’Arras et la crête de Vimy il y a 90 ans. Depuis lors, il y a un morceau du Canada dans notre pays, ainsi que dans notre coeur.”

Hillier avait un grand sourire aux lèvres après que ses troupes aient défilé par la porte. “Ici, avec tous ces soldats, ces marins, ces aviateurs, ces agents de la GRC, ces anciens combattants et ces jeunes venus de partout au Canada, on se sent fier d’être Canadien. Cela permet de réaliser les grandes choses sur lesquelles notre pays est fondé […].

Un pays ne se construit pas au hasard, et il faut toujours des hommes et des femmes sous les drapeaux.”

De dire John Colton, un membre de la filiale Sherbrooke (Qc) qui a été pilote de chasse durant la Seconde Guerre mondiale : “je n’avais jamais vu (un défilé) comme celui-ci. C’était fantastique.” Il a rendu hommage à ceux qui l’ont précédé. “Nous sommes une bande de frères et nous n’oublions jamais.”

Par la suite, la joie a fait place à la tristesse quand la nouvelle des six morts en Afghanistan s’est propagée.

* * *

C’est avec des émotions mixtes que la délégation s’est présentée au monument de Vimy le lundi de Pâques. Tom Eagle, président des Northwest Territories/ Nunavut Aboriginal Veterans Associations et membre actif de la Légion, a participé à une cérémonie, à l’aube, devant le monument. “Ce matin, nous honorons nos guerriers tombés”, dit-il. “J’ai prié pour nos soldats en Afghanistan et dans d’autres parties de ce monde troublé.”

À 10 heures, le monument était très achalandé. Des groupes d’élèves d’école secondaire étaient occupés à prendre des photos avec leurs appareils photos numériques alors que les légionnaires comme Jack Moxam de Pender Island (C.-B.) et Ewart Wannamaker de Bancroft (Ont.) bavardaient avec des membres de la garde d’honneur. La technicienne dentaire des FC Kathy Trotter écoutait le vétéran de la Seconde Guerre mondiale Wannamaker raconter ses souvenirs du temps où il a débarqué en France avec l’unité de service, et elle lui répondit “quand je serai dans le défilé aujourd’hui, je penserai à vous”.

De dire Michael Ignatieff, aux tentes d’activités montées à quelques pas de là, “l’histoire, c’est la foule, le nombre de Canadiens. D’après moi, cela va ancrer le 90e anniversaire dans notre histoire d’une manière que personne n’avait exactement prévue.”

Vu l’arrivée imminente de la reine, de Harper et de de Villepin, il était interdit d’aller au monument à partir de 11 heures. Pendant les quelques heures qu’il a fallu au personnel de la sécurité pour passer au crible des milliers de visiteurs, les élèves canadiens et les amuseurs rendaient hommage aux soldats de la Première Guerre mondiale grâce à des poèmes, des discours et des chansons.

Pour honorer davantage ceux qui se sont battus sous le Red Ensign, l’ancien drapeau du Canada avait été déployé à côté de la feuille d’érable.

Les divers éléments de la manifestation du lundi de Pâques ont traduit les émotions du jour. Il y avait les 5 000 jeunes Canadiens qui agitaient un drapeau, le grondement des chasseurs à réaction français volant au-dessus d’une foule ébahie et la descente en parachute triomphale de deux membres de l’Équipe de parachutistes des Forces canadiennes vers le mémorial où flottaient le drapeau du Canada et celui de la France.

Il y avait aussi une réflexion tranquille où coulaient des larmes, surtout durant la dernière sonnerie. Quand la Métisse adolescente Sierra Noble est montée sur le monument jouer sa Complainte du guerrier, le son tendre et doux-amer de son violon a plané au-dessus du champ de bataille.

La reine, Harper et de Villepin ont fait des discours qui venaient du fond du coeur et qui étaient parfaitement articulés, le Premier ministre français proclamant “sur ce sol artois qui a tant souffert et où nos alliés ont été nos libérateurs, la France dit merci au Canada”.

De déclarer Harper : “nous Canadiens, ici aujourd’hui, sommes bien loin de chez nous, mais il n’y a pas d’endroit sur Terre où nous nous sentions davantage Canadiens, car nous ressentons tout autour de nous la présence de nos ancêtres”.

Lorsque la reine s’apprêtait à saluer les anciens combattants parmi la foule, le soleil a percé les nuages et fait briller le monument.

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