En guerre contre le Musée de la guerre

Cela a commencé il y a un an, lors d’une petite dispute en arrière-scène. Les négociations n’ont pas réussi à résoudre le problème. Maintenant, en cette période du souvenir, c’est devenu public.

Une offensive a été déclenchée par des vétérans de l’aviation de la Seconde Guerre mondiale. Au début, leur message a été signalé par le Mayday Committee présidé par Don Elliott de Cheltenham (Ont.), un leader du combat contre les déformations dans la série télévisée La bravoure et le mépris il y a à peine plus de dix ans.

Cette fois-ci, l’objectif des anciens combattants était le Musée canadien de la guerre à Ottawa. Leur cible précise est la galerie 3 du musée, à propos du Bomber Command de la Seconde Guerre mondiale.

Mayday, bien sûr, est un appel au secours reconnu à travers le monde. Beaucoup de groupes et un certain nombre de particuliers ont répondu à l’appel. Parmi eux se trouvent la Direction nationale de la Légion royale canadienne, l’Aircrew Association of Canada, l’Association des Forces aériennes du Canada, la Bomber Command Association, la Halifax Aircraft Association, la RCAF Prisoners of War Association, l’Association des pilotes et observateurs de temps de guerre, le Conseil national des associations d’anciens combattants et les Anciens combattants de l’armée, de la marine et des forces aériennes au Canada.

Ils croient que l’exposition sur le Bomber Command “dénigre le caractère de ceux qui ont servi dans le Bomber Command”. Ils se concentrent particulièrement sur un tableau d’affichage intitulé UNE CONTROVERSE QUI PERSISTE et qui a comme sous-titre Le bombardement stratégique.

On y lit ce qui suit : “Les bombardements massifs de l’Allemagne causèrent de grandes destructions et d’immenses pertes de vies humaines. Le bien fondé et la moralité de l’offensive de bombardement stratégique contre l’Allemagne demeurent vivement contestés. L’objectif du Bomber Command était de saper le moral des civils allemands en détruisant les villes et les installations industrielles. Même si les attaques du Bomber Command et des forces américaines tuèrent 600 000 Allemands et en laissèrent 5 millions d’autres sans-abris, ils détruisirent à peine la production de guerre allemande avant la fin de la guerre.”

Les images empirent l’angoisse des anciens combattants. Il y en a une, intitulée Victimes civiles, où l’on voit une rue jonchée de corps de citoyens allemands. Une autre, intitulée Dommages collatéraux, en est une de la destruction d’une ville.

Alors que le musée de la guerre a fait certaines modifications, les anciens combattants aviateurs ne sont pas satisfaits, alors la Direction nationale a essayé d’organiser une autre réunion dans le but d’arriver à un compromis. Malheureusement, les gens du musée de la guerre ont refusé, disant que, vu qu’il n’y aurait pas d’autre changement aux expositions, il était inutile de se rencontrer.

Alors, que se passe-t-il vraiment ici?

D’abord, les dirigeants du nouveau musée canadien de la guerre qui a ouvert avec tant de fanfare en mai 2005, quand ils planifiaient les expositions, étaient surtout intéressés à toucher les Canadiens les plus jeunes, dont un bon nombre ignoraient les efforts du Canada à la guerre et ne connaissaient guère notre histoire militaire, à part, grosso-modo, le maintien de la paix, notre image publique la plus connue depuis la Seconde Guerre mondiale. La décision, prise avec lucidité, a été d’insister sur le contenu visuel, y compris les objets fabriqués et les images agrandies au détriment des explications détaillées. Le musée qui en résulte a été très applaudi. Il a servi à conscientiser les Canadiens sur leur histoire militaire. C’est une bonne chose.

Toutefois, en agissant ainsi, il y a risque de schématisme. On peut soutenir que les faits qui se trouvent dans l’affiche conflictuelle n’ont rien d’erroné. Toutefois, ils sont iniques. Les aspects positifs et les sacrifices extraordinaires de la campagne de bombardement ne sont pas reconnus convenablement. Il y a encore beaucoup à dire et à dépeindre. Par exemple, il n’y a pas de description ou d’image équivalentes concernant la tentative par les Allemands de bombarder la Grande-Bretagne jusqu’à ce qu’elle se soumette, ce qui a précédé l’offensive de bombardement alliée. En réalité, un côté et puis l’autre, ont employé la nouvelle technologie des bombardiers à long rayon d’action portant une charge importante pour cibler le territoire ennemi afin de détruire la volonté de l’autre côté de continuer à faire la guerre.

L’efficacité de la campagne du Bomber Command n’était pas sans critique en ce temps-là, mais c’était le meilleur moyen qu’on avait à sa disposition pour faire la guerre à l’ennemi directement. Cela a servi à détourner d’importantes ressources allemandes vers le service anti-aérien et réduire la production industrielle.

Il n’était pas question de moralité en ce temps-là, durant la campagne de bombardement. On se souciait plutôt du grand nombre de pertes : au bout du compte, 55 000 membres d’équipage alliés, dont presque 10 000 canadiens, ont perdu la vie. En fait, la campagne était une réponse naturelle à l’Allemagne nazie, en utilisant les meilleurs moyens qu’on avait à sa disposition.

Sous la bannière de la liberté académique, les historiens du musée de la guerre se sont servi des normes morales actuelles et critiqué une génération précédente dont les efforts ont servi à préserver notre société libre. Ce faisant, le musée de la guerre a agi d’une manière si insensible et blessante que nombre de vétérans de l’aviation croient que leurs camarades tombés au champ d’honneur se font montrer d’un doigt accusateur comme étant immoraux, même criminels, par une institution du gouvernement même qui les a envoyés à ces missions éprouvantes.

Le point de vue est le même à la Légion, que ce que le musée a fait est malséant. Son intransigeance en ce qui concerne les soucis légitimes des anciens combattants est affligeante. La suggestion de la coalition, que les anciens combattants et le public devraient protester en n’allant pas au musée et en restreignant les dons, a beaucoup de mérite et la Légion est d’accord. Vous pouvez aussi donner votre opinion en écrivant au : Directeur général, Musée canadien de la guerre, 1, place Vimy, Ottawa (Ont.) K1R 1C2.

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